Riga - Jour 2 - Partie 2 - Suivez le guide
C'est bientôt midi, l'heure à laquelle commence le Free guided tour, pour lequel nous avons rendez vous devant l'église Saint Pierre. C'est devenu un peu une tradition pendant mes voyages...
Et pas seulement pour moi, car on est assez nombreux à attendre devant la porte de l'église. Il y a même plusieurs agences de guides dont certains proposent leur service pour 11€.
Le vrai Free guided tour est facile à repérer, c'est celui qui a une vielle valise en carton jaune toute pourrie! Il y assez de monde pour faire 2 groupes, ce qui tombe bien car il y a deux guides. Le notre sera ce jeune garçon barbu et tatoué, Krystof.
Suivez le guide ça commence!
On commence par contourner l'église pour nous engouffrer dans une cour intérieure où se trouve la reproduction de la muraille qui entourait la vieille ville au moyen age. Puis nous continuons la visite par des rues quelconques et nous passons devant l'auberge de jeunesse d'où partaient jadis le Free guided tour et qui organise celui-ci.
Le passage souterrain nous permet d'accéder à l'entrée du grand marché central (avec en toile de fond des musiciens indiens d'Amérique qui jouent la musique de Super Mario... va comprendre!). Les 5 énormes hangars à Zeppelin ont été rachetés aux allemands dans les années 30 pour héberger le marché central de la ville, qui est devenu depuis un lieu emblématique de Riga.
Nous sommes du côté de la "ville basse", c'est à dire à l'extérieur des anciennes fortifications qui entouraient la ville de Riga, et donc dans la partie réservée jadis au petit peuple, alors que les riches bourgeois allemands habitaient dans la ville haute, de l'autre côté de la muraille.
Ce qui fit la fortune de Riga, ce fut sa position stratégique sur les routes qui reliaient la Russie et l'Europe...
Mais revenons à nos affaires. Nous sommes samedi, et c'est donc jour de marché dans le marché central. Les lettons mangent beaucoup de légumes, et surtout de champignons qui pullulent dans les forêts du pays. Et il n'est pas rare qu'en été on croise dans les forêts des gens qui se baladent le panier à la main à la recherche de champignons, mais aussi de fruits rouges, myrtilles et framboises. D'ailleurs je crois que j'en ai aperçu sur le marché, avec un petit panneau 'Latvia' pour rassurer sur la provenance du produit...
Au printemps, on boit traditionnellement un genre de boisson à base de sève d'érable, que nous ne pourrons malheureusement pas goûter.
Et puis bien entendu, toute une partie du hangar est destinée au poisson fumé de toute sorte, spécialité du pays...
A l'extérieur des hangars, il y a les vendeurs de vêtements et objets divers, ce qui mène à une surface globale de 16000 m² pour le marché.
Éloignons nous maintenant du marché pour aller vers d'anciens entrepôts de brique, utilisés jadis pour décharger les bateaux de leur cargaison en vue de la vente sur le marché. Ils ont été récemment réhabilités en salle de concert et restaurant, et des animations sont d'ailleurs en train de se préparer pour la fête de la ville ce soir...
Juste derrière se trouve un mur entouré de fils barbelés. C'est là que se trouve le musée de l'holocauste, qui est malheureusement fermé en ce moment.
C'est l'occasion pour Krystof de nous en dire un peu plus sur l'Histoire de son pays. La Lettonie acquiert son indépendance dans les années 1920, mais la démocratie fut de courte durée car un dictateur, Karlis Ulmanis, prit peu à peu le pouvoir. Alors qu'Hitler menaçait de plus en plus d'envahir le pays, et comme le pays n'avait pas les moyens de lui résister, Ulmanis décida de s'allier à l'URSS en demandant la protection de Staline. Le petit père des peuples vit là une bonne occasion pour prendre peu à peu le contrôle de la Lettonie: après des élections truquées, ce fut alors les années noires de 1940/1941, où l'on envoya tous ceux qui n'étaient pas contents au goulag en Sibérie (plus de 70000 personnes).
Autant dire que les Nazis qui envahirent le pays en 1941, furent presque accueillis en libérateurs, mais ce fut de courte durée car la déportation (des juifs cette fois-ci) commença.
C'est à cet endroit même que se situait le ghetto où les juifs étaient regroupés avant d'être envoyés dans les camps d'extermination.
Krystof nous raconte l'histoire de ce jeune homme letton engagé dans l'armée nazi, et qui aida 60 personnes à s'échapper du ghetto et à se cacher.
On continue notre balade dans ce quartier calme et un peu mort en se rendant devant une jolie église bleue cachée entre plusieurs immeubles: l'église luthérienne de Jésus.
Elle a la particularité d'être restée construite entièrement en bois, bien qu'elle ai brûlé 3 fois, tout comme le quartier qui jadis possédait plein de maisons de bois.
En effet, ce quartier était habité par des gens simples: ouvriers et artisans, qui habitaient donc de simples maisons construites dans un matériau bon marché.
Il y avait aussi une autre raison pour laquelle les maisons du quartier devaient être en bois: il était prévu que, en cas d'attaque de la ville, le quartier puisse être facilement rasé pour se transformer en champ de bataille, les familles ayant été évacuées à l'intérieur des remparts de la ville.
C'est ce qui arriva quand les armées napoléoniennes traversèrent le pays durant la campagne de Russie. Quand les soldats lettons aperçurent un gros nuage de fumée à l'horizon (annonçant les armées françaises), ils rasèrent comme prévu les quartiers alentours, se préparant à la bataille... pour s'apercevoir que le nuage en question n'était qu'un troupeau de mouton passant au loin. Les armées de Napoléon, elles, avaient soigneusement évité la ville en traversant le pays plus au sud... c'est balot!
On profita donc de l'espace libéré pour reconstruire le quartier avec plus de parcs et cette fois-ci des bâtiments de pierre pour les ouvriers... sauf pour cette église bien sûr, et pour quelques autres petites maisons abandonnées que l'on aperçoit...
On passe bien entendu devant le grand building du palais de la culture et de la science, "cadeau" de l'URSS à son voisin et ami letton. Il devait être construit pour les 80 ans de Staline et dédié à accueillir les paysans travaillant dans les Kolkhoze lorsque ceux-ci venaient à la capitale.
Staline mourut avant l'inauguration et Kroutchev décida d'en faire un bâtiment dédié à la technologie.
Il abrite aujourd'hui des bureaux privés.
Nous retournons maintenant dans la "ville haute" en traversant la gare des trains (qui date de l'ère soviétique), l'occasion pour notre guide de nous indiquer quel train prendre pour aller visiter la région, et notamment Jurmala... ça tombe bien, je comptais justement y aller un de ces jours!
Dans le futur, il est prévu de faire un TGV qui reliera Riga à Vilnius et Tallinn, permettant de relier un peu plus les 3 pays baltes...
Nous voilà dans la cour intérieure du Berga Bazaar , du nom de l'architecte monsieur Berg qui construisit tous les édifices de ce pâté de maison dans l'idée d'en faire un ensemble de magasins et cafés organisés autour de cours intérieures, à l'écart de la ville. Berg n'était pas son vrai nom: il était letton mais comme cela se faisait couramment à l'époque, il a adopté un nom germanique pour être accepté parmi la société bourgeoise de la ville haute.
Pas loin de là se trouve le parc Vermanès (où nous sommes déjà passé hier soir), où il y a plein d'animations et de stands de nourriture. Je le sais déjà mais je laisse le guide raconter que le parc fut le premier parc public de la ville, suite au souhait d'une riche veuve qui en a fit cadeau aux habitants...
Et voilà enfin de monument de la liberté, qui est un peu l'Arc de Triomphe de Riga. Tout en haut de cette colonne, il y a Milda, la déesse de la liberté qui brandit les 3 étoiles représentant les 3 régions qui constituaient la Lettonie en 1935, quand le monument fut érigé. A cette époque, il représentait la liberté retrouvée du tout jeune pays au lendemain de l'indépendance.
Pourtant, lors de l'occupation soviétique, on préféra - plutôt que de détruire le monument - lui donner une autre signification: la statue représentait alors la mère Russie tenant dans ses mains les 3 étoiles des pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie).
Hier je n'avais pas remarqué les 2 soldats qui gardent en permanence le monument . Y'a vraiment des métiers à la con...
"Tu fais quoi comme boulot?" "Je reste toute la journée debout au soleil devant un monument sans bouger."
Nous voici déjà arrivés au dernier arrêt de notre visite de 2 heures: le parc de l'esplanade.
Il est 14h passé, il est temps de laisser un petit pourboire à Krystof et d'écouter ses quelques derniers conseils concernant le déjeuner.
Et puis je retrouve ma liberté...
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Et pas seulement pour moi, car on est assez nombreux à attendre devant la porte de l'église. Il y a même plusieurs agences de guides dont certains proposent leur service pour 11€.
Le vrai Free guided tour est facile à repérer, c'est celui qui a une vielle valise en carton jaune toute pourrie! Il y assez de monde pour faire 2 groupes, ce qui tombe bien car il y a deux guides. Le notre sera ce jeune garçon barbu et tatoué, Krystof.
Suivez le guide ça commence!
On commence par contourner l'église pour nous engouffrer dans une cour intérieure où se trouve la reproduction de la muraille qui entourait la vieille ville au moyen age. Puis nous continuons la visite par des rues quelconques et nous passons devant l'auberge de jeunesse d'où partaient jadis le Free guided tour et qui organise celui-ci.
Le passage souterrain nous permet d'accéder à l'entrée du grand marché central (avec en toile de fond des musiciens indiens d'Amérique qui jouent la musique de Super Mario... va comprendre!). Les 5 énormes hangars à Zeppelin ont été rachetés aux allemands dans les années 30 pour héberger le marché central de la ville, qui est devenu depuis un lieu emblématique de Riga.
Nous sommes du côté de la "ville basse", c'est à dire à l'extérieur des anciennes fortifications qui entouraient la ville de Riga, et donc dans la partie réservée jadis au petit peuple, alors que les riches bourgeois allemands habitaient dans la ville haute, de l'autre côté de la muraille.
Ce qui fit la fortune de Riga, ce fut sa position stratégique sur les routes qui reliaient la Russie et l'Europe...
Mais revenons à nos affaires. Nous sommes samedi, et c'est donc jour de marché dans le marché central. Les lettons mangent beaucoup de légumes, et surtout de champignons qui pullulent dans les forêts du pays. Et il n'est pas rare qu'en été on croise dans les forêts des gens qui se baladent le panier à la main à la recherche de champignons, mais aussi de fruits rouges, myrtilles et framboises. D'ailleurs je crois que j'en ai aperçu sur le marché, avec un petit panneau 'Latvia' pour rassurer sur la provenance du produit...
Au printemps, on boit traditionnellement un genre de boisson à base de sève d'érable, que nous ne pourrons malheureusement pas goûter.
Et puis bien entendu, toute une partie du hangar est destinée au poisson fumé de toute sorte, spécialité du pays...
A l'extérieur des hangars, il y a les vendeurs de vêtements et objets divers, ce qui mène à une surface globale de 16000 m² pour le marché.
Éloignons nous maintenant du marché pour aller vers d'anciens entrepôts de brique, utilisés jadis pour décharger les bateaux de leur cargaison en vue de la vente sur le marché. Ils ont été récemment réhabilités en salle de concert et restaurant, et des animations sont d'ailleurs en train de se préparer pour la fête de la ville ce soir...
Juste derrière se trouve un mur entouré de fils barbelés. C'est là que se trouve le musée de l'holocauste, qui est malheureusement fermé en ce moment.
C'est l'occasion pour Krystof de nous en dire un peu plus sur l'Histoire de son pays. La Lettonie acquiert son indépendance dans les années 1920, mais la démocratie fut de courte durée car un dictateur, Karlis Ulmanis, prit peu à peu le pouvoir. Alors qu'Hitler menaçait de plus en plus d'envahir le pays, et comme le pays n'avait pas les moyens de lui résister, Ulmanis décida de s'allier à l'URSS en demandant la protection de Staline. Le petit père des peuples vit là une bonne occasion pour prendre peu à peu le contrôle de la Lettonie: après des élections truquées, ce fut alors les années noires de 1940/1941, où l'on envoya tous ceux qui n'étaient pas contents au goulag en Sibérie (plus de 70000 personnes).
Autant dire que les Nazis qui envahirent le pays en 1941, furent presque accueillis en libérateurs, mais ce fut de courte durée car la déportation (des juifs cette fois-ci) commença.
C'est à cet endroit même que se situait le ghetto où les juifs étaient regroupés avant d'être envoyés dans les camps d'extermination.
Krystof nous raconte l'histoire de ce jeune homme letton engagé dans l'armée nazi, et qui aida 60 personnes à s'échapper du ghetto et à se cacher.
On continue notre balade dans ce quartier calme et un peu mort en se rendant devant une jolie église bleue cachée entre plusieurs immeubles: l'église luthérienne de Jésus.
Elle a la particularité d'être restée construite entièrement en bois, bien qu'elle ai brûlé 3 fois, tout comme le quartier qui jadis possédait plein de maisons de bois.
En effet, ce quartier était habité par des gens simples: ouvriers et artisans, qui habitaient donc de simples maisons construites dans un matériau bon marché.
Il y avait aussi une autre raison pour laquelle les maisons du quartier devaient être en bois: il était prévu que, en cas d'attaque de la ville, le quartier puisse être facilement rasé pour se transformer en champ de bataille, les familles ayant été évacuées à l'intérieur des remparts de la ville.
C'est ce qui arriva quand les armées napoléoniennes traversèrent le pays durant la campagne de Russie. Quand les soldats lettons aperçurent un gros nuage de fumée à l'horizon (annonçant les armées françaises), ils rasèrent comme prévu les quartiers alentours, se préparant à la bataille... pour s'apercevoir que le nuage en question n'était qu'un troupeau de mouton passant au loin. Les armées de Napoléon, elles, avaient soigneusement évité la ville en traversant le pays plus au sud... c'est balot!
On profita donc de l'espace libéré pour reconstruire le quartier avec plus de parcs et cette fois-ci des bâtiments de pierre pour les ouvriers... sauf pour cette église bien sûr, et pour quelques autres petites maisons abandonnées que l'on aperçoit...
On passe bien entendu devant le grand building du palais de la culture et de la science, "cadeau" de l'URSS à son voisin et ami letton. Il devait être construit pour les 80 ans de Staline et dédié à accueillir les paysans travaillant dans les Kolkhoze lorsque ceux-ci venaient à la capitale.
Staline mourut avant l'inauguration et Kroutchev décida d'en faire un bâtiment dédié à la technologie.
Il abrite aujourd'hui des bureaux privés.
Nous retournons maintenant dans la "ville haute" en traversant la gare des trains (qui date de l'ère soviétique), l'occasion pour notre guide de nous indiquer quel train prendre pour aller visiter la région, et notamment Jurmala... ça tombe bien, je comptais justement y aller un de ces jours!
Dans le futur, il est prévu de faire un TGV qui reliera Riga à Vilnius et Tallinn, permettant de relier un peu plus les 3 pays baltes...
Nous voilà dans la cour intérieure du Berga Bazaar , du nom de l'architecte monsieur Berg qui construisit tous les édifices de ce pâté de maison dans l'idée d'en faire un ensemble de magasins et cafés organisés autour de cours intérieures, à l'écart de la ville. Berg n'était pas son vrai nom: il était letton mais comme cela se faisait couramment à l'époque, il a adopté un nom germanique pour être accepté parmi la société bourgeoise de la ville haute.
Pas loin de là se trouve le parc Vermanès (où nous sommes déjà passé hier soir), où il y a plein d'animations et de stands de nourriture. Je le sais déjà mais je laisse le guide raconter que le parc fut le premier parc public de la ville, suite au souhait d'une riche veuve qui en a fit cadeau aux habitants...
Et voilà enfin de monument de la liberté, qui est un peu l'Arc de Triomphe de Riga. Tout en haut de cette colonne, il y a Milda, la déesse de la liberté qui brandit les 3 étoiles représentant les 3 régions qui constituaient la Lettonie en 1935, quand le monument fut érigé. A cette époque, il représentait la liberté retrouvée du tout jeune pays au lendemain de l'indépendance.
Pourtant, lors de l'occupation soviétique, on préféra - plutôt que de détruire le monument - lui donner une autre signification: la statue représentait alors la mère Russie tenant dans ses mains les 3 étoiles des pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie).
Hier je n'avais pas remarqué les 2 soldats qui gardent en permanence le monument . Y'a vraiment des métiers à la con...
"Tu fais quoi comme boulot?" "Je reste toute la journée debout au soleil devant un monument sans bouger."
Nous voici déjà arrivés au dernier arrêt de notre visite de 2 heures: le parc de l'esplanade.
Il est 14h passé, il est temps de laisser un petit pourboire à Krystof et d'écouter ses quelques derniers conseils concernant le déjeuner.
Et puis je retrouve ma liberté...
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