Prague - Jour 1 - Partie 2 - Suivez le guide

Il est donc temps de rejoindre notre lieu de rendez-vous pour la visite guidée de Rezki: devant la boutique Cartier de la place de la vieille ville.


C'est bien simple, il y a déjà 5 à 6 groupes de visites guidées différentes qui sont en train de se réunir ici, chacun sous un parapluie de ralliement différent: il y a le free tour en anglais, le free tour en espagnol... et le notre, qui n'est pas 'free' mais n'est pas si cher que ça.


Rezki commence ses explications, et il parle vite... très vite... et il file aussi très vite! C'est qu'il y a tellement de choses à découvrir! Et moi, toujours le nez en l'air pour prendre une photo par ci par là, je manquerais à deux ou trois reprises de perdre le groupe, et je dois dire que je zapperais aussi quelques unes de ses anecdotes.


La ville de Prague est la réunion de plusieurs différentes localités, encore distinctes aujourd'hui: il y a le quartier du château de l'autre côté du fleuve, Stare Mesto où nous nous trouvons, et Nove Mesto (la nouvelle ville) mais aussi plein d'autres quartiers annexés au fur et à mesure.
La légende dit que ce fut la reine Ludmila qui au Xème siècle fit un rêve divinatoire dans lequel un château était construit sur une colline où un homme avait posé le seuil de sa maison: en Tchèque, Praha veut dire 'seuil'.


Commençons notre visite en nous dirigeant vers la tour de l'horloge, qui - heureuse coïncidence -se met à nouveau à sonner. Il est pourtant bien 11h10... peut être qu'en raison de la forte affluence de touristes, ils la font sonner plus souvent?


Rezki nous explique alors de long en large comment il faut lire l'horloge, la signification des différentes aiguilles, les cadrans...


Les heures sont écrites de trois manières différentes: dans l'ancien alphabet de Constantinople (à l'extérieur du cadran) , en chiffres romains (à l'intérieur) puis au centre en chiffres gothique allemands, avec la particularité que c'est un cadran de 24h et pas de 12h.
On peut également y lire les cycles lunaires et solaires...


Le cadran d'en bas est dédié à l'almanach, avec la date et le saint du jour.
La plupart des pièces sont d'origine, et ce fut une véritable prouesse pour l'époque. D'ailleurs on raconte que l'on creva les yeux de l'horloger une fois son travail achevé pour éviter qu'il ne refasse un tel chef d'oeuvre (je crois que je l'ai déjà racontée cette histoire). On dit aussi qu'après avoir été rendu aveugle, il tenta de poursuivre ses agresseurs dans les escaliers de la tour et que ceux-ci l'auraient finalement défenestré. Ce fut le début de la grande tradition des défenestrations dont nous parlerons plus tard...


Nous retournons sur la place de l'hôtel de ville, en essayant de trouver un endroit un peu éloigné de la foule (difficile). Rezki veut aborder maintenant l'histoire de Jan Hus, réformateur religieux qui, longtemps avant les protestants, s'est opposé aux lois trop rigides de l'église: il voulait que la messe soit dite en tchèque et que les ecclésiastiques renoncent à leurs privilèges pour se rapprocher du peuple. Il serait à l'origine de l’alphabet tchèque car en voulant traduire la bible en tchèque il chercha un moyen de réduire le nombre de pages et pour cela il créa de nouvelles lettres. Par exemple le son "tch" s'écrit " č ".
Il eut un certain nombre de disciples à Prague, dont certains furent persécutés. D'ailleurs les croix blanches au sol désignent le lieu d'exécution de fidèles qui furent martyrisés ici.



La partie de la ville qui entoure l'hôtel de ville fut érigée par les riches bourgeois (allemands pour la plupart) qui ne pouvaient pas s'installer de l'autre côté du fleuve, à côté du château qui était réservé aux nobles.
Petit à petit les maisons devinrent de plus en plus élégantes et imposantes, et l'on construisit l'hôtel de ville au milieu, qui lui aussi fut remanié au cours des différentes époques.


Le guide nous explique aussi comment la couronne a été jumelée avec celle du Luxembourg alors que la Reine, veuve et sans héritier, avait accepté d'épouser le roi du Luxembourg. Le mariage eut lieu sur la place de la vieille ville dans cette bâtisse juste en face, dite 'maison à la cloche de pierre' à cause de la sculpture qui orne l'un de ses coins.


La cathédrale de Notre Dame du Tyn aurait été construite en fait après les maisons qui lui gâchent la vue. Drôle d'idée...



Mais revenons à l'hôtel de ville, où ce serait en fait bien là qu'aurait eu lieu la première défenestration de Prague. Des adeptes de Jan Hus, mécontents des misères qui leur étaient faites, seraient montés dans les bureaux des conseillers municipaux pour leur régler leur compte en les jetant par la fenêtre.
Ce fut le début de la guerre de 30 ans qui opposa catholiques et protestants.
La défenestration, c'est une tradition ici. Cela se répéta quelques années plus tard mais cette fois-ci au château de Prague, où des citoyens mécontents défenestrèrent des conseillers du roi, qui eurent plus de chance cette fois-ci car ils atterrirent sur un tas de fumier.



Nous quittons maintenant la place de la vieille ville pour nous diriger vers le Théâtre des états avec juste à côté l'ancienne université. Mozart aurait joué dans ce théâtre pendant les années où il a vécu à Prague.


C'est un quartier très touristique ici, et les boutiques de souvenirs abondent, avec bien sûr comme star incontesté le cristal de Bohême, fabriqué dans le pays depuis le XVIIIème siècle.


Voici la rue de l'ancien marché, où les bouchers et maraîchers ont définitivement laissé la place aux étals de souvenirs pour touristes...



On pourrait acheter ici des marionnettes, des boules de Noël... ou pourquoi pas une peluche représentant la petite taupe, le personnage du dessin animé de notre enfance (tchèque elle aussi)?





C'est officiel: nous avons quitté (en à peine quelques pas) la vieille ville et nous sommes dans Nove Mesto, la nouvelle ville.
Ici, les bâtiments sont plus hauts, l'architecture plus moderne. Nous sommes devant l'immense place Venceslas, bordée d'immeubles de différents style...



Par exemple le palais Koruna est de style Art Nouveau. Construit en 1910, ce fut l'un des premiers bâtiments en béton armé. Son nom de Koruna (couronne) provient du haut de sa tour surmontée d'un dôme doré.



Nous tournons à droite et notre guide nous montre au loin l'un des plus anciens immeubles de style cubiste de la ville. C'est la première fois que je vois un bâtiment de ce style très... carré.
J'avoue que je trouve ça un peu... bof.


Nous débouchons devant la porte d'entrée d'un ancien monastère. Un très riche monastère certainement quand on voit l'immense église qui se dresse en son sein.


Ce serait la plus haute de toute la ville, et qui porte un nom évoquant les cimes: Notre Dame des Neiges.
34 mètres de haut... impressionnant.


Avant de sortir, je passe devant la crèche de l'église, qui me fait vraiment penser à une crêche provençale, avec sa mousse et son écorce de bois...


Le jardin du monastère a été transformé en jardin public, petit havre de paix au milieu de la ville...
Nous allons le traverser avant de revenir à la vie citadine.
(Note: vous avez remarqué comment tout le monde est emmitouflé sur cette photo? Et oui il fait bien bien froid)


Au bout, il y a une petite galerie marchande dans laquelle nous nous engouffrons.


Rezki nous montre la plus ancienne pâtisserie de la ville, et en ces jours de fête il y a pas mal de clients...


Au bout de la galerie, nous traversons la rue pour nous rendre dans une nouvelle galerie marchande, et au passage mon œil est attiré par les vieux tramways typiques d'ici. Faudra essayer d'en prendre un dans les jours qui viennent...


L'architecture de cette nouvelle galerie marchande est beaucoup plus classe: marbre et couleurs chaudes, avec un petit air d'art nouveau... L'architecte de cet ensemble serait le grand père de Vaclav Havel. C'est aussi ici que l'on peut voir la statue de David Cerny, un artiste assez irrévérencieux qui a décidé de représenter Saint Venceslas (Duc et protecteur des tchèques) sur son cheval... mort!



Je remarque qu'il y a également dans cette galerie un cinéma, qui porte le même nom que la galerie: 'Lucerna', ça veut dire 'Lanterne' en tchèque.


Nous revoici à l'air libre et nous débouchons sur la grande place Venceslas, place centrale de la nouvelle ville et où se trouve (tout au bout) la vraie statue équestre de Saint Venceslas, et cette fois-ci le cheval est représenté vivant.
Venceslas aurait été assassiné par son propre frère, qui lui reprochait de s'être converti au christianisme. Derrière on aperçoit le dôme du musée national (actuellement fermé pour travaux).


La place est entourée de grands immeubles dans une grande diversité de style: remarquez ces deux immeubles Art nouveau.


Notre guide nous fait également remarquer le grand magasin de la marque de chaussures Bata. Entreprise familiale d'origine tchèque, elle s'exila à l'étranger durant l'ère communiste avant de revenir en 1991.
Dans un autre immeuble se trouve un restaurant dont l'originalité est qu'un petit train circule entre les tables des clients...


Retour par la rue piétonne de Na Prikope, où nous admirons un très beau bâtiment Renaissance. Un  théâtre spécialisé dans le théâtre noir se trouve également dans cette rue. C'est un spécialité pragoise mais je ne vous en dis pas plus: il est prévu que nous allions dans ce théâtre durant le voyage...


Au bout de la rue il y a la silhouette longiligne de la tour poudrière, ainsi appelée car elle est restée pendant longtemps l'une des tours de défense de la ville, et on y entreposait la poudre à canon.
C'est d'ailleurs à cause de la poudre qu'elle est toute noire... non ça je l'ai inventé.


Juste à côté se trouve le théâtre de la Maison municipale (à gauche) et le théâtre Hybernia (à droite).


L'Obecni Dum (ou maison municipale) est un beau bâtiment de style Art Nouveau . C'est un endroit important pour les habitants de Prague: tout d'abord car c'est ici que fut proclamée l'indépendance du pays en 1918 et que l'on négocia le terme de la révolution de velours, mais aussi car on y donne les meilleurs concerts de musique classique de la ville, et pour un prix modique.
D'ailleurs Rezki nous conseille de ne pas acheter nos billets au comptoir qui est réservé aux touristes (avec des prix en conséquence) mais de plutôt passer par le comptoir sur le côté...

Avec une certaine ironie, le bâtiment qui se trouve juste en face est l'ancien siège du parti communiste. D'ailleurs avec une architecture massive comme ça... ça ne peut être que communiste!



Retournons en direction de la place de la vieille ville.
En passant devant un bureau de change, notre guide en profite pour nous donner quelques conseils: méfiez vous du taux de change affiché en gros, qui n'est appliqué que pour les grosses sommes.
Il faut également se méfier des taxis dont les compagnies seraient selon lui gérées par de véritables mafias...


Certains demandent à faire un arrêt pipi, et en les attendant nous pouvons admirer un nouveau bâtiment de style cubiste, dit 'à la vierge noire' à cause de la petite sculpture qui fait l'angle.
Nous discutons également du niveau de vie en République Tchèque. Ici le prix des appartements est peu élevé: on peut acheter un truc très bien pour 10000€.
Les tchèques sont réputés pour leur calme et leur propreté. C'est vrai que les rues sont très propres.
Ils sont aussi très travailleurs: ici la main d'oeuvre est qualifiée et peu chère, et beaucoup d'industriels allemands y ont installé leurs usines.


Nous reprenons maintenant notre balade en passant devant l'église Saint Jacques le Majeur, malheureusement fermée entre 12h et 13h. Il y a aurait une main séchée pendue au plafond. Elle aurait appartenu à un voleur qui avait tenté de mettre la main sur le trésor exposé aux pieds de la statue de la vierge. Celle-ci aurait refermé sa main sur le bras du voleur... et ne l'aurait jamais lâché!



Dans la rue suivante, nous passons devant un spa qui propose des bains à la bière... C'est l'une des grandes passions des tchèques (la bière, pas le bain).


Il est temps pour nous d'entrer dans Josefov, le quartier juif de Prague, qui se trouve coincé à côté des beaux immeubles bourgeois de la rue de Paris...



Voici la célèbre statue de Kafka, qui le représente sur les épaules de son père (qui n'a ni tête ni mains), conformément à un rêve qu'il aurait décrit dans l'un de ses livres.
Derrière la statue nous apercevons la plus récente des synagogues du quartier: de style andalou, elle fut construite par des juifs venus d'Espagne...


Nous pénétrons au cœur du quartier... qui n'est pas très grand mais qui comme vous le voyez accueille une pléthore de touristes...


Nous longeons la Synagogue Vieille Nouvelle, qui n'est pas vraiment nouvelle puisqu'il s'agit de la plus ancienne encore en activité en Europe.


Nous longeons le vieux cimetière juif qu'il faudra absolument visiter. La promiscuité était telle dans ce petit cimetière que les habitants ont juxtaposé plusieurs 'couches' de tombes.
Devenu insalubre, il fut abandonné au 19ème siècle pour un autre construit en dehors du quartier.
Les noms des morts ne sont pas forcément écrits sur les tombes mais parfois évoqués via des figures sculptées évoquant soit le nom soit la profession du défunt.
Nous n'échapperons pas aux multitudes d'échoppes installées là...


...mais pas le temps de flâner car notre guide est déjà parti vers la dernière synagogue du quartier, la synagogue Maisel du nom du riche juif qui finança sa construction.
Devant les portes des immeubles on peut voir des petites plaques carrées portant le nom des personnes déportées qui vivaient ici. Il y a également une plus grosse plaque qui évoque les déportations au camp de Terebin.



Nous passons devant la maison de naissance de Franz Kafka au rez de chaussée duquel se trouve maintenant un café (qui s'appelle... le café Kafka). Juste à côté il y a la place de la vieille ville: on est presque revenus à notre point de départ.


Nous bifurquons vers une petite place dans laquelle se trouve le nouvel hôtel de ville mais aussi l'entrée du Klementinum où se trouvent les archives nationales. Il y a aussi la bibliothèque municipale, et Rezki nous y fait entrer pour découvrir une oeuvre d'art bien particulière.


Il s'agit d'un 'puits' de livres à l'intérieur duquel par un subtil jeu de miroirs les bouquins semblent s'évader vers l'infini.


Dans la rue d'à côté, nous prendrons juste un instant pour évoquer une autre spécialité tchèque: l'art des marionnettes avec une plaque commémorant l'UNIMA, une association en charge de la promotion des marionnettistes internationaux.
C'est la fin de ces 3h de visite guidée. Notre guide nous laisse encore deux ou trois adresses de restaurants sympas dans le coin (car nous avons tous très faim), puis nous payons les 6€ convenus en le remerciant chaleureusement.
Voilà une bonne introduction à la ville de Prague... maintenant, à nous de poursuivre la visite!

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Commentaires

Articles les plus consultés