Varsovie - Jour 1 -Partie 2 - Des choses à raconter

Lors de notre dernier épisode, nous avions quitté notre héros sur la place du palais royal où allait débuter une visite guidée de la vieille ville, menée par notre guide qui s'appelle... euh... j'ai oublié son nom.
En tout cas elle était très souriante, et ses commentaires tous très intéressants.
Elle utilisera également beaucoup un livre de photos qu'elle ouvrira pour nous montrer comment à quoi ressemblait la ville avant et après la destruction de celle-ci par les nazis.


Par contre elle parle un peu vite j'avoue que je n'ai dû comprendre que 85% de ce qu'elle a raconté ( ce qui n'est déjà pas si mal)...
La visite va durer quand même 2h15 et on est plutôt nombreux, et elle nous averti également qu'ici à Varsovie le temps est imprévisible.
Et en effet durant le tour nous aurons tour à tour nuages, pluie, beau soleil... et même de la grêle!



Commençons par parler du roi Sigismond Ier, qui nous observe du haut de sa colonne. Ce fut un roi élu (car à l'époque le pays était une république de nobles qui élisaient leur chef) mais il était pourtant suédois de naissance. Il n'aimait pas beaucoup la Pologne (et les polonais ne l'aimaient pas beaucoup non plus) mais il est apprécié car il fut le premier roi à transférer le siège de la monarchie à Varsovie (il était auparavant situé à Cracovie), rapprochant ainsi le palais royal de l'assemblée du parlement, dont les locaux se trouvent d'ailleurs à l'intérieur du palais royal.


La colonne de Sigismond est également l'un des symboles de la ville, car les nazis la détruisirent dès leur arrivée dans la ville occupée, et les restes de la colonne de marbre (lardée d'impacts de balles) sont exposés sur le côté du palais royal.


Quelle heure est-il? 11h15, juste à temps pour lever nos yeux vers la tour du palais royal où chaque jour à cette heure-ci la petite lucarne du 3ème étage s'ouvre...


Le gardien de la tour joue alors un air de trompette, en commémoration de la destruction de la tour par les nazis (encore eux), et celle-ci explosa à 11h15 précise. Ça explique tout...


Entrons maintenant dans la cour du palais, et notre guide nous fait remarquer la différence de style entre les bâtiments d'un côté et de l'autre de la cour. A chaque époque, pour agrandir l'édifice, une nouvelle aile était construite dans le style architectural du moment.
A la fin de la seconde guerre mondiale, quand il fallut reconstruire le centre historique (totalement rasé par les nazis), le palais royal fut le bâtiment que l'on érigea en dernier. Les autorités communistes refusant symboliquement de financer les travaux, une grosse tirelire fut installée pour accueillir les dons des civils. C'est donc une fierté pour les Varsoviens que d'avoir reconstruit le palais par eux même...



Autre chose doit être évoqué ici: comme nous l'avons dit, la Pologne était de 1505  à 1795 une monarchie élective avec un parlement qui élisait un roi. Et le parlement se trouvait donc dans ces lieux. Mais il y eut aussi un autre sursaut démocratique en 1791, alors que le pays venait juste d'être divisé par les puissance étrangères. L'assemblée des parlementaires qui se trouvait là en profita pour écrire une constitution démocratique, 2ème de ce type après celle des USA, et juste avant celle de notre révolution française.
Bon bien sûr les puissance étrangères mirent très vite fin à ce sursaut de liberté...
Il faut dire que la Pologne a eut une Histoire agitée. Le dernier roi élu, Poniatvski, eut la faiblesse de s'intéresser plus à l'Art qu'à la politique, et tomba amoureux de Catherine de Russie à qui il donna carrément les clés de son royaume. La Pologne fut alors divisée entre la Russie, la Prusse et l'Autriche.



Le peintre Canaletto, lors d'un voyage à Varsovie, a peint plusieurs tableaux de la ville et de ses rues, et celles-ci ont servi lors de la reconstruction. Certaines d'entre elles sont exposées dans le palais royal, mais pas toutes car les nazis en ont volées quelques unes qu'on n'a jamais retrouvées.


Nous continuons notre chemin pour pénétrer un peu plus dans les rues étroites de la vieilles ville.
Voilà la Cathédrale St Jan, qui contrairement à la plupart des bâtiments n'a pas été reconstruite à l'identique de ce qu'elle était avant la guerre.


Néanmoins, certaines briques de l'ancienne construction ont été réutilisées, et notre guide nous emmène sur le côté pour en voir quelques unes dans les murs et surtout pour y voir la barre de fer plantée dans les briques. Ce serait un morceau du char explosif que les nazis ont utilisé pour faire exploser l'édifice.
Plusieurs tombes de célébrités sont installées dans la crypte de la cathédrale. C'était également ici que se faisaient couronner les rois de Pologne.



Et puis tout à coup... la pluie se met à tomber! Il pleut comme vache qui pisse, et chacun d'entre nous tente de s'abriter comme il peut sous son parapluie en continuant d'écouter les commentaires de la guide.
La pluie s'arrête... et c'est maintenant de la grêle qui se met à tomber sur nos têtes!


Un moment d'accalmie nous laisse le temps de nous diriger vers la charmante petite place située juste derrière la cathédrale. C'est là que se trouvent les seules maisons typiquement baroques de la veille ville.


De jolies petites maisons colorées. L'une d'entre elles (au centre sur la photo) serait la plus petite maison du quartier, construite à une époque où les taxes étaient calculées selon le nombre de fenêtres. Elle fait juste la largeur d'un fenêtre!


Au centre de la place, une grosse cloche complètement fendue. Destinée à la cathédrale, elle n'a pas résisté à sa première utilisation... défaut de fabrication! Une tradition veut que l'on fasse un vœu puis qu'on tourne 3 fois autour de la cloche pour qu'il se réalise. Et si on faisait un vœu pour que le soleil revienne?
Jadis notre guide est venue elle aussi faire un vœu ici : celui d'obtenir son diplôme de tourisme... et ça a fonctionné!



On continue notre chemin, mais je me promets de revenir pour faire mon propre vœu.
Juste dans le coin se trouve l'unique maison de la ville restée intacte après les bombardements des nazis (et oui).



Et juste à côté, un porche mène à la rue des amoureux, dont les murs sont remplis de graffitis laissés par les couples de passage. S'ils savaient qu'avant cette rue était utilisée comme décharge publique!


Mais une fois arrivés au bout, un balcon permet d'avoir une vue dégagée sur la Vistule, fleuve encore sauvage qui traverse la ville. Et miracle... le soleil est revenu!


De l'autre côté, il y a le quartier de Praga, seul quartier resté intact pendant la seconde guerre mondiale. En effet, celui-ci était occupé par les armées de Staline, campées ici juste en face des nazis, et qui attendirent ben sagement la fin de la guerre pour franchir le fleuve et réclamer la Pologne...
De nos jours, ce quartier s'est transformé en quartier bohème plein d'artistes et de lieux à la mode...



Mais dans les années 80, c'était un lieu plutôt mal famé. Le quartier du stade était alors le lieu d'un marché aux puces où l'on vendait tout et n'importe quoi, y compris bien sûr du marché noir...
Et pour la coupe de foot de l'Euro 2012 on rasa tout ça pour construire un stade tout neuf (le plus grand stade de Pologne).



Au sortir de la vieille ville, cette petite terrasse un endroit avec une vue surprenante, voir même romantique, d'après les multiples cadenas d'amoureux accrochés sur la rambarde...


Mais retournons maintenant sur nos pas, et quelques minutes suffisent pour atteindre la grande place du marché. C'est l'une des fiertés de la ville, pour sa beauté mais aussi pour son histoire: totalement détruite (comme la quasi totalité de Varsovie) par les nazis à la fin de la guerre (en représailles de l'insurrection des habitants), elle fut reconstruite à l'identique et en un temps record.



Au départ, les communistes avaient prévu de ne pas refaire la partie Est de la place car celle ci marquait la direction de Moscou. Mais les équipes de bâtisseurs, engagés dans un concours de celui qui construira le plus vite, n'en firent qu'à leur tête et érigèrent toutes le façades de la partie Est en une seule journée!


Côté Ouest, notre guide nous fait remarquer l'ancienne maison du maire, où celui-ci fit représenter les portraits de ses 3 filles pour lesquelles il cherchait désespérément un mari. Il parait que les demoiselles étaient en fait bien plus laides que leur portrait... mais la publicité (un peu mensongère) finit par fonctionner.



Au centre de la place, il y a la statue de la sirène qui défend la ville de Varsovie. La légende dit qu'elle aurait remonté le fleuve et serait tombée amoureuse d'un pêcheur du coin.


Notre guide nous montre un autre dessin de cette même sirène: il aurait été esquissé par Picasso sur les murs de la chambre qu'il louait à Varsovie. En bonne communiste, elle a dans les mains une faucille et un marteau. Malheureusement, les habitants de l'immeuble, lassés de voir défiler les touristes, on recouvert le dessin d'une couche de peinture blanche...


L'un  des restaurants de la place se remarque tout de suite, avec ses nombreux pots de fleurs. Il a été distingué par une étoile au guide Michelin (le seul de toute la Pologne), et les prix sont donc en conséquence. Il parait que le chef de cet établissement est une vraie star ici et participe à des émissions de télé.


Quittons maintenant la place du marché pour rejoindre la Barbacane, reconstitution de l'une des portes d'entrée de l'ancienne ville médiévale. Regardez la largeur de murs...
Juste à droite en sortant se trouve l'un des derniers bars à lait de la capitale. Oui! Les bars à lait: ces restaurants pas chers du tout créés sous l'ère communiste, et où tout est à la bonne franquette. La guide nous conseille absolument d'y aller au moins une fois avant de quitter Varsovie...  On va essayer.



Nous faisons quelques pas dans Nove Mesto pour aller voir - devinez quoi - la maison natale de Marie Curie, qui comme nous précise notre guide est la première femme à avoir obtenu le prix Nobel de Sciences et la seule à l'avoir obtenu deux fois.



Bon ça y est, il recommence à pleuvoir alors en retournant devant la Barbacane on s'abrite sous l'un des ponts des anciennes douves... Belle vue quand même!




Deux minutes plus tard, la pluie s'est un peu arrêtée et nous pouvons ainsi monter nous recueillir devant la statue de l'enfant soldat et parler à nouveau de l’insurrection de Varsovie de 1944. Commandés par le gouvernement en exil, les insurgés résistèrent quelques mois avant d'être vaincus avec un lourd tribu: plus de 30000 morts. Le ghetto juif s'était lui aussi auparavant rebellé contre les nazis, et il avait été complètement vidé de ses habitants, tous envoyés dans les camps.
A la fin de la guerre, il ne restait plus de Varsovie que le visage d'une "city of ruins" comme le dit notre guide.



Nous reprenons notre chemin en passant tout d'abord devant la place (qui se trouve juste en face de mon AirBnb) où se déroulaient les exécutions publiques. La guide évoque la richesse du bourreau d'alors qui officiait également comme médecin et proxénète, et qui habitait la maison juste à côté... charmant!


Retournons dans la vieille ville pour arpenter quelques dernières rues. C'est dans cet ancien monastères que fut élaborée la première brasserie du pays. Et depuis... 'Bière' est devenu le mot préféré des polonais!


Nous voici revenus à notre point de départ: la place du palais royal et la colonne de Sigismond. La pluie a repris de plus belle et nous oblige à aller nous réfugier dans le bâtiment qui mène à la gare routière. C'est ici que notre guide va prendre congés!
Après mains applaudissements et mains pourboires mérités, elle donne encore quelques conseils à ceux qui le souhaitent, entre restaurants et bars à la mode.
Ce fut une visite plutôt... humide mais très sympathique, et notre guide était vraiment attentionnée... Ça m'a donné envie de continuer à visiter la ville, alors allons-y!

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