Tallinn - Jour 3 - Partie 2 - Les hydravions
Nous sommes donc dans le tramway qui nous ramène vers le centre ville de Tallinn.
Et peu à peu les bâtiments autour de nous deviennent plus modernes, plus imposants...
C'est vrai que retranchés à l'intérieur des murailles de la vieille ville, on ignore totalement que tout autour il y a la vie des talliniens, qui ont autre chose à faire que du tourisme dans leur propre cité...
Mais cela ne dure pas longtemps car revoici les fortifications, les tours et les flèches des églises, et nous finissons par descendre du tram à l'arrêt exact où nous l'avions pris ce matin.
Nous allons nous rendre maintenant à la zone portuaire de Lennusadam, qui ne se trouve pas bien loin en fait: c'est juste quinze minutes à pieds en traversant le quartier pittoresque de Kalamaja.
D'ailleurs sur le chemin nous aurons l'occasion de découvrir de nouvelles maisons typiques de ce quartier, avec leurs murs de bois élégamment colorés...
Google Maps nous fait faire des zigzags mais nous y voilà enfin.
Le complexe du musée des hydravions - où nous allons - se trouve juste à côté de la prison abandonnée de Patarei (que nous avait conseillé notre guide à Helsinki). C'est vrai que ça doit être intéressant et original de visiter ce genre d'endroit...
La prison est située tout contre la plage, ce qui veut dire que depuis leur cellule certains prisonniers pouvaient voir la mer... et peut être rêver de liberté.
Construite initialement comme caserne militaire en 1840, elle fut transformée en prison par les soviétiques en 1920 et ne ferma ses portes qu'en... 2005.
Elle est très symbolique car c'est là que les nazis et les soviets emprisonnèrent certains opposants politiques.
C'est vrai qu'une visite guidée aurait été une bonne idée...
Là bas, c'est le petit port de Lennusadam où nous nous rendons. Tout un tas de vieux bateaux de guerre ont été amarrés sur ses quais. Nous en visiterons peut être quelques uns après le musée, pourquoi pas?
Mais pour l'instant c'est le grand hangar des hydravions (construit il y a presque 100 ans) qui nous intéresse.
Enfin... pour l'instant nous cherchons surtout un restaurant pour déjeuner!
Peut être y en a-t-il un à l'intérieur du musée?
En effet, il y en a un à l'étage, avec une superbe vue sur l'immense hangar qui contient le musée.
Il est quand même impressionnant ce bâtiment... et c'est tout sombre.
Alors... comme boisson, je vais essayer le Kali, la root beer d'ici. Et puis je prends un plat de dégustation de saumon et de hareng (ça me rappelle le Danemark). Ça c'est le plat de Pierre-André, qui n'a l'air pas mal non plus...
Avant de s'attaquer au musée on fait un tour dans le magasin de souvenirs pour une carte postale. Dommage que l'on ai déjà acheté nos souvenirs car il y avait ici plein de trucs intéressants.
La visite du musée commence par le premier étage, avec une longue passerelle qui traverse toute la longueur de l'édifice...
Le musée est organisé de façon logique: tout ce qui est exposé en haut est hors de l'eau (tanks, bateaux...) et tout ce qui est en bas est sous-marin (le sous-marin par exemple...). Et bien sûr il y a un hydravion dans les airs.
D'ici on a déjà une belle vue d'ensemble sur tout ce que nous allons voir... et ça fait envie!
Et nous avons plein de choses à découvrir, comme ces trimarans qui sont faits pour se déplacer sur la glace. Un sport venu des Etats unis et qui est de plus en plus pratiqué ici. Chaque année a lieu une compétition très prisée en mer baltique.
Ça peut filer à plus de 100 km/h ces engins là!
A notre droite, tout un ensemble de flotteurs utilisés en mer où sur les lacs pour avertir d'un danger sous marin (rocher ou autre). La plupart sont fabriqués en Russie.
Plus loin voici divers voiliers, avec le plus petit d'entre eux le fameux optimiste. Le plus ancien exposé ici date de 1960 et a une coque en bois.
Passons sur la passerelle en face avec au dessus de nos têtes une reproduction des fameux hydravions pour lesquels a été construit le hangar où nous nous trouvons. Etant donné le nom du musée, je pensais que l'exposition entière leur était consacrée, mais en fait c'est juste en rapport à l'origine du bâtiment...
Quand à cet hydravion il s'agit d'un Short Type 184 (construit en 1915), le premier au monde a avoir réussi une attaque à la torpille.
De ce côté-ci on évoque les défenses terrestres érigées pendant la guerre sur les côtes de la mer baltique. La muséographie est très interactive. On peut par exemple tenter d'abattre les avions ennemis avec un vrai canon dans ce jeu vidéo...
Pierre-André prend les manettes, et je lui emboîte le pas...
"tatatatata! tatatatata!" C'est pas évident de viser juste.... j'aurais fait un très mauvais soldat.
Et puis le visiteur est invité à s'installer dans les véritables canons et à les manipuler... c'est assez maniable ces engins!
Devant le char, les panneaux explicatifs nous racontent la vie de cet inventeur estonien qui élabora un instrument permettant une visée plus juste des canons.
Il y a plusieurs canons de différentes sortes. Je ne sais pas pourquoi ça me fait penser aux AT-AT dans Star Wars (à chacun ses références).
Il y a même les plans d'un canon à plusieurs étages creusés en sous sol qui avait été installé sur les frontières estoniennes.
Continuons avec la pièce maitresse du musée: le sous-marin Lembit dans lequel le visiteur peut pénétrer. Il a été construit en 1936 et eut une très longue carrière avec entre autre des états de service durant la seconde guerre mondiale, puis sous l'armée soviétique...
Pour entrer, il faut monter sur le pont et emprunter cet étroit hublot, tout comme le faisaient les véritables marins à l'époque...
Voilà qui nous donne déjà un avant goût de ce que nous allons trouver à l'intérieur, où tout est si étroit que chaque espace a été optimisé au maximum.
En tout l'équipage comptait 32 personnes...
Dirigeons-nous d'abord vers l'avant pour observer les impressionnants lance-missiles, avec leur multitude de cadrans énigmatiques... Et attention où vous mettez les pieds c'est aussi là qu'il entreposaient les mines! Il y a en a encore d'autres cachées sous la carlingue...
Pour passer d'une pièce à l'autre il faut franchir des portes 'hublot' qui peuvent être fermées de façon hermétique au cas où une partie du sous-marin était inondée.
Voilà la pièce réservée aux officiers, carrément luxueuse avec meubles en bois et velours rouge sur les fauteuils.
Il ont même droit à leurs toilettes individuelles!
C'est autre chose du côté de l'unique chambre dédiée au reste de l'équipage. Il n'y avait même pas un lit par personne: 2 marins devaient partager le même couchage à tour de rôle, en alternant leur tour de garde...
Pour les effets personnels, chacun avait droit à l'un de ces petits coffres au milieu de la pièce... et c'est tout.
La salle des commandes (avec le périscope) se trouve juste à côté de la salle des officiers, puis il y a la cuisine et la salle des machines et enfin la chambre commune des simples marins.
Le moins que l'on puisse dire c'est que l'intérieur du sous-marin n'est pas très spacieux... claustrophobes s'abstenir.
Nous changeons maintenant d'étage et on s'enfonce donc dans les profondeurs...
Intéressons-nous d'abord à l'histoire du hangar dans lequel nous nous trouvons. A l'approche de la première guerre mondiale il fut commandé par le Tsar afin d'y abriter des hydravions. Il n'était cependant pas totalement terminé lorsque la guerre débuta, mais il fut quand même partiellement utilisé.
La particularité de cette construction ce sont ses dômes de béton sans pylônes intermédiaires, une prouesse technique pour l'époque.
Du temps des soviets, le bâtiment fut utilisé un temps puis laissé à l'abandon. Mais après la révolution chantante il fut racheté par un particulier désireux de faire un placement immobilier. Le nouvel état voulut alors récupérer le hangar en le classant au patrimoine culturel du pays et fit un procès au propriétaire pour récupérer les lieux.
Commença alors une longue rénovation de plusieurs années avant de décider d'en faire un musée qui ouvrit ses portes en 2012.
Si vous le voulez, vous pouvez chausser des lunettes de réalité virtuelle pour voir une reconstitution 3D des différentes étapes de la vie du hangar. C'est assez génial en fait: le bâtiment se construit sous nos yeux...
Dans le même ordre d'idées il y a plus loin un grand écran sur lequel sont projetés des poissons qui peuvent être dessinés par les jeunes visiteurs: il suffit d'esquisser son poisson sur une feuille et de la scanner, et alors il apparaît à l'écran, en train de nager...
Plus loin on peut revêtir des costumes de marins et de commandants pour un instant photo souvenir...
Moi, je suis plus intéressé par l'exposition de maquettes qui nous permettent de remonter le temps et de raconter l'histoire des sous-marins à travers les âges. Tout d'abord le premier d'entre eux, imaginé dans l'antiquité pour les besoins de la pêche.
Puis plus rien jusqu'à la guerre de sécession où on tenta de créer un sous-marin lanceur de torpilles, le Hunley. Les moyens étaient encore rudimentaires: l'engin était mû par la force des bras et la lance explosive, si elle était mal manipulée, menaçait de faire exploser le sous marin lui-même.
Quelques années plus tard les français développèrent "le plongeur", un sous-marin utilisant l'air comprimé pour se mouvoir.
Il y a aussi la longue maquette du Koursk, un immense sous-marin russe qui a sombré au fond des eaux en Aout 2000 avec 118 hommes à son bord. Je crois qu'ils ont fait un film sur la tentative de sauvetage et la longue agonie des marins... triste histoire.
Dans la petite salle en forme de sous-marin jaune on peut aller voir un film documentaire sur les épaves de bateau... finalement plutôt décevant.
Dans ce musée, on a vraiment pensé aux enfants jusqu'au bout: il y a même un bassin avec des bateaux téléguidés! Il y a aussi un simulateur de vol dans une carcasse d'hydravion, et si vous êtes adroits de vos mains vous pouvez même tenter de faire des avions en papier... et viser juste!
Je commence un peu à fatiguer... Je pense que je vais jeter un œil distrait sur ce qu'il reste de l'exposition: quelques maquettes, des torpilles, des grosses mines sous-marines, le reste d'un bâteau datant de l'ère des vikings...
...et puis nous voilà dehors!
A l'extérieur, le soleil a laissé la place à de gros nuages. Je sens même quelques gouttelettes...
Notre visite des lieux n'est pas terminée, car il y a plein de choses à voir dehors, à commencer par la reproduction à l'identique de ce vieux sous-marin de bois.
On va également se diriger vers le petit port, transformé en musée naval.
On peut monter sur les bateaux: sur le plus grand d'entre eux par exemple, le brise glace Suur Toll.
Né en 1914 en Russie, il servit d'abord dans l'armée Russe afin de maintenir les routes commerciales de la mer baltique pendant les longs mois d'hiver. Puis il passa sous drapeau Finlandais avant d'être cédé à la nouvelle république estonienne, puis bien entendu fut récupéré par les Russes sous l'ère soviétique...
Après une balade sur le pont, on peut descendre visiter la salle des machines avec ses 3 grosses chaudières alimentées par des gros fours à charbon: 4500 chevaux.
Les cabines des officiers sont carrément luxueuses tout en restant assez étroites, et voici la grande salle à manger, avec son piano dans un coin de la pièce... classe!
Je crois qu'ils sont en train de vider le navire. Et oui, il est déjà 19h! Le musée va fermer se portes...
On essaie de visiter d'autres bateaux mais là aussi ils sont fermés. On peut néanmoins monter sur le pont de ceux qui sont exposés à quai, juste pour la photo...
Il est donc temps pour nous de nous en aller et de quitter le petit port et ses sympathiques embarcations...
Ce fut une fois de plus une journée pleine de découvertes, mais elle n'est pas terminée car la vieille ville de Tallinn nous attends pour entamer le début de notre soirée...
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