Budapest - Jour 3 - Partie 1 - L'internationale

Réveil difficile ce matin mais une fois le petit déj' avalé me voilà reparti. Pas de pluie ce matin... youpi! Aujourd'hui nous allons faire un voyage en dehors de la ville, et un voyage dans le temps!

Good morning, mister Lenin!


Métro 3 direct jusqu'aux Halles centrales de Budapest.
C'est un lieu que je n'avais pas prévu de visiter au départ, mais qui m'a été fortement conseillé par mon logeur. Je crois qu'il m'a dit que le bâtiment avait été construit par Gustave Eiffel... mais en fait pas du tout: Il fut construit en 1987 par Samu Pecz, un architecte d'ici.


Plus de 10000m², c'est quand même... immense. Et si les prix doivent être un peu plus chers que dans le grand marché couvert à côté de l'appartement, on peut quand même y acheter de quoi remplir le panier de la ménagère hongroise...


Il y a un étage au centre de l'édifice avec plusieurs magasins qui vendent des souvenirs pour touristes. En bas, des échoppes de viandes, de légumes, pâtisseries...


On vend aussi des champignons fraichement cueillis. Au abords des portes, quelques vieilles mamies sont venues de la campagne pour vendre leurs produits de la main à la main...


S'il y a quelque chose que vous devez ramener de Hongrie, c'est bien du paprika. C'est LA grande spécialité culinaire du pays, une fierté nationale! Elle fut implantée ici par les turcs, et ne fut utilisée comme condiment qu'au 19ème siècle, quand Napoléon obligea les hongrois à trouver un produit de substitution pour le poivre, devenu rare.
Au fil des années, les savants et agriculteurs hongrois ont développé la culture des piments: il existe plusieurs sortes de paprika, selon sa force et sa couleur. Un institut de recherche spécialisé, basé à Szeged, veille sur sa qualité et expérimente de nouvelles méthodes de fabrication.


Bien entendu j'en profite pour acheter un sachet de cette précieuse poudre orangée...
Je repère aussi un restaurant qui fait des langos. Ça ne vous dis rien? On tâchera de revenir à l'heure du déjeuner pour goûter... et en faire quelques photos!

 Durdur de choisir son paprika!

Pour l'instant, une grande aventure nous attend: nous allons prendre le bus... pour sortir de la ville!
Rendez vous à la place Deak ferenc, d'où je sais qu'un bus spécial et direct part à 11h pour notre destination. Par contre... la station de bus est un mystère... En fait il y a juste une petite pancarte accrochée à un réverbère.
Le temps passe et je ne vois toujours pas arriver de bus. Par contre, plein de bus touristiques 'Hop on Hop off', pleins à craquer. Je finis par demander à un chauffeur: le bus que j'attends m'est passé sous le nez! Comment j'aurais pu savoir que ce petit mini bus blanc, sans rien marqué dessus, stationné à plus de 10m de l'arrêt, était le mien?
Mais vous en faites pas j'ai un plan B...

 Oui j'ai vu... c'est mouillé par terre. Il a plu!

On commence par prendre le métro 3, puis le tramway qui peu à peu s'éloigne de la ville. Tout d'abord des quartiers inconnus, puis des pavillons de banlieue, avec la tranquillité de ses centres commerciaux. Au terminus, il faut aller rejoindre la gare routière, en passant devant les gars qui zonent devant leur immeuble HLM...
Nous voilà donc dans un nouveau bus, et je discute un moment avec le jeune étudiant assis à mes côtés. Il m'aide à me faire comprendre avec la contrôleuse des billets (qui ne parle pas anglais)...
Ah... voilà venu mon arrêt, au milieu de nulle part: Szobor park!


A la chute de l'empire communiste, les statues du pouvoir furent l'une après l'autre déboulonnées, et la question fut posée de savoir ce qu'on allait en faire. On a donc décidé en 1993 d'en regrouper une partie dans ce petit cimetière de briques... rouges!
Dés l'entrée, le portail de fer du milieu.. ne s'ouvre pas (c'est fait exprès) et se trouve entouré des statues de Lénine et de Marx.


En face, il y a le mémorial des bottes de Staline. On scia les pieds de la statue pour la faire tomber, et voilà donc tout ce qu'il reste du père des peuples... debout.


Rentrons dans le parc. Je m'attendais à quelque chose de plus grand, à un cadre plus grandiose, mais finalement vous verrez que, malgré la pluie qui commence à revenir nous emm..., j'ai pu faire de très belles photos.

 Houla! Il est shooté ce soldat ou quoi?

J'ai raté la visite guidée mais le gars du guichet me propose d'acheter le petit livret explicatif (en français), bien pratique pour savoir l'histoire de chaque statue.
Par exemple ce soldat porte étendard au regard halluciné. Il siégeait sur la montagne Gellert qui surplombe Budapest, en compagnie de la statue de la liberté (que nous allons justement voir ce soir).


Et puis revoilà Vladimir Ilitch (Lénine). Il se dressait devant l'usine géante de Csepel, exhortant les ouvriers hongrois à se rendre au travail pour la grandeur de la nation. En 1970, la statue montra des signes de fatigue, le métal commençant à rouiller et des trous apparaissant même par ci par là. Elle fut remplacée à l'identique en catimini, afin que l'ouvrier hongrois ne s'aperçoive pas que même le grand Lenine n'y croyait plus...


Au fond du cimetière, il y a plusieurs grandes statues en train de courir, dont le célèbre monument de la république des conseils. Elle fut sculptée en s'inspirant d'une affiche réalisée pour promouvoir la création d'une armée de défense internationale en 1969.
"Aux armes!", c'est ce que semble crier cet ouvrier très photogénique.
Et tout naturellement il se dressait sur la place de Vàrosliget, où se déroulaient tous les défilés militaires...


La pluie a formé une flaque d'eau sur la dalle du monument des martyrs,  faisant un effet de miroir avec l'image de cet homme, victime de la révolution d'Octobre 1956. On estime que 700 soviétiques auraient péri durant les insurrections en Hongrie cette année là... contre plus de 2500 en tout... et les 30 ans de répression qui suivirent... de l'autre côté du miroir aussi il y a des victimes...


Alors qu'il ne restait plus que les bottes pour Staline, Ferenc Münnich, lui, n'a plus de jambes. Il fut l'un des principaux hommes politiques du pays, tantôt commissaire de police, puis ministre de l'armée, secrétaire d'état. Il participa activement à la répression de la révolution de 1956... un gars très fréquentable.


Le monument le plus récent, celui dédié à Béla Kun (un dirigeant communiste mort emprisonné par ses propres camarades) date de 1986. L'artiste a un style assez moderne qui dénature avec les autres statues plus pompeuses de Szobor park. Néanmoins c'était l'artiste officiel du parti à cette époque, et son œuvre ne fut pas plus appréciée que les autres par les membres de l'opposition, qui l'enveloppèrent de papier et de plastique avant de la peindre en rouge.



Je ne vais pas tout vous raconter, mais je vais quand même aller faire un tour dans la vieille Trabant qui se trouve à l'entrée. Elle a l'air en piteux état, avec ses pneus à plat et sa carrosserie toute rouillée. On peut tenter de s'asseoir à l'intérieur mais en ne touchant à rien, de peur de casser quelque chose.
Il y a aussi une vieille cabine téléphonique avec, au bout du combiné, des enregistrements de discours d'hommes politiques communistes... pour écouter une dernière fois la voix de Lénine!


Voilà... le communisme c'est fini! Je commence à avoir faim, et bien sûr pas un seul restaurant dans le coin.
Normalement il y a un peu plus loin une cabane avec un musée dédié aux services secrets, mais je crois que je vais plutôt rentrer à Budapest...
Goodbye Lenin!

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Marché central:


Bus et métro:


Szobor park:


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