Paris - Jour 5 - Partie 1 - Sur un air d'Opéra...

Ce matin pour le petit déjeuner: Aspirine. Les conséquences d'une mauvaise nuit avec des supporters bruyants dans la rue... 
Dehors le temps est nuageux, et il y aura même un peu de pluie durant la journée.


Enfin bon... allons y! Métro 3 station Opéra où dés la sortie nous sommes accueillis par les anges dorés du toit de l'Opéra Garnier.
Elles semblent agiter la main en signe de bienvenue...

          
C'est à la suite d'une tentative d'attentat, survenue alors que Napoléon III se rendait à son théâtre favori, que celui-ci émit le vœu que soit créé dans Paris un nouvel opéra plus grand et plus sécurisé, situé dans une large avenue plus accessible et plus digne de Paris, surnommée alors la 'ville lumière'.
Un concours fut lancé, et à la surprise générale il fut remporté par un jeune architecte quasiment inconnu: Charles Garnier.


Commençons d'abord par admirer la superbe façade de l'édifice, et ses escaliers qui ont dû voir passer bien des spectateurs depuis 150 ans...
D'une surface de 15000 m², l'opéra mit 14 ans à sortir de terre, et couta 36 millions de francs-or. 
Durant toute la durée des travaux, l'édifice fut totalement caché par des bâches, afin que la surprise soit totale lors de son inauguration...



L'architecture proposée par Garnier avait cela de particulier qu'elle était novatrice pour l'époque: un mélange de baroque et de classicisme, qui deviendra le style 'Second empire'. 
En véritable artiste obsessionnel, l'architecte tenta de contrôler tous les détails de la construction, faisant fi de toutes les critiques.
En récompense il fut invité à la soirée d'inauguration... mais dû payer sa place!


Voici donc la vue que l'on a en montant en haut des escaliers. 
L'avenue de l'opéra fut construite par le baron Haussmann en même temps que l'édifice, et d'ailleurs plusieurs immeubles n'étaient pas terminés lors de l'inauguration.
Selon le souhait de Napoléon III, elle relie l'opéra au palais des tuileries (où logeait celui-ci). Parfois ça a du bon d'être empereur...


Rassurez-vous: nous avons bien l'intention d'aller visiter l'opéra aussi de l'intérieur, mais le guichet des entrées visiteur étant pour l'instant fermé, nous allons commencer par nous rendre dans la boutique du chocolatier Lindt, juste à côté...


Oui je sais: ce sont des chocolats suisses et pas typiquement parisiens. Mais pour le petit déjeuner, ça peut être une bonne option? Le croissant au chocolat a l'air délicieux... Dommage que j'ai déjà pris mon petit déj!


Retournons donc devant l'entrée de l'Opéra Garnier, qui se fait sur la gauche, par l'ancienne entrée privée expressément créée pour que Napoléon III puisse accéder à l'intérieur du bâtiment sans sortir de son carrosse. 
Les portes ne sont pas encore ouvertes mais il y a déjà la queue...


Cette entrée (surveillée par les aigles royaux) fut très décriée à l'époque car les critiques considéraient qu'un architecte n'avait pas à courtiser les dirigeants dans son œuvre. Napoléon III ne l'utilisa d'ailleurs jamais puisque l'opéra ne fut fini qu'après la chute de l'empire, en 1870.


Néanmoins l'admiration de l'architecte pour le monarque ne fait aucun doute. D'ailleurs cette statue, représentant un jeune homme dessinant en prenant comme modèle l'aigle sur son perchoir, ne représente-t-elle pas Garnier lui-même?


Avec le billet que j'ai acheté à l'avance, je n'ai pas droit à la visite guidée mais à un audioguide, qui me permettra d'ailleurs de visiter l'édifice à mon rythme...
Nous voici tout d'abord dans la rotonde, lieu où étaient accueillis les abonnés, juste après l'entrée.
Notez la splendide mosaïque au sol, remise à la mode par Garnier.


L'architecte a signé son œuvre ici, au plafond où il a entrelacé les lettres de son nom dans cette inscription à peine lisible...


Continuons notre chemin en empruntant celui que parcouraient les abonnés quand ils pénétraient les lieux. Avant d'accéder au grand escalier, voici la petite fontaine au dessus de laquelle s'ébat la jeune oracle de Delphe. Garnier était tombé amoureux de cette statue en visitant l'atelier d'une ami sculpteuse.


Voici enfin le grand escalier de marbre, élément le plus monumental du bâtiment. 
C'est un véritable escalier d'apparat, unique pour l'époque et qui en met plein la vue, alors que l'on vient à peine d'entrer dans l'édifice...



Il est entouré de multiples balcons où l'on se pressait pour voir ou être vus, véritables balcon de théâtre donnant sur l'escalier. Pour Garnier, le spectacle devait être autant dans la salle que dans les parties commune où se rejoignaient tous les membres de la haute société, et qui constituait une véritable pièce de théâtre en soi.


L'illumination du gigantesque volume du grand escalier confère à l'endroit un aspect grandiose, qui devait certainement impressionner les spectateurs dés leur entrée dans les lieux...



L'escalier ainsi qu'une partie de la décoration allie 3 marbres de couleurs différentes: blanc, noir, rouge.
Ce n'est pas toujours très beau (pour les statues des caryatides par exemple), mais c'est une prouesse permettant avant tout de montrer le savoir faire des constructeurs...


Ce grand escalier, il est à prendre et à reprendre... surtout en photos.


Notre visite continue: par cette porte, on peut accéder à une loge et jeter un œil sur la salle de spectacle. Les machinistes sont en plein travail pour préparer un futur spectacle...
On ne le voit pas d'ici, mais le superficie de la scène est aussi exceptionnelle. Fidèle à son credo, Garnier a construit une salle dont la surface est coupée en deux: il y a autant d'espace côté scène et coulisses que côté spectateurs.


Au plafond, nos yeux sont attirés par la fresque de Marc Chagal, représentant les œuvres de grands compositeurs classiques. C'est vrai que cette œuvre moderne commandée en 1964 par Malraux détonne un peu avec le reste de la décoration... finalement j'aime bien, ça met un peu de couleur!


Entièrement vêtue de velours rouge, la salle parait bien grande, et peut accueillir 2000 places assises (dont certaines ont cependant une vue relative sur la scène).
Je suis venu une seule fois assister à un ballet ici (je ne sais plus lequel). Je me rappelle que les lieux m'avaient impressionné...


Le dôme du toit de l'opéra est soutenu par une armature en fer - une nouveauté pour l'époque - qui permettait plus de liberté dans les formes et la décoration. Néanmoins cette armature est bien cachée derrière la pierre, contrairement à celle de la Tour Eiffel que Garnier détestait.


Continuons à nous balader dans les galeries, parmi les bustes de compositeurs célèbres...


Au fond, il y a la rotonde du glacier, nommée ainsi car c'était ici qu'on servait les rafraichissements durant les (longues) entractes. Les tapisseries sur les murs représentent d'ailleurs les diverses boissons que l'on pouvait s'y faire servir: champagne, café, thé, orangeade...


La loge n° 5 n'est pas accessible mais l'audioguide connait une très bonne histoire à raconter sur celle-ci. C'est dans cette loge que siégeait le Fantôme de l'opéra, héros du roman de Gaston Leroux. Le fantôme en question (qui se prénomme Erik... coincidence?) hante les lieux afin d'obtenir les faveurs d'une jeune cantatrice dont il est amoureux et qu'il vient observer depuis cette loge... 


Revenons jusqu'au bout de la galerie en direction du foyer pour déboucher sur le salon du soleil, où noir et or se mélangent, et où des miroirs ont été disposés l'un en face de l'autre pour donner des effets d'optique.


Le salon permet d'accéder au grand foyer, où se rejoignaient les spectateurs durant les entractes. C'est le véritable clou du spectacle, avec la décoration la plus chargée de tout l'édifice: pas un seul centimètre carré n'est laissé vide. Tout n'est que dorure, dorure, dorure... ça brille!


Jadis le foyer des théâtres était interdit interdit aux dames (officiellement afin que les hommes puissent y parler affaire sans y être dérangés). Mais lors de l'inauguration, une princesse espagnole (ne connaissant pas l'étiquette) ne put s'empêcher de quitter sa loge pour venir admirer ce trésor, ce qui mit fin à cette tradition un peu misogyne...


Depuis le foyer a été utilisé pour y organiser toutes sortes d'évènements, en dehors des spectacles: bals, réceptions... Par exemple le général de Gaulle y recevait les chefs d'état étrangers.
Il est encore utilisé de nos jours pour quelques bals, comme celui de l'école polytechnique. On y a également organisé une soirée de gala pour récolter des fonds pour la rénovation de l'opéra dans les années 2000.


La lyre, symbole antique de la musique, se retrouve un peu partout dans la décoration.
Cette surcharge excessive est voulue: Charles Garnier souhaitait avant tout (d'après ses propres mots) faire parler et attiser la curiosité du visiteur.


Parmi toutes ces décorations, on peut apercevoir les visages de l'architecte et de son épouses, dissimulés au milieu des dorures.


La voix dans l'audioguide me fait remarquer que les statues qui nous entourent n'ont pas été dorées à la feuille d'or mais peintes en doré, ce qui brille moins mais permet de mieux faire ressortir les reliefs.


Autre détail: toutes les toiles placardées au plafond ont été peintes par le même artiste, Paul Baudry, ami de Garnier et avec qui il avait logé à la villa Médicis à Rome.


Par une porte au bout du foyer, nous pouvons accéder au balcon avec sa vue dégagée sur la longue avenue de l'opéra en face de nous...


Lors de sa construction, les plans de l'opéra ont été revus afin qu'il surplombe correctement les immeubles alentour (qui s'étaient construit entre temps).


Retour à l'intérieur, avec le petit salon de la lune (qui fait face à celui du soleil). Alors que le salon du soleil s'habillait de noir et d'or, ici c'est l'argent qui est à l'honneur, avec toujours cet effet d'optique de miroirs se reflétant à l'infini...


Remarquez les oiseaux peints au plafond: ce sont bien des oiseaux de nuit, volant au clair de la lune...


La visite se termine par quelques salles transformées en musée, où l'on peut voir par exemple la reproduction de l'ancienne peinture du plafond de la salle (remplacée depuis par celle de Chagal).


Il y a aussi la vieille bibliothèque, composée de plus de 600000 documents en rapport à la musique et la danse. Il y a aussi une exposition temporaire sur Picasso, mais je crois que l'on va s'en passer...


L'audioguide nous guide vers quelques derniers couloirs où l'on peut voir des anciens costumes de scène dans des vitrines, avec notamment les fameux petits rats de l'opéra.



Mais notre visite est bel et bien terminée, et d'ailleurs il est bientôt l'heure de mon rendez-vous suivant.
On ne se lassera jamais de cette superbe vue sur le grand escalier... Allez une dernière fois avant de reprendre la route!


Il faut maintenant nous éloigner des marches de l'opéra... 
Pas de temps à perdre: moi j'ai un vol à prendre!


Le lieu d'embarquement se trouve à deux rues d'ici et s'appelle Flyview. C'est une attraction de simulation de vol pendant laquelle on plane au dessus de la capitale à bord d'un drôle d'engin.
En fait, les images sont de vraies films pris par drone et qui survolent les  monuments parisiens.


La salle d'attente ressemble à un hall d'embarquement d'aéroport spatial, avec panneau d'affichage et annonces au micro.
Voilà notre hôtesse qui nous invite à la suivre dans la salle où vont nous être précisées les consignes de sécurité. "Votre ceinture s'attache et se détache comme ceci. En cas de dépressurisation de l'appareil n'oubliez pas d'enlever votre masque 3D avec lunettes incorporées".


C'est parti pour 15 minutes de vol, décollage immédiat! Le sol vibre sous nos pieds puis s'efface et nous nous envolons. 
C'est plutôt bien fait. Le seul moment où je trouve que ce n'est pas trop réaliste, c'est celui où on passe des 'portes' spatiales pour aller d'un lieu à un autre. Par contre on a bien la sensation de liberté avec la possibilité de regarder le paysage à 360° avec le casque 3D.


Mais 15 minutes, c'est bien court pour faire les toits de l'opéra, la tour Eiffel, l'arc de triomphe, et passer entre les tours de Notre Dame...
Et nous voici déjà revenus, avec dans les mains une photo souvenir offerte "en l'honneur de la victoire des bleus".


Nous voilà sortis pile poil à l'heure du déjeuner... 
Mais pour une fois nous allons faire une incartade à nos bonnes spécialités parisiennes: nous allons un peu voyager.


Oui, car juste à côté du quartier de l'opéra se trouve l'un de mes quartiers préférés de Paris: la rue Sainte Anne, le quartier... japonais!
On commence d'abord par traverser le passage Choiseul, l'un de ces nombreux passages couverts qui faisaient fureur au début du 19ème siècle (et dont nous avons déjà parlé).


C'est dans les années 80 que les premiers restaurants japonais se sont installés dans cette rue. Paris était alors une destination de choix pour les touristes et travailleurs nippons qui pouvaient venir ici retrouver un peu de leur pays.
C'est devenu une véritable institution, et quand vous venez ici le samedi midi il y a la queue à bon nombre des nombreux restaurants de la rue et des alentours.


Il doit bien y avoir un ou deux restaurants à sushi, mais ici les spécialités ce sont plutôt... tout le reste! Et à vrai dire c'est plus ressemblant à ce qui se fait au Japon (où les restaurants à sushi sont moins nombreux que ce qu'on pourrait penser).
Par exemple le Happatei est spécialisé dans les okonomiyaki (genre de grosses crêpes remplies de plein de choses) et les takoyaki (ici en photo). Miam!


Il y a aussi beaucoup de restaurants de nouilles: udon, soba... Voici Higuma, réputé pour ses ramens. Si vous vous asseyez au comptoir, vous pourrez observer les cuistots en train de griller les gyozas sur des plaques spéciales...
Il y a plein d'adresses dans le quartier que je pourrais vous conseiller: le Kintaro et ses délicieux currys, les Udon de Kunitoraya, les ramens de Kadoya, et pour le sucré Tomo le spécialiste des dorayaki... et plus récemment le Kodawari, dont les ramens sont parait-il meilleures qu'au Japon!


Il n'y a pas que des restaurants nippons dans le quartier, on trouve aussi des supermarchés japonais, des agences de voyage spécialisées dans le Japon, des boutiques d'artisanat, des librairies japonaises, un vendeur de saké... il y a même une boulangerie japonaise! On y vend bien sûr du pain et des baguettes, mais aussi des brioches à l'azuki (de la pâte de haricot rouge) ou des cornets au matcha ou au yuzu, et bien sûr le célèbre melon pan, genre de brioche sucrée très célèbre au japon.


J'ai fait mon choix pour le restaurant: nous allons nous rendre au petit Naniwa ya, en souvenir de tous les repas que j'y ai fait alors que je prenais des cours du soir (de japonais) dans le quartier.
Naniwa, c'est l'ancien nom de la ville d'Osaka...


Je sais déjà ce que je veux: un Hiyashi Chuka. C'est une spécialité servie seulement en été, car elle est très rafraichissante: ce sont des nouilles froides agrémentées de jambon, omelette, concombre, d'une sauce sucrée et d'un brin de moutarde (française).
Je me suis assis au comptoir, en face du cuisinier qui me prépare mon plat... Deux dames japonaises viennent s'asseoir à côté de moi et commandent la même chose.


Après cette parenthèse au pays du soleil levant, revenons dans la capitale française pour un petit kawa dégusté au comptoir du café San José, juste à côté. J'ai toujours voulu y entrer...


A 1€, c'est l'expresso le moins cher de Paris, et pour ce prix là... il est très bon!


Reprenons notre balade, en nous éloignant en direction de la place des Victoires, où nous apercevons déjà la statue équestre de Louis XIV au centre de la place.


En chemin, je ne vais pas oublier de jeter un œil sur la galerie Vivienne, l'une des plus anciennes et plus élégante galeries couvertes de Paris. Tombée en désuétude, elle fut remise en état dans les années 90, avec notamment l'installation de couturiers tels que Jean Paul Gaultier.


Paris est ainsi fait qu'en quelques pas on peut totalement changer d'ambiance et de quartier: tout à l'heure nous étions à l'opéra Garnier, qui se trouve juste à côté des Galeries Lafayette (où nous étions il y a 4 jours) et nous sommes passés à l'instant juste derrière le Palais royal (où nous étions hier). On a un peu l'impression de tourner en rond, non?

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