Paris - Jour 5 - Partie 3 - Le mont des Martyrs

Changement de quartier: on va prendre le métro et on descend à la station Pigalle, juste devant la rue de Rochechouart...
Nous sommes au pied de la butte Montmartre, une partie de Paris qui fut incluse tardivement à la ville, et qui garda pendant longtemps une ambiance populaire. 


Et voilà que nous sommes accueillis par un Space invader... vous l'avez vu?
Avec plus de 1400 de ces petites bêtes disséminées partout dans Paris, on en trouve... même si on n'en cherche pas!



Cette partie de Paris est un quartier traditionnellement populaire et un peu bohème par endroit...
C'est un quartier 'chaud' depuis plus de 100 ans, les boites de nuit et clubs de strip tease venant remplacer les cabarets mythiques des années 1880.


On y vient pour faire la fête, avec par exemple les salles de spectacle de La Cigale et de l'Elysée Montmartre, le théâtre du Trianon et celui des Deux ânes... et plus loin le célébrissime Moulin Rouge.


Dans la petite rue des Martyrs se trouvent par exemple deux légendes des cabarets transformistes de Paris: tout d'abord Madame Arthur, le plus ancien cabaret de travestis de Paris (1946), où ont officié plusieurs artistes transgenre, les plus connues étant Coccinelle et Bambi.


Fermé pendant de longues années, il a réouvert récemment en 2015, dans un autre style.
En regardant le programme, on peut voir qu'ils se sont reconvertis dans le burlesque: couleurs flashy, grosses perruques, une tonne de maquillage et du mauvais goût assumé...


Et un peu plus loin, voici Michou. Pour y être allé je peux vous dire que c'est très petit à l'intérieur, mais que c'est très sympa: on mange à la bonne franquette et les artistes n'hésitent pas à discuter avec le public, et parfois même... à s'asseoir sur ses genoux!


Attention: ça monte la rue des Martyrs! 
Le nom fait référence au mont des martyrs qui se trouve tout en haut, et où l'évêque Saint Denis fut décapité. Après son supplice, le martyr se leva, ramassa sa tête dans ses mains puis continua sa route jusqu'à la ville de Saint Denis où l'on construisit la grande basilique.
Et au fil du temps le 'Mont des Martyrs' fut déformé en... 'Montmartre'!


Nous faisons donc un premier arrêt sur le chemin emprunté par le grand saint pour nous reposer place des abbesses. Le nom fait référence à l'abbaye de Montmartre, couvent qui fut successivement dirigé par 46 abbesses de 1134 à 1790, et fut entièrement démoli quelques années après...
Seuls restent quelques rues portant le nom de célèbres abbesses, comme celle de Rochechouart par laquelle nous sommes arrivés.


Je ne me rappelle pas avoir jamais pénétré dans l'église Saint Jean de Montmartre. Pourtant elle a une architecture bien particulière, avec ses murs de brique rouge...


On a l'impression que c'est une église construite pour les gens simples du quartier: les ouvriers, les couturières...
A sa construction en 1904 elle fut très critiquée, notamment à cause de son armature utilisant le béton armé et son style brut et définitivement original.
Perso je la trouve très belle... toute simple et modeste, mais unique!


Une fois sortis, jetons un œil sur la rue pavée qui jouxte l'église, avec son réverbère et ses vieux immeubles... l'ambiance typique de Montmartre!
Il me semble qu'il y a autre chose à photographier dans le coin... Ah oui!


On va traverser la place des Abbesses pour aller dans son petit square admirer le Mur des "Je t'aime".
Depuis la dernière fois où je suis passé ici, l'endroit est devenu un attire-touristes, apparemment...


Inauguré en 2000, le mur fait 40 m² et présente en tout 250 langues différentes avec toujours le même message: Je t'aime.
Et chacun de ces touristes étrangers doit faire la même chose que moi en ce moment: chercher le "Je t'aime" écrit dans sa langue. 



Italien, russe, espagnol, catalan, navajo... mais aussi les langues mortes (grec, latin... et en hiéroglyphes).
Alors en japonais ils ont traduit ça en "dai suki". Mouais.... 
Et il y a même en chtimi: "euh chtèmti"... et bin biloute!


Continuons notre chemin vers la butte Montmartre. Il fait bien chaud... et en plus ça monte!
Sur ma route il y a de plus en plus de touristes (et les boutiques de souvenirs qui vont avec)...


...c'est parce qu'on approche du point névralgique de Montmartre: la montée des escaliers du Sacré cœur! Voilà enfin la basilique, toute blanche sur son promontoire, avec le manège de chevaux de bois à ses pieds. Ça vous rappelle pas un peu "Amélie Poulain"?


Bon, avant d'entamer notre dernière ascension j'achète de quoi me rafraichir le gosier... et une crêpe au sucre pour reprendre des forces!
Le vendeur de crêpes se plaint de comment la ville a été saccagée la veille par les supporters...


Je demande une boule de glace dans ma crêpe... avec le sacré cœur en chantilly!


Allez! On entame la montée des marches qui nous mènent au plus près du seigneur, tout en cherchant tant bien que mal un peu d'ombre sous les arbres qui bordent les escaliers... 
C'est vrai qu'il fait bien chaud... et que le soleil tape fort.


La construction de la basilique fut décidée après les évènements de La Commune de Paris. Après la défaite contre la Prusse en 1870, on chercha à réunifier les français en rallumant leur foi religieuse, et ainsi aider à "expier les crimes des communards".
Le choix du site était une évidence: d'ici on domine tout Paris et l'église peut être vue de loin.


Une fois en haut des marches, nous voici récompensés de nos efforts avec l'un plus splendides panoramas sur la ville de Paris.
Bien sûr sur le parvis, on retrouve les mendiants habituels, et les touristes qui font la queue pour pénétrer dans la basilique (ils ont installé des contrôles de sécurité, avec détecteur de métaux).


Pourtant, avant d'aller moi aussi prendre un peu de fraicheur à l'intérieur, j'aimerais prendre encore plus de hauteur... j'aimerais aller tout en haut du dôme... vous voyez?
On peut y accéder via des escaliers situés sur le côté de la basilique, et bien sûr c'est payant et il y a la queue...


Un peu d'attente et me voici en bas de l'escalier: 300 marches nous attendent, et je les fais sans aucun problème. Finalement ce n'est pas si haut!
Bon on est à plus de 80 mètres du sol quand même...


Et bien entendu la vue d'en haut est tout aussi superbe... et même un peu impressionnante.
La butte Montmartre domine tout Paris à 130 mètres d'altitude, mais nous sommes encore 80 mètres plus haut: d'ici on peut même voir la Tour Eiffel (qu'on ne peut apercevoir depuis les marches de la basilique)...


De plus, en longeant la corniche via la galerie qui fait le tour du dôme, on peut avoir une vue à 360° sur les alentours. Et on sent le vent d'altitude qui nous rafraichit un peu...


Par exemple on voit du côté de Saint Denis (où je travaille) et je reconnais bien le toit du stade de France. D'ici on dirait qu'il se trouve juste à côté de la cathédrale de Saint Denis (à gauche) alors qu'en vérité il y a plus d'un kilomètre entre les deux...


Et puis bien sûr du côté parisien on voit surgir des toits les édifices que nous avons déjà visité ou approché: l'Opéra Garnier, l'Arc de Triomphe, la Madeleine, les Invalides...


... et de l'autre côté le centre Pompidou, Notre Dame, l'ange de la Bastille...


... et au fond la tour Montparnasse, les buildings de la Défense... et puis des toits des toits des toits...
Paris est à nos pieds.


Je crois que j'ai du faire deux ou trois fois le tour de la corniche avant de descendre, prenant photo sur photo...


Dans la basilique une messe est en cours. On va donc aller un peu se balader puis revenir plus tard (l'église est ouverte jusqu'à tard dans la soirée).
Le chemin de visite classique consiste à prendre la petite rue sur la gauche en direction de la place du Tertre.


On est déjà dans l'esprit de Montmartre : des petites tables en terrasse, où on peut s'asseoir tranquille, et un artiste qui essaie de vendre leur portrait aux touristes...
Jusqu'en 1860, Montmartre était encore une commune indépendante de Paris, aux allures de village avec sa petite place, sa mairie et ses ruelles escarpées.


Mais pourtant, avant d'aller rejoindre la fameuse place (repère des artistes), je vous propose de bifurquer à droite et de descendre un peu cette rue: j'ai quelque chose à vous montrer...


Montmartre, ce n'est pas que sa place de village pleine de bistrots pour touristes et ses fausses galeries d'art pleine de tableaux impressionnistes made in China. 
Des gens vivent ici dans de belles maisons fleuries ou couvertes de lierre... Le rêve d'habiter dans une maison comme ça!


Et la vue des fenêtres n'est pas mal non plus: voici les vignes de Montmartre, qui sont vendangées chaque année (en Octobre) pour obtenir une petite piquette très banale à ce qu'on dit... banale mais parisienne!


Juste à côté il y a le Lapin agile, le plus vieux cabaret... du monde! C'est en fait une toute petite maison où l'on cultive l'ambiance des cabarets d'antan. J'y suis déjà allé. C'est bien sympa si on aime les chansons d'autrefois (Nini peau d'chien, Alouette... mais aussi Brassens ou Jean Ferrant). 


C'est tranquille de ce côté-ci (pas de touristes!).
On va continuer à descendre doucement, à se perdre un peu en cherchant son chemin au hasard...


Je finis par la trouver, la statue de Dalida (sur la petite place à son nom). 
Je savais qu'elle était dans le coin, car l'artiste a vécu à Montmartre et a beaucoup aimé ce quartier. Elle est d'ailleurs enterrée au cimetière de Montmartre...


Un peu par hasard, je tombe sur la Villa Léandre, une impasse pavée et privée, bordée de jolies maisons aux jardins fleuris...
Je m'assois un instant sur le trottoir de l'impasse... C'est bien calme ici. Ils ont de la chance (et certainement de l'argent), les gens qui vivent dans cette ruelle.


Je suis en sueurs: marcher par cette chaleur, c'est crevant!
Mais bon il faut reprendre la route... et remonter la pente (au propre comme au figuré).


Je traverse un peu par hasard le square Suzanne Buisson où des sportifs sont en pleine partie de pétanque...


...sous le regard de Saint Denis, qui compte les points, la tête entre ses mains.
Continuons notre chemin...


Voilà, je trouve ce que je cherchais: la statue du Passe muraille, hommage à la nouvelle de Marcel Aymé, et sculptée par Jean Marais. L'écrivain habitait pas loin de cette place.
Le Passe muraille, ça raconte l'histoire d'un employé de bureau qui s'aperçoit qu'il peut traverser les murs, et en profite pour faire milles farces...



Je me sens d'humeur rêveuse, et mon esprit divague comme celle du poète...
Le vent me pousse vers l'un des derniers moulins de la capitale: le moulin de la Galette, ancien troquet peint par Renoir et haut lieu du Montmartre des impressionnistes...
C'est depuis devenu un restaurant, où la belle Dalida avait toujours sa table réservée.
Je jette un œil sur la carte... ça m'inspire. On reviendra peut être.


Dalida n'habitait en fait pas très loin puisque sa propriété se trouvait juste au bout de la ruelle en face...


Retournons tranquillement en direction du Sacré Cœur.
J'aime bien ce quartier... ces maisons, ces arbres, ces peintures sur les murs...


C'est sur cette place que se trouve le Bateau lavoir, où une guide touristique est en train d'expliquer à son groupe l'histoire de ce lieu.
En 1889, le propriétaire des lieux décida de le transformer en résidence d'artistes, où chacun d'entre eux pouvait louer un atelier/logement à peu de frais. Ce sont eux qui donnèrent ce surnom de 'bateau lavoir' aux lieux. Pablo Picasso, Modigliani, Henri Matisse, Max Jacob, Fernand Léger et bien d'autres y ont résidé... 
Encore de nos jours s'y trouvent 25 ateliers d'artistes.


Bon alors fini de flâner, il est temps d'aller au cœur de Montmartre, et de remonter en haut de la butte.
Bin oui c'est pentu...


Dans le village Montmartre, la soirée commence et c'est l'heure de l'apéro. Les gens s'installent à la terrasse des cafés, alors que nous nous rapprochons de la place du Tertre en passant devant Le Consulat, restaurant légendaire jadis fréquenté par les plus grand peintres: Van Gogh, Toulouse Lautrec, Monet ou Picasso...


Juste à côté se trouve le restaurant 'La bonne franquette'. Je me rappelle y avoir diné avec mes parents il y a quelques années. Lors du diner il y avait une petite scène avec divers artistes (chants, accordéon, ombres chinoises...). Je  me rappelle encore de cette super soirée... à la bonne franquette!


Dans Montmartre il y a la rue principale pleine de touristes, mais si on bifurque juste un peu dans les ruelles adjacentes, on retrouve une ambiance un peu plus chaleureuse et intime...


Nous arrivons finalement à la petite place du Tertre.
Ce n'est pas l'endroit que je préfère ici: la place - toujours en mouvement - est bordée de restaurants à touristes un peu cher qui ont peu à peu investi de leurs tables le centre de la place en délogeant les artistes, obligés de se retrancher dans un coin.


J'envie pas vraiment la vie de ces derniers, à poireauter toute la journée, tentant d'attirer le client pour un portrait ou pour une vente de tableau.
On se demande toujours à quoi elle devait ressembler cette place du temps des impressionnistes... 
Elle devait être certainement plus authentique.


Les garçons des restaurants aimeraient bien aussi alpaguer quelques nouveaux clients et me font de larges sourires. Désolé messieurs... mais j'ai rendez-vous!


C'est le moment de retourner à la basilique du Sacré Cœur pour en visiter l'intérieur.
Elle est vraiment spéciale cette église, avec son style architectural s'inspirant des églises byzantines et ses pierres blanches qui, contrairement à la 'pierre de Paris' (utilisée pour Notre Dame), ne noircit pas avec le temps...


Comparé à une cathédrale gothique, la décoration intérieure est plutôt dépouillée et j'en aurais vite fait le tour, mais c'est plutôt l'ambiance qui compte: l'espace, l'immensité des lieux, le silence...


Entre autres curiosités, je remarque la maquette représentant la basilique...
Tout à l'heure, nous sommes montés juste là, sous la galerie du grand dôme.



La chapelle de Saint Pierre abrite la statue noire de l'apôtre, identique à celle qui se trouve à Saint Pierre de Rome. 




Quand à la mosaïque qui surplombe le chœur, elle fait 473 m²: c'est la plus grande mosaïque de France.  


La basilique est le deuxième monument religieux de Paris le plus visité après Notre Dame, avec 11 millions de visiteurs par an.


La construction fut financée par souscription nationale: on demanda à chaque fidèle de participer avec la somme qu'il pouvait, même insignifiante. 46 millions de francs furent ainsi réunis.
La construction s'échelonna quand même sur plus de 40 ans, de 1875 à 1923, même si les travaux continuèrent jusqu'après la seconde guerre mondiale afin de construire les bâtiments annexes.


Voilà pour la basilique!
Dehors, le soleil est sur le point de se coucher et la soirée va donc pouvoir officiellement commencer...


Ce fut une journée bien chaude et éprouvante: les troquets et cafés de la butte font le plein de touristes assis et fatigués...

Mais moi je continue de marcher... 
En prenant le rue Azaïs sur la droite, on aperçoit juste un petit bout de la tour Eiffel qui pointe au dessus des toits. 
La tour, c'est vraiment la star de ce voyage: il ne se passe pas un jour sans que je ne la prenne en photo.


Juste à l'angle de la place du Tertre: un nouvel Space invader. 
Voilà une œuvre que ne pourront pas acheter les touristes...


On va peut être penser à trouver un restaurant pour diner, non?
Tout d'abord j'envisage de faire le tour de la place du Tertre mais je finis par me rappeler: le moulin de la Galette devant lequel nous sommes passés tout à l'heure, et qui m'inspirait bien... On peut essayer d'y retourner?


En effet, ils ont une table de libre... une petite table rien que pour moi!
Le service est jeune, dynamique et très rapide (peut être un peu trop rapide, c'est limite stressant).
Nappe blanche et serviette en tissus... la classe!
Par contre je ne sais pas pourquoi les serveurs veulent absolument me parler en anglais. Je dois avoir une tête d'amerloque? Bon ensuite il n'y a presque que des touristes américains dans ce restau!


Quand à la cuisine, c'était très bon: suprême de poulet et purée maison, et en dessert une délicieuse soupe de pêches à la fleur d'oranger.
Et puis ce n'est pas si cher que ça: 35€ la formule plat + dessert.


Je suis de plus en plus crevé. Justement cette longue journée va être bientôt terminée...
Descendons la fameuse rue Lepic, dont les pentes ont été utilisées par mr Peugeot pour prouver la puissance de ses voitures... c'est vrai que ça descend bien!
La nuit s'offre à nous, avec ses sublimes lumières...


Le monde de la nuit s'éveille peu à peu et les bars et boites ouvrent leurs portes...
Voici le café des 2 moulins, célèbre pour avoir été le lieu de tournage du fabuleux destin d'Amélie Poulain.


Nos pas nous ramènent là où nous étions arrivés tout à l'heure, sauf que nous avions volontairement omis de tourner notre objectif vers le Moulin Rouge, peut être parce qu'il est vraiment plus imposant la nuit venue...


Comme le dit la chanson, les ailes du moulin protègent les amoureux... et ses ailes sont rouges.
Jadis il y avait plus de 30 moulins à vent sur la colline de Montmartre, et il n'en reste plus que 3 aujourd'hui. Celui-ci fut adossé à un cabaret en 1889. Le but du propriétaire était d'en faire un lieu d'exception où les plus riches pouvaient venir s'encanailler dans le sulfureux Montmartre.
Des fêtes, du champagne et des spectacles divers, et surtout des danseuses dévergondées aux jupes affriolantes, et qui inventeront ici une nouvelle danse: le French Cancan!


Je continue mon chemin sur le boulevard de Clichy en direction de la place du même nom. Dans mes souvenirs il y avait plein de sex shops et de bars de strip tease dans ce boulevard... il en reste quand même quelques-uns. 


Place de Clichy: il n'y a plus grand chose à voir ici sauf peut être la statue en son centre, qui commémore la défense de Paris contre les troupes russes en 1814.
Ensuite... bin voilà le métro est juste là. On rentre!
J'ai besoin de dormir moi... pour repartir de plus belle demain!

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