Athènes - Jour 7 - Le nombril du monde

Petit déjeuner, douche, habits en vitesse pour ne pas être en retard à notre bus en partance pour une excursion de 2 jours.
Et oui on s'est dit "on ne va pas venir en Grèce et ne visiter que la capitale alors qu'il y a tant de choses à voir dans ce pays". Alors nous allons nous rendre vers le nord, là où se trouvent les Météores...

On est dans les temps. Nous avons un grand bus et une grande blonde à la peau bronzée sous des lunettes de soleil sera notre guide pour la journée: elle s'appelle Joy.
C'est peu engageant dit comme ça, mais en fait elle donnera plein d'informations et nous racontera parfaitement les mythes et légendes en anglais, puis en français...
Nous comprenons que certains d'entre nous devront changer de bus et de guide en cours de route, puisque pas tout le monde n'a pris l'excursion de 2 jours.


En premier lieu notre bus doit sortir d'Athènes, qui comme nous le savons déjà est une très grande ville: 5 millions d'habitants contre 10 millions pour la Grèce entière. Autrement dit la moitié des grecs vivent dans la capitale. La population de la ville a augmenté en flèche lors de l'exode rural après la seconde guerre mondiale, ce qui explique que la ville est ceinturée de bâtiments de béton construits à la va-vite.


Aujourd'hui nous avons la chance de n'avoir pas de bouchon, la ville étant presque vide de ses habitants suite aux deux semaines de vacances de la Pâques orthodoxe.


Le paysage change peu à peu pour laisser place à une alternance de vallées et de collines. La Grèce serait le 3ème pays le plus montagneux d'Europe après la Norvège et l'Albanie.
D'ailleurs les grecs sont partagés entre leur amour de la mer et le climat des montagnes, plus frais et à l'abri du vent...


La ville de Marathon est toute proche, l'occasion pour Joy de nous raconter l'histoire de la fameuse bataille qui y opposa grecs et perses. Ce fut la première bataille où les différentes cités grecques, qui avaient chacune leur armée, se sont unis pour combattre un ennemi commun. Afin d'annoncer la victoire à Athènes, un messager fut envoyé et dû courir 40 km jusqu'à destination avant de s'effondrer, mort de fatigue, mais ayant auparavant délivré son message.
Et c'est Pierre de Coubertin qui, en imaginant les Jeux Olympiques modernes, eut l'idée de reprendre cette légende à son compte pour l'épreuve du Marathon.


Joy nous en apprend également un peu plus sur le mythe d’œdipe. L'oracle de Delphe avait prédit à Laïos, roi de Thèbes, que son futur fils le tuerait et épouserait sa femme. A la naissance du petit œdipe, Laïos décida donc de confier son fils à un ami qui était le seigneur d'un royaume lointain. Devenu jeune homme, le garçon partit en voyage à travers la Grèce, et rencontra par hasard Laïos - qu'il ignore alors être son père. Une dispute éclate et Œdipe tue le vieil homme par accident. Il continue son chemin et arrive au royaume de Thèbes qu'il délivre de l'oppression du terrible Sphinx en répondant à la question ultime que posait celui-ci aux passant avant de les dévorer:
"Quel animal marche à 4 pattes le matin, à 2 pattes le midi et à 3 pattes le soir?"
Pour le récompenser, le peuple nomme Œdipe roi en lui donnant la main de la reine qui - sans qu'il le sache - est en fait sa mère.
La force du destin...


Nous faisons un arrêt dans une station service pour un expresso glacé, puis nous reprenons la route vers les plaines de Thèbes dont on dit que les guerriers étaient redoutables. Nous voilà maintenant au cœur des montagnes.


Certains commencent déjà à roupiller dans le bus. Dommage ils ratent de beaux paysages...



Nous traversons même une station de ski. Qui l'eut crû?
J'aurais bien voulu voir la gueule des pistes...


Voilà les premiers oliviers. La Grèce n'est que le 3ème producteur d'olives au monde après l'Espagne et l'Italie, mais ce sont les premiers en ce qui concerne la consommation d'huile d'olive. L'oléiculture remonte à 4000 ans dans le pays...


Nous voici arrivés à destination: le temple de Delphes (c'est écrit sur le panneau: Δελφοί)
Le temple est dédié à Apollon, et en voici l'histoire: Zeus ayant engrossé sa maîtresse Léto, Hera l'épouse légitime décide de demander à Python, dieu serpent de la divination, de tuer la mère et l'enfant lors de l'accouchement. Mais dés sa sortie du ventre de sa mère, Apollon ne se laissa pas faire et tua le serpent, héritant de cette manière de ses talents de divination. Fort ce bébé!


On dit que le temple de Delphes porte ce nom car Apollon, afin d’attiser la curiosité des humains et ainsi les protéger, se changeait en dauphin pour guider les pêcheurs vers le rivage. Mais la vérité est tout autre: on pense que ce sont des populations de pêcheurs venus de Crête qui vinrent s'installer ici et qui comparèrent les cimes des montagnes alentours aux dos des dauphins.


Nous voici donc arrivés à destination. Le temple - ou plutôt les temples - de Delphes sont à flanc de colline, et on parcours un chemin qui grimpe petit à petit en longeant plusieurs bâtiments. Un peu comme un pèlerinage...



N'oublions pas qu'Apollon était aussi le dieu des arts, de la musique et du chant. Les artistes avaient donc pris l'habitude d'offrir au temple des statues représentant les dieux, qui furent exposées dans ce bâtiment, dédié aux muses - les déesses inspirant les artistes. Ce qui donnera donc le mot... "Museum"!


Le pavement du chemin qui reliait les temples n'a été construit qu'à l'époque romaine. Auparavant c'était un chemin de terre...


Ça me fait un peu penser au Machu Picchu, toutes ces pierres à flanc de montagne...


Cette pierre rebondie indiquerait - d'après la mythologie - le "nombril" du monde. On dit en effet que Zeus envoya 2 aigles dans le ciel qui firent le tour du monde chacun de son côté avant de se rencontrer pile poil au dessus de ce point-ci, le centre du monde.
Alors nous y voici... au centre du monde!



Tout au long du chemin, il y avait différents petits temples comme celui-ci. Chacun a été construit par l'une des cités grecques pour honorer Apollon et les oracles qui avaient prédit leur victoire contre les perses.


Le seul qui est debout est celui des athéniens qui a été reconstruit à l'identique il y a peu... c'est à dire en 1906 par l'école française d'Athènes. Il est encore tout blanc. Vous apercevez les inscriptions en relief?


Il aurait été construit pour remercier les Dieux de la victoire d'Athènes à la bataille de Marathon.
A l'intérieur les fidèles déposaient des offrandes et des dédicaces aux Dieux. Il y avait des statues, des armes, des boucliers...  et comme vous pouvez le voir il était également peint de couleurs vives.


Le temple de Delphes fut l'un des plus importants notamment à cause de ses fameux oracles, de jeunes prêtresses qui officiaient à cet endroit.
On pense que cette montagne volcanique possédait une source de gaz naturel qui avait des propriétés hallucinogènes et était utilisée par les oracles pour "voir l'avenir" et faire des prédictions.
Ce rocher -appelé rocher de la Sybile - était notamment utilisé pour faire des prédictions particulières, la plupart du temps annonciatrices de grand malheur.




Il doit y avoir plein de choses à découvrir encore ici car à droite et à gauche on aperçoit plein de vieilles pierres... mais malheureusement on ne peut pas trop s'éloigner: il faut suivre notre groupe.


L'un des murs longeant le chemin est rempli d'inscriptions. La plupart sont des autodafés d'esclaves ayant été affranchis. Je crois qu'on appelle ce mur le mur octogonal.


Nous arrivons devant le plus grand édifice: le temple d'Apollon où officiait l'oracle. Les jeunes filles - shootées avec du gaz ou une mixture à base de feuilles - étaient cachées dans une pièce, chapeautées par de vieilles dames, et les fidèles venus demander leur avenir stationnaient dans une autre. Des interprètes professionnels faisaient la liaison et essayaient de donner un sens aux élucubrations des jeunes toxicos. Ils inventaient parfois...


Tout était affaire de diplomatie. A la question "mon enfant sera-t-il un garçon?", la divination répondait juste avec les mots "garçon non fille" qui pouvait alors s'interpréter comme "garçon? non, fille!" ou alors "garçon! non fille!".


Voici le temple vu du dessus. Il n'était pas vraiment petit.
Regardez également au fond. On estime que jadis la mer était plus haute qu'aujourd'hui et arrivait jusque dans la vallée, mais un tremblement de terre a changé la topologie des lieux.


Il y a tout un tas de bâtiments disséminés par-ci par-là, comme ce théâtre et ses gradins, assez bien conservé.


Joy nous laisse une demi heure de temps libre afin de pouvoir terminer la visite, notamment monter tout en haut du chemin où il y a - carrément - un stade. En fait ce n'est pas tout proche: on a juste le temps d'y aller, de prendre une photo et de redescendre jusqu'à l'entrée.


J'avoue que je n'avais pas prévu que cette visite serait si intéressante. C'est vrai que Delphes était  l'un des lieux les plus importants de la Grèce Antique. Tout d'abord parce que dans leurs croyances c'est le lieu de naissance du monde. Mais aussi à cause des fameux oracles qui avaient une influence politique et religieuse sur la vie des grecs.



C'est le moment pour une partie d'entre nous de changer de bus et de guide. C'est notre cas et nous héritons de Georgio, un vieux bonhomme au regard fatigué, un peu bizarre avec son chapeau sur la tête. Il parle un anglais un peu difficile à comprendre et redis chaque phrase en italien car parmi nous il y a deux touristes italiens ne parlant pas anglais.
Oui, c'est bien de la neige qu'on aperçoit au fond de cette vallée...


Le restaurant du déjeuner n'est pas bien loin... oui c'est vrai on n'a pas encore déjeuné. Pas grand chose à dire ni à photographier: mon risotto ressemble à du riz cantonnais et le gâteau au chocolat est un peu sec.
Nous reprenons la route et traversons d'énormes champs d'olivier à perte de vue. Oui on est bien en Grèce...


Les paysages se mélangent. Aux sommets enneigés succèdent des oliviers puis la mer méditerranée avec au fond la péninsule du Péloponnèse...
On s'enfonce dans la campagne profonde. Parfois notre trajet croise des troupeaux de vache ou des bergers avec leurs moutons ou leurs chèvres.


De temps en temps, sur le bord de la route on aperçoit de petits autels fleuris comme celui-ci. Je pense que cela doit servir soit de souvenir sur les lieux d'un accident mortel, ou bien est ce une petite chapelle pour protéger les routiers?


Un petit arrêt dans la plaine de Thermopyles, là où eut lieu la fameuse bataille. Pour la commémorer un grand mémorial à été installé en l'honneur des guerriers de Sparte. Il y a une rivière d'eau chaude qui coule pas loin et ça sent le soufre à plein nez.


C'est donc ici, dans cette plaine, qu'en 480 avant JC les soldats grecs tentèrent d’empêcher l'invasion du pays par les Perses. Suite à une manœuvre des soldats de Xerxès Ier, la plupart des troupes grecques se sont trouvés pris sur leurs arrières et décidèrent de fuir. Seuls restèrent les courageux spartiates menés par le roi Léonidas. 300 hoplites contre une armée de 70000 hommes.
En donnant leur vie, les guerriers spartiates ont permis au reste de l'armée grecque de se replier et d'organiser leur défense.
Et sur le mémorial est marqué: "Etranger, annonce aux Lacédémoniens que nous gisons ici pour avoir obéi à leurs lois".
Promis Léon, dés que je vois un Lacédémonien, je le lui dis.



Après les vallées, nous voilà revenus sur la route des montagnes. Notre guide, Georgio, nous en raconte plus sur les églises orthodoxes - dont nous allons visiter certains exemples demain. Elles sont par tradition sombres, sans statues, et l'autel est caché du public derrière l'iconostase. Il n'y a aucun instrument de musique utilisé pour les offices.


Nous arrivons enfin à notre hôtel, l'Amalia 4 étoiles, situé en périphérie de la ville de Kalambaka. L'hôtel est grand et confortable, et nous prenons vite possession de notre chambre à 3 lits, avant d'aller nous balader dans l'hôtel à la recherche d'un point de vue sur les rochers des météores. C'est la seule photo que je réussirais à prendre.
Mais... passons au dîner!
La serveuse très souriante nous apporte nos plats les uns après les autres: soupe minestrone (certainement lyophilisée), tourte aux épinards, salade, pâtes et bœuf avec en dessert de la panna Cota (qui ressemble plus à du flan)... et bin! Y'a de quoi se remplir la panse. Pierre André (qui a droit à des plats spéciaux sans fromage) n'en finit pas sa troisième assiette.

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