Paris - Jours 4 - Partie 2 - Les pieds dans le marais
Continuons donc notre balade dans le quartier le plus révolutionnaire de la capitale: Bastille!
Tentons au passage de faire un petit zoom sur l'ange perché tout en haut de la colonne de Juillet... Et bin! Il nous montre ses fesses!
Bon, je ne vais pas vous raconter l'histoire de la prise de la Bastille, on est quand même le lendemain du 14 Juillet!
Nous passons également devant les marches de l'Opéra Bastille. Contrairement à l'opéra Garnier (consacré aux ballets), cet opéra-ci est dédié aux opéras lyriques, avec une salle de 2745 places.
Il a été construit en 1989 pour le bicentenaire de la révolution... sur la place de la Bastille: tout un symbole. Avant ça il y avait une gare de chemin de fer à cet endroit.
Puis nous allons bifurquer dans une rue bien connue des fêtards du quartier: la rue de Lappe. Les bars et restaurants ont déjà affiché leurs couleurs: celles du drapeau bleu blanc rouge pour préparer la future victoire des français à la coupe du monde.
Au début du 20ème siècle, c'était ici le cœur du quartier ouvrier de la capitale, et les bals musette s'y installèrent pour divertir tout ce beau monde. En 1930 il y en avait 19 seulement dans cette rue.
Le Balajo est l'un des seuls à avoir survécu, même si la java a depuis laissé la place à des musiques plus ... modernes.
Tiens? Encore un space invader! Je vous ai dit qu'il y en avait plus de 1400 dans toute la capitale?
Au milieu de l'agitation du quartier, entre la circulation de la place de la Bastille et les bars de la rue de Lappe, il y a parfois des ilots de tranquillité et de verdure, comme la cour Damoye, cour privée qui laisse ses grilles ouvertes en journée.
J'aimerais bien habiter ici, moi...
Au bout du passage on débouche à nouveau sur la place de la Bastille. C'est ici que se trouvait l'ancienne prison qui fut détruite à la révolution. Par endroit sur la place, des pavés retracent les contours de l'ancienne forteresse.
Devenue place symbolique car assimilée au premier évènement révolutionnaire, on y installa le premier bal du 14 Juillet, puis plus tard une guillotine, mais ce fut sous Louis Philippe qu'on décida d'y installer la colonne que voici.
Comme chaque Dimanche, le boulevard Richard Lenoir accueille l'un des plus gros marchés de la capitale... ça vous dirait d'y faire un tour?
Poissons, légumes, fromage... mais aussi couscous ou man'ouché... ça donne envie d'y revenir un de ces jours. Dommage que ce soit un peu trop loin de chez moi...
Je pense qu'un authentique marché comme celui-ci est un très bon endroit à visiter pour les touristes: on peut y découvrir des spécialités typiquement françaises. Des huitres par exemple...
... ou alors goûter à l'un de nos multiples fromages...
Entre les étals, je repère le grillage d'un des trous par lesquels passe la lumière qui illumine le tunnel du canal Saint Martin sous nos pieds (et sur lequel nous naviguions tout à l'heure).
Il est grand ce marché... je crois qu'il doit y avoir presque 100 commerçants divers... avec en prime l'ange de la Bastille au fond.
C'est la saison des melons et des pastèques, mais moi j'ai plutôt soif et justement il y a une dame bien sympathique qui vend du bon jus de Bissap fait maison... Miam.
Ça va me redonner des forces pour la suite: prenons la direction de la place des Vosges, l'une des plus anciennes places publiques de Paris.
Elle fut baptisée 'Place des Vosges' à la révolution en l'honneur du premier département français à s'être acquitté des impôts de la jeune république.
Cette place carrée de 140 mètres de large est connue pour son architecture unique et ses élégantes arcades qui en font tout le tour.
36 pavillons se répartissent autour de la place, dont certains ont accueilli des personnages illustres: Colette, Georges Simenon, Anne Sinclair, mais surtout Victor Hugo, dont la maison a été transformée en petit musée...
De nos jours, plusieurs galeries d'Art se sont installées sous les arcades, et à vrai dire si on vient ici c'est pas pour faire les magasins, tellement le coin est un peu 'huppé'.
Heureusement au centre de la place se trouve un petit parc apprécié par tout ceux qui aiment le soleil... ou l'ombre, et en tout cas ceux qui aiment le farniente durant les belles journées d'été...
C'est au milieu de ce parc que se trouve la statue équestre de Louis XIII, rappelant entre autre que la place fut inaugurée lors de ses fiançailles avec Anne d'Autriche...
Mine de rien, la place des Vosges est bien la plus ancienne place de Paris.
C'est sous le règne d'Henri IV que l'on décida d'ériger ici une place dont tous les bâtiments devaient constituer un ensemble architectural uniforme: 2 étages seulement, en brique rouge et pierre. Même les fenêtres sont toutes identiques...
Pour s'échapper de la place on va emprunter un passage secret: dans l'un de ses coins, un passage nous fait déboucher sur le jardin de l'hôtel de Sully que l'on peut traverser pour rejoindre la rue de Rivoli.
Et oui! J'ai vécu presque 10 ans dans le quartier, donc je connais un peu...
Passons par la rue Jean d'Ormesson (décédé il y a peu... le même jour que Johnny) pour arriver sur la petite place sainte Catherine, avec son cabaret dédié aux spectacles de magie.
Juste en sortant il y a la caserne de pompiers installée dans un ancien hôtel particulier rue de Sévigné. Je me rappelle y être allé pour le bal du 14 Juillet il y a quelques années. J'aurais peut être dû venir là l'autre soir...
Il y a juste devant une ancienne borne d'alerte que l'on utilisait quand on voulait réveiller les occupants de la caserne. J'imagine qu'elle n'est plus en fonction, mais ne comptez pas sur moi pour vérifier...
J'ai oublié de vous montrer la paroisse Saint Paul Saint Louis, qui se trouve au bout de la rue derrière nous.
Typiquement baroque, elle a été construite par les jésuites qui étaient basés dans le quartier, et qui possédaient également le Lycée Charlemagne qui se trouve juste derrière.
Quand au musée Carnavalet - dédié à l'histoire de Paris - il est fermé pour travaux en ce moment...
Nous sommes dans la rue des Francs Bourgeois, dont les boutiques des vêtements sont ouvertes même le dimanche (et ceci depuis bien avant que cela soit autorisé).
En tournant à gauche, nous nous retrouvons dans la cohue dominicale de la rue des rosiers, avec ses commerces et restaurants juifs typiques. Depuis l'époque où j'y habitais, elle a pas mal changé, plusieurs institutions étant remplacées par des magasins de fringue, mais ça reste toujours aussi animé...
Je me rappelle encore de l'époque où il y avait le restaurant Rosenberg à cet endroit. C'est là qu'en 1982 eut lieu un attentat qui fit 6 victimes.
La présence de la communauté juive dans le quartier remonte au XIIème siècle, et c'est donc le plus ancien quartier parisien de cette communauté. Il a même son propre nom en yiddish: le Pletzl.
Les pâtisseries Finkelstajn et Florence Kahn sont encore là. Je me rappelle encore de leurs délicieux strudels... au pavot ou à la pomme... et les cheesecakes... et les gros sandwich au pastrami... et les pains au cumin! J'ai un peu la nostalgie de ce quartier, en fait.
Je reprends instinctivement le chemin de mon ancienne rue, la rue des Ecouffes, avec sa boucherie kasher et son bar lesbien. Il y avait 3 bars dans la rue à l'époque... franchement bruyant en été! Ça au moins pour ça je regrette pas d'avoir déménagé...
Je me rappelle bien qu'il y avait une synagogue cachée au fond de la cour de cet immeuble, que j'avais découverte lors d'une visite guidée des synagogues du marais.
Vers la fin du XIXème siècle, plus de 20000 juifs sont venus s'installer dans le quartier, fuyant les persécutions d'Europe de L'Est. Les synagogues sont donc assez récentes: il y en a une dont la charpente en fer a été construite par Eiffel, et une autre qui fut érigée par l'architecte Hector Guimard (dans un style Art Nouveau).
Voilà c'est là! J'habitais juste au dessus de cette crêperie japonaise kawaï (qui malheureusement n'existait pas encore à l'époque).
Bon. Je ne suis pas venu ici en pèlerinage: il va falloir penser à manger.
Si la plupart des touristes préfèrent faire la queue devant l'As du falafel, moi j'ai toujours préféré ceux de Mivami, juste en face.
Ils sont plus généreux je trouve... et en plus il y a moins d'attente!
Des serveurs viennent directement dans la file d'attente pour aider les clients à choisir, en rédigeant la commande en direct, histoire de gagner du temps (ou alors pour nous empêcher de changer d'avis avant le comptoir).
Alors... pour faire un bon falafel, on met du chou rouge, des aubergines frites, des carottes râpées, des boulettes de falafel, la sauce, un peu de harissa, et puis à nouveau du chou, aubergine, carottes, boulettes, sauce...
Et pour déguster votre sandwich tranquillement, je vous donne un autre astuce: sous la porte cochère de cet immeuble de la rue des Rosiers se cache l'accès à un jardin public situé entre les maisons.
Le jardin est bien caché, entre les cours des immeubles environnants, et on peut donc s'asseoir à l'ombre pour déguster notre repas... bon là tous les bancs sont réservés, on va pique niquer dans l'herbe.
C'est toujours aussi bon ces falafels.
Un peu de repos avant de repartir ne me ferait pas de mal... peut être une petite sieste?
Continuons notre visite du quartier en remontant la rue, avec d'autres institutions comme le restaurant Marianne, la boulangerie Korcatz, la librairie juive...
Au centre du quartier, il y a le marché des Blancs manteaux, ancienne halle où les étals ont fait place à un espace d'animations et d'évènementiel...
Il reste quand même la librairie 'Les mots à la bouche', mais plus pour très longtemps: le confinement aura bientôt raison de cette librairie militante (en fait ils ont déménagé dans le 11ème).
En face, voici le fameux point virgule, l'un des premiers cafés théâtres de la gare. Il faudrait que je puisse faire des photos de l'intérieur pour vous montrer comment c'est tout petit dedans. J'y suis déjà allé plusieurs fois et je peux vous dire qu'on y est serrés comme des sardines, genoux contre genoux, avec l'artiste qui vous postillonne dessus.
Je me rappelle y être allé voir Florence Forresti alors qu'elle n'était pas encore connue....
Un peu plus loin nous avons le théâtre du café de la gare ainsi que le théâtre des Blancs manteaux.
Il y a plein de nouveaux magasins à la mode dans le coin, comme celui-ci spécialisé dans les appareils photo vintage de la marque Lomo.
Je me demande si je serais capable de repasser à l'argentique...
Comme je connais bien le quartier, j'ai vraiment tout prévu dans mon planning. Y compris l'endroit où nous pourrions prendre notre dessert: voici la maison de thé de Mariage Frères, maison fondée en 1830 et qui a sa boutique historique dans cette rue, la rue du Bourg Tibourg.
Au fond du magasin il y a un élégant salon de thé. J'ai toujours eu envie d'y manger... c'est la bonne occasion!
Bon les prix sont un peu élevés mais on ne se refuse rien aujourd'hui: on est en vacances...
Je commande un 'rouge plaisir', tarte à la fraise et au thé, que je trouverais plutôt décevant car on ne sent pas assez le goût de fraise. Par contre le thé gyokuro qui l'accompagne est une tuerie!
Les thés mariage, c'est la grande tradition des thés à la française: des thés aromatisés aux multiples senteurs, que l'on peut demander à renifler en plongeant sont nez au dessus des ces grosses boites rondes. Il y en a de pleines étagères...
Reprenons la route.
Nous sommes toujours dans le quartier gay et c'est jour de fête: les drapeaux arc en ciel se mélangent aux drapeaux bleu blanc rouge en cette période de fête nationale... et en ce jour de finale de coupe du monde, n'oublions pas!
Oui alors, vous savez que vous êtes dans le marais homo quand les boulangers font des brioches qui ont de drôles de formes. Ça c'est la boulangerie Legay choc.
Mais il y a aussi des nouveaux magasins dans le quartier, plus classiques, comme par exemple la maison du savon de Marseille...
Ça fait bizarre de se retrouver touriste et de prendre des photos sur des trajets qu'on a déjà fait plus de milles fois pendant des années. Là c'était souvent le chemin que j'empruntais pour aller au cinéma.
C'est dans les années 1980 qu'ouvrirent les premiers bars gay dans le quartier. A l'époque le Marais c'était un quartier un peu mal famé et laissé à l'abandon. Les locaux commerciaux étaient donc peu chers et permirent le développement du quartier... en même temps que la vie nocturne gays, alors que l'homosexualité venait d'être dépénalisée.
Voici le BHV (le bazar de l'hôtel de ville), le légendaire grand magasin du centre de Paris. On n'a pas vraiment le temps d'aller y faire un tour... et d'ailleurs on a déjà fait les Galeries Lafayette l'autre jour.
On ne verra pas non plus l'Hôtel de Ville qui se trouve juste derrière... peut être en passant devant demain?
Il est maintenant temps pour nous de quitter le Marais et le quartier gay en traversant la rue Beaubourg par l'un de ces passages cloutés qui ont été décorés d'un arc en ciel il y a quelque temps.
Récemment des fachos homophobes ont tenté de les effacer. Y'a vraiment des cons partout...
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