Dublin - Jour 2 - Partie 1 - Les portes du pénitencier

C'est une belle journée qui commence à Dublin... Les groupes d'étudiants américains qui monopolisaient l'auberge ne sont pas encore réveillés, et s'il y a quelques nuages à l'horizon le ciel promet d'être clément. Mais bon voilà, cette belle journée nous allons la commencer... en prison!


Après le petit déjeuner, je commence ma marche journalière en traversant le Ha'penny Bridge, et le mendiant qui y a élu domicile. Sur un bâtiment, une plaque commémore la grève des lavandières de Dublin en 1950 qui réclamaient 2 semaines de congés payés et les ont obtenues...


Temple bar semble beaucoup plus calme le matin que le soir, vous ne trouvez pas? L'occasion de mieux admirer les devantures de ses pubs légendaires...


Pour aller vers ma première visite officielle de la journée, j'avais prévu de prendre le bus. Et je me mets donc à la recherche de l'arrêt, sur Ashton's quay. Mais en croisant quelques touristes, me voilà inspiré pour tenter d'y aller à pied. Je sais que je ne devrais pas, c'est quand même assez loin là où je vais: y'en a au moins pour 1h de marche!


Bon, me voilà parti pour une journée fatigante. Mais sur le chemin, quelques rafraîchissements sont prévus : l'immense usine Guinness, avec comme emblème la lyre traditionnelle irlandaise. Bon, je ne bois pas de bière j'aime pas ça... ça empêche pas de se cultiver un peu!
La bière Guinness est ce que l'on appelle une stout: faite à base de grains de malt torréfiés, elle est devenue très populaire parmi les gens du peuple de Dublin jusqu'à devenir la boisson nationale. "Stout", ça veut dire force et fierté en ancien anglais.


Nous voilà enfin arrivés à destination: les portes de la prison de Kilmainham Gaol.
Ça peut paraître une drôle d'idée de visiter une ancienne prison, mais c'est une visite que je ne regrette pas et je vous la conseille si vous passez par Dublin.


Les visites sont obligatoirement guidées(en anglais), et tant mieux car cela permet d'en apprendre un peu plus sur les nombreuses histoires qui se sont passées ici. En attendant le début de la visite, il y a une petite exposition sur le bâtiment et certains aspects de la vie ici. Il y a notamment un petit sondage fait parmi les visiteurs: êtes vous pour ou contre la peine de mort? Bin c'est quand même assez partagé...


Nous sommes guidés par une petite dame assez sympathique, pleine d'anecdotes, et qui avouera à la fin de la visite être à une semaine de la retraite.
La prison est surtout célèbre pour avoir accueilli les principaux révolutionnaires irlandais, devenus depuis des héros nationaux. Notamment les leaders du soulèvement de Pâques de 1916. Pensant que les armées britanniques étaient trop occupées par la guerre, les indépendantistes irlandais ont pris d'assaut certains bâtiments importants de Dublin. Finalement réprimés, les principaux chefs furent incarcérés et exécutés dans cette prison. Loin de calmer le jeu, ces événements ravivèrent l'esprit de révolte du peuple irlandais qui rejoignit en masse les rangs des indépendantistes. 
C'est dans la chapelle de la prison qu'eut lieu un événement assez émouvant: le seul mariage qui y fut jamais célébré fut en 1916 celui de Joseph et Grace Plunket, deux activistes irlandais. Mais celui ci n'eut lieu que quelques heures avant l'exécution de Joseph. Les époux n'eurent droit qu'à 10 minutes de proximité pour se dire adieu après l'office, et encore sous la surveillance de 2 gardiens  qui décomptaient chaque minute à voix haute. Je n'ose imaginer les 10 minutes de déchirement que cela a dû être...


La visite continue avec les couloirs exigus et les minuscules cellules lugubres et humides. La prison a été construite en 1792 et devait être un exemple de modernité pour l'époque: pour la première fois les détenus avaient des chambres séparées. L'architecte avait calculé de construire l'édifice sur une colline et de mettre plusieurs fenêtres non vitrées pour permettre à l'air de circuler: l'air frais était synonyme de bonne santé! Mais bon quand on connait le vent glacial de l'Irlande, on pense que c'est autre chose que la santé qu'il a apporté le vent...


D'autres aspects de la vie de cette prison sont encore plus surprenants: durant la grande famine, c'était des familles entières (femmes et enfants) qui se faisaient arrêter pour de petits larcins et se retrouvaient dans les cellules de Kilmainham, alors surpeuplées. C'était en effet l'un des seuls endroits où on pouvait être assuré d'avoir un repas pas jour.


Nous voilà devant le mirador où étaient emprisonnés les 7 activistes du soulèvement de 1916. Toutes leurs cellules étaient en face les unes des autres. Ils furent presque tous fusillés (seule les femmes furent épargnées). A ce propos seuls les prisonniers politiques étaient exécutés par fusillade, les autres condamnés à mort étaient tout bonnement pendus. Tout le monde n'est pas égal devant la mort...


Plus loin, un autre aspect de cette prison qui montre que chaque prisonnier n'était pas non plus soumis au même traitement. Cette cellule était réservée aux prisonniers de marque, ceux qui étaient nobles notamment. Leur pièce était aménagée, ils avaient bien sûr leurs gardes attitrés et pouvaient recevoir des visiteurs. La guide a même parlé d'un prisonnier, Lord anglais et homme politique,  et qui pendant sa détention fut autorisé à se rendre en France pour assister aux obsèques d'un de ses amis. En tout bon gentleman, il n'en profita pas pour s'enfuir...


Nous voilà arrivés dans la cour intérieure, célèbre par son architecture unique avec ses escaliers en fer forgé. Elle a été beaucoup utilisée dans un certain nombre de film: Au nom du père, Le vent se lève, Michael Collins... 
La prison a fermé dans les années 30 et fut réouverte en tant que musée dans les années 60. A sa fermeture il n'y avait plus que 2 prisonniers, et par un pur hasard l'un était catholique et l'autre protestant. Et ce fut l'un de ces 2 prisonniers qui était encore en vie qui vint inaugurer l'ouverture du musée.


Un petit coup d’œil à travers l’œilleton de la cellule de Grace Gifford Plunket, dans laquelle elle avait dessiné elle même une image de la vierge Marie... 


Dernier arrêt de notre visite en cette funeste demeure, la cour où avaient lieu les exécutions, avec ce fameux mur où l'on peut encore apercevoir les traces des balles. 
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi j'ai trouvé cette visite vraiment exceptionnelle.


Et maintenant nous allons... sortir de prison. Mais avant, un petit tour au café de celle ci pour déjeuner: il est déjà midi. Une bonne quiche et un 'chocolate éclair' à la chantilly! Si j'avais su qu'on mangeait si bien en prison...
Me voilà donc libre, prêt pour une balade sous le soleil...
En face de l'entrée de Kilmainham, il y a cette fausse tour médiévale qui marque l'entrée du parc où se trouve le musée d'Art moderne. Ce n'est pas dans mes intentions de le visiter, mais nous allons quand même le traverser si vous le voulez bien...


Le musée se trouve dans l'ancien hôpital royal qui date de 1684. Il y a un très beau jardin à la française et le parc est parsemé d’œuvres d'art, dont celle qui suit, de Bernar Venet. Bon le nom de ce gars ne vous parle peut être pas mais à moi oui: internationalement connu pour ses sculptures représentant des arcs géométriques, il est né à quelque kilomètres de chez mes parents... son frère était le boucher de mon village!


Bon, c'est tout pour aujourd'hui! Je vous raconterais la suite de cette journée (qui sera très belle, vous verrez) la prochaine fois. Mais avant de nous quitter, un nouveau conseil de nos amis irlandais: "Ach Amhàin Madraì Treorach Except Guide Dogs".
A bon entendeur, salut!


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Balade:
 

Temple bar:

 

En route:

 

Usine Guinness:

 

Prison:
 

Musée d'art moderne:


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