Paris - Jour 4 - Partie 4 - Un air de victoire

Nous retournons donc dans le quartier des Halles pour nous retrouver devant l'église Saint Eustache, dont l'une des entrées donnait jadis directement sur le pavillon des halles et en faisait donc la paroisse préférée des marchands.


Construite en 1633, elle est d'un style particulier, entre gothique et renaissance, avec de jolies gargouilles fleuries et des piliers de style antiques mais aussi de longues nefs pointées vers le ciel. Perso je préfère cette église à Notre Dame, surtout de l'intérieur vous allez voir...


Comme vous le voyez, le fronton est resté inachevé: il manque la tour sud qui n'a jamais été construite. En plus là il semble qu'il y ai des opérations de rénovation en attente...
La construction de la façade fut d'ailleurs fastidieuse: La première version, déjà inachevée, a dû être totalement repensée en 1754 car elle menaçait de s'effondrer. Mais l'argent manqua également pour terminer totalement celle-ci.


Le transept de la porte sud est nettement plus élégant, et nous montre mieux la hauteur de l'édifice. Tout en haut on aperçoit le cadran solaire et plus loin à droite il y a même une méridienne, instrument qui permettait à chacun de régler sa montre sur le midi solaire.


L'intérieur est lumineux et grandiose, avec une hauteur sous voute de 33 mètres.


Avec 105 mètres de long et 43 mètres de large, ses proportions sont presque équivalentes à celles de Notre Dame... mais avec les touristes en moins.


La nef est entourée de 25 chapelles avec plusieurs tableaux et sculptures remarquables, notamment le tombeau de Colbert et la vierge à l'enfant de Jean Baptiste Pigalle.


Quelques chapelles étaient entretenues par les confréries de marchands des Halles, et il y en a même une qui porte le nom de 'chapelle des charcutiers'. 


Dans certaines d'entre elles, il y a des œuvres d'artistes contemporains.
Par exemple celle-ci (de Raymond Mason) évoque le départ des fruits et légumes du cœur de Paris dans les années 70...


Plus récente, voici une vidéo représentant un cœur qui bat en images de synthèse... On ne s'attendrait vraiment pas à ce genre de truc dans une ancienne église. Surtout au milieu des tableaux et statues des siècles anciens...


Cette œuvre-ci est plus connue: voici le triptyque de Keith Haring sur la vie du Christ. J'aime bien cet artiste Pop qui est mort du Sida dans les années 80, juste avant que cet œuvre ne soit terminée et installée ici.


Mais nous ne sommes pas venus à Saint Eustache que pour en admirer l'architecture.
Tous les dimanches à 17h a lieu ici un concert gratuit avec la grande orgue que l'on voit au dessus de la porte. Le jeune organiste vient justement de se mettre à son clavier...


Il entame alors les morceaux et les sons résonnent dans toute l'église, faisant résonner les murs et réussissant à couvrir le chahut des supporters à l'extérieur (le match vient de commencer je crois).
C'est toujours impressionnant, surtout à la fin quand l'organiste lâche tout et pousse à fond les tuyaux...


Après quelques applaudissements bien mérités, il est temps pour nous de partir car la messe va commencer dans quelques minutes...


Mais, juste avant de sortir, un des employés de l'église propose à qui le veut bien de monter tout en haut afin d'aller observer l'orgue de plus près, ainsi que l'organiste en plein travail.
On a d'ici une vue plongeante sur la nef...


Nous nous retrouvons donc à six ou sept autour de lui, à le regarder jouer les diverses musiques de la cérémonie. Il ne voit pas la salle en bas donc une caméra lui permet de suivre la messe en direct et d'intervenir au bon moment.


C'est impressionnant de le voir jouer avec toute cette multitude de boutons, ces 5 claviers... et il joue même avec les pieds... et tout ça en même temps!
Je pense qu'assister à la messe à Saint Eustache, ça doit valoir le coup... rien que pour la musique. Et en bas il y même une choriste qui chante avec une voix digne d'une chanteuse lyrique.


Au bout d'un moment, je ne me sens plus très à l'aise... j'ai l'impression de gêner un peu alors je finis par m'éclipser doucement...
Nous voici de retour dans le tumulte de la ville, et nous avons plein de bars à croiser sur notre route, car j'ai prévu de remonter la rue Montorgueil, alors attention!


Bon, comme vous le voyez, c'est la foule devant les écrans des bars. Je passe devant le premier d'entre eux et... Buuuut!!! Tout le monde saute autour de moi.


Imperturbable, j'essaie de me frayer un chemin entre les supporters...
Quand les Halles ont déménagé, la rue Montorgueil est l'une des seules qui a su garder son caractère marchand et on y trouve encore quelques primeurs et commerces de bouche, mais aussi plusieurs restaurants célèbres.
Par exemple voici l'Escargot, fondé en 1832 et spécialisé dans... l'escargot de Bourgogne! Ce restaurant a accueilli les plus grands noms (Proust, Picasso, Sacha Guitry...) et est même classé monument historique.


Elle est longue la rue Montorgueil et par endroit c'est un peu la cohue. J'ai un peu du mal à passer entre les supporter... c'est limite chiant cette foule. 
Revoilà un autre bar et à nouveau... Buuuut!!!
Alors là c'est carrément la folie. J'évite de justesse quelques fumigènes, mais je reçois une bonne giclée de champagne (puis de bière) dans les cheveux... 


Je vais garder mon calme et tenter de poursuivre mon chemin. D'autant plus que j'aperçois quelques autres emblèmes de la rue Montorgueil. 
Le rocher de Cancale est un restaurant ouvert en 1845 et qui était spécialisé dans les huitres. Honoré de Balzac le fréquentait et en fit même l'un des lieux de rencontre des personnages de sa comédie humaine. Lui aussi est classé à l'ordre des monuments historiques.


Nous voici devant la pâtisserie Stohrer, fondée en 1730 par l'ancien pâtissier du roi de France. C'est la plus ancienne pâtisserie de Paris.


Nicolas Stohrer est connu pour être l'inventeur du baba au rhum, et d'ailleurs il trône au milieu de la vitrine. C'est le moment de se prévoir un petit gouter! Mais pas de baba car je n'aime pas l'alcool.
Je discute un peu avec les vendeurs qui trouvent eux aussi leurs nouveaux voisins 'un peu bruyants', puis je me décide pour un élégant mille feuille...


Je vais tenter de m'éloigner un peu de la foule de la rue Montorgueil... on va rentrer à la maison!
Encore quelques bars et restaurants sur notre passage, mais ça va on devrait arriver sain et sauf à l'appartement...


Voici le passage du Grand cerf, une autre galerie marchande couverte datant de 1825.
Toujours élégantes... mais presque toujours vides de monde.


Rue Saint Denis, on aperçoit encore quelques supporters et leurs drapeaux bleu blanc rouge, mais ça va. 
Jadis réputée pour ses sex shop et ses filles de joie, elle est depuis quelques années réhabilitée et envahie par les boutiques de fringue, les bars et restaurants...


Voici le Monoprix du boulevard Sébastopol, installé dans l'ancien magasin de monsieur Félix Potin (son nom est encore inscrit sur l'immeuble). Cet épicier révolutionna le métier dans les années 1850 en appliquant des règles plus favorables au consommateur. Il fut par exemple le premier à vendre les fruits et légumes au kilo (et plus à la tête du client) et à afficher les prix qui sont négociés pour être au plus bas.


On s'approche peu à peu de notre destination. Voici l'entrée du Musée des Arts et métiers, dédié aux sciences et technologies. Ils ont notamment une très belle collection d'engins motorisés.
C'est l'un des plus vieux musées de Paris puisqu'il date de 1754.


Et voici la brasserie des Arts et métiers, juste en face, et elle aussi est bien entendu envahie par les supporters français.


C'est bon, on est arrivé entier à la maison! 
Une petite douche et je mets la main sur ce délicieux mille feuille... ça fait du bien!
Pendant ce temps, la France a gagné sa deuxième étoile: pas besoin d'allumer la télé pour le savoir, il suffit d'écouter les cris de joie provenant de la rue.
Je sais c'est nul de ne pas aimer le foot: on a toujours l'impression de passer à côté de quelque chose...


Je vais juste me reposer une heure avant de repartir...
Dans mon quartier aussi il y a plein de monuments symboliques. Par exemple chaque jour je passe devant la grande synagogue de la rue Notre Dame de Nazareth. C'est l'une des plus anciennes de Paris, construite en 1852. L'intérieur est assez vaste, et il y a même une orgue, choses assez rare dans les synagogues.


J'habite aussi tout près de la place de la République, où c'est la folie en ce moment. Et oui c'est l'un des endroits de Paris où ont lieu les grands rassemblements populaires!
Je me rappelle de la manifestation en hommage aux victimes de Charlie Hebdo pendant laquelle la place était noire de monde, et puis aussi tellement d'autres évènements... manifs ou autres...
Mais là, c'est un peu du grand n'importe quoi.


C'est en 1880 que la place fut rebaptisée et réaménagée pour accueillir le trafic très dense du quartier. On y érigea la célèbre statue de Marianne tenant un rameau d'olivier qui fait le bonheur de tous les grimpeurs de passage...
En 2010 la place fut à nouveau transformée pour réduire le trafic routier et la transformer en véritable place piétonne. Succès garanti avec chaque jour des skateur, badauds et enfants qui jouent... Des séances de danse de salon y sont même organisées 2 à 3 soirs par semaine...


Je m'en vais prendre mon métro (qui bizarrement est presque vide) pour ressortir quelques minutes plus tard rue Montmartre, sur les grands boulevards...


Là aussi c'est la folie. C'est même pire: on monte sur les voitures, on grimpe sur les abri bus...


Il y a un car de touristes anglais qui tente de se frayer un chemin au milieu de tout ça, et le conducteur a l'air un peu en panique. Il manque même d'écraser 2 ou 3 personnes... 


Par terre, les bouteilles et cannettes s'amoncellent et dans un coin j'aperçois un type avec le nez cassé  qui attend les secours.
Bref, j'ai pas trop envie de participer à la liesse populaire. Je vais vite m'éclipser...


Ça tombe bien car je ne ne me rends pas bien loin, je vais chez Chartier. Ce 'bouillon', classé monument historique, perpétue la tradition des restaurants populaires et pas cher de la belle époque, avec des plats simples, à la mode 'franchouillarde'.


D'habitude il y a 1 heure de queue à l'entrée (l'endroit est connu de tous les touristes étrangers) mais là aucune attente et on me trouve tout de suite une petite table rien que pour moi. Quand il y a trop de monde on hésite pas à installer plusieurs clients à la même table, à la bonne franquette...
Je pense que l'ambiance de la rue a fait fuir les touristes (quoique j'entends quelques supporters au fond de la salle).


Voici la carte. Regardez, c'est vraiment pas cher du tout, et ce sont des grands classiques de la cuisine française.
Je vais donc prendre un œuf mayo à 2€20, une blanquette à 11€20 et en dessert une pêche Melba. 
Le serveur me fait des sourires un peu forcés (je crois qu'ils préfèrent les touristes étrangers qui laissent de plus gros pourboires).


La mayonnaise est à l'huile d'olive et doit être fait maison (comme chez ma grand mère, mais en moins bien évidemment). Bon visuellement c'est pas un chef d'œuvre.


Quand à la blanquette de veau, elle me rappelle celle de ma maman...
Il n'y a que la pêche Melba qui est plutôt bof bof.


Pour prendre la commande, le serveur a noté celle-ci sur la nappe en papier: BLKT c'est pour blanquette, MAYO c'est l'œuf mayonnaise... ce qui nous fera: 20€ tout rond!
Les supporters du fond de la salle entonnent la Marseillaise... je pense que je vais y aller.


Dehors, la nuit est tombée mais l'ambiance est toujours la même. On s'éclaire avec des fumigènes, c'est plus sympa...
Fred m'envoie un SMS: demain il va sur les Champs Elysées pour accueillir les champions. Ce sera sans moi car j'ai un autre programme de prévu!


Pour l'instant, on va faire une petite balade pour rentrer à la maison (en fait ce n'est pas si loin, je l'ai déjà fait plusieurs fois). Je vais juste tenter d'éviter les grands boulevards et la cohue environnante...
Mon chemin passe devant le Grand Rex, un autre monument classé, temple du 7ème art.
Sa grande salle de 2700 places, avec sa décoration atmosphérique, est un spectacle en soi...


Je passe également devant la porte Saint Denis. Les grands boulevards sont ponctués de plusieurs arcs de triomphe comme celui-ci, qui furent construit sur les anciennes fortifications du Moyen Age, et qui remplacent donc les anciennes portes d'entrée de la ville.


Je sens que ce soir une mauvaise nuit de sommeil m'attend: les supporters enflammés viendront chanter sous mes fenêtres jusqu'à 3 heures du matin... mais ils ne sont jamais fatigués?
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------






Commentaires

Articles les plus consultés