Bratislava - Jour 1 - Partie 3 - Suivez le guide

16h. Nous avons donc rendez vous en plein centre de la place Hviezdolsavovo, au milieu des stands des artisans et des festivités, et plus précisément devant la statue du grand poète slovaque Pavol Hviezdoslav (qui - on s'en doute - a donné son nom à la place).


Deux jeunes gens attendent là pour noter les inscriptions des nouveaux venus à la visite guidée 'Free guided tour" qui va bientôt commencer. Il y a pas mal de monde, assez pour faire 2 groupes.
Ce sera donc Malek qui sera le guide du notre.
Il commence tout d'abord par nous inviter à nous mettre à l'écart de la foule devant l'ambassade des Etats unis où les vigiles nous surveillent d'un œil inquiet...



Les explications commencent avec quelques détails sur la vie du poète et héros national Pavol Hviezdoslav. Indépendantiste convaincu, il a soutenu la cause slovaque en écrivant une partie de ses oeuvre dans sa langue maternelle. C'est peut être ce qui explique que ce patriote ne figure pas parmis les figures représentées sur la façade du théâtre national qui se trouve juste à côté. En effet ce superbe bâtiment baroque a été construit quand le pays était encore sous la domination de l'empire austro-hongrois.



Il faut évoquer également ce qui s'est passé sur cette place sous l'ère soviétique, où un mouvement de protestation pacifique contre le régime eut lieu ici même: 88 personnes se réunirent sur la place une chandelle à la main. La réponse du gouvernement fut radicale et la révolte fut matée dans le sang.
Nous passons également en face du grand hôtel Radisson (ex-Carlton), érigé par le même architecte que celui du Titanic (enfin je crois que c'est ce que j'ai compris... bizarre quand même).
Plusieurs personnalités mondiales séjournèrent ici: Alfred Nobel, Sigmund freud, Thomas Edison ou encore Roosevelt...


Nous continuons notre balade sur la place, en passant devant la statue d'Andersen. Le grand écrivain de contes de fées n'était pas slovaque (bin oui: il était danois) mais il aurait écrit de jolies choses sur Bratislava, ce qui explique pourquoi on lui a dédié une statue.
Il aurait ainsi loué la beauté des filles du coin et surtout... la bonne bière slovaque!
Malek tente de nous raconter à sa façon le conte de la petite fille aux allumettes qui aurait été inspiré à Andersen par l'incendie du château de devin...



Nous voici maintenant tout au bout de la place Hviezdolsavovo, et nous pouvons voir au loin la silhouette de la tour du pont SNP, structure moderne toujours aussi controversée. A l'époque de sa construction ce fut une prouesse technique car le pied qui soutient l'unique hauban du pont est asymétrique par rapport à celui-ci.
Tout en haut se trouve un restaurant et une terrasse d'observation: à l'époque communiste, seuls les dignitaires du régime avaient le droit d'y monter car il se trouve que de là haut on a une superbe vue sur... l'Autriche capitaliste.
La nuit la couleur des éclairages de la tour indique la météo du lendemain.


La construction du pont fut très critiquée à l'époque car cela entraîna la destruction d'un des plus anciens quartiers de la ville: le quartier juif. Après la guerre, la plupart des juifs du ghetto ayant été exterminés, cette partie de Bratislava était devenue vétuste et mal famée.



Pourtant le ghetto de Bratislava avait une énorme valeur culturelle. Plus de 15000 juifs y habitaient avant guerre, et sa grande synagogue était réputée. C'est par exemple ici que fut inventé le Krav maga, art martial encore pratiqué de nos jours.


C'est à la mémoire des nombreux juifs du quartier qui furent exterminés que fut érigé ce mémorial.
Comme souvent dans les lieux de mémoire israélites, les visiteurs y déposent de petits cailloux en hommage...

Sur la sculpture, notez ces empreintes de mains: avec leurs 10 doigts elles évoquent les 10 commandements.


La cathédrale Saint Martin, quand à elle, n'a pas été détruite par les travaux du pont, même si elle reste toute proche de l'autoroute.
Bon là on a un peu de mal à entendre les explications de Malek à cause du bruit que fait la représentation de marionnettes qui a lieu sur la place: je crois que c'est une version de Faust.


Comme nous le savons déjà, plusieurs rois de Hongrie ont été couronnés ici lors de l'invasion de leur pays par les ottomans. La grande Marie Thérèse (celle qui eut 16 enfants parmi lesquels notre Marie Antoinette) fut également couronnée ici et fit installer d'ailleurs une reproduction de la couronne tout en haut de la tour de la cathédrale. Il parait qu'elle pèse 8 kg et est faite d'or pur!



De l'autre côté de la place il y a cet ancien bâtiment à la forme assez spéciale... C'est une ancienne pharmacie du siècle dernier et d'ailleurs ce mot y est écrit sur la devanture dans les 3 langues qui étaient utilisées dans la ville à l'époque: en Allemand ( Apotheke ), en Hongrois (Gyogyszertar) et en Slovaque (Lekarna).


Nous continuons dans la rue royale pleine de monde et bordée de palais bourgeois. Malek nous propose de nous abreuver à la petite fontaine aux 3 lions. Il parait que pendant une semaine, chaque année, c'est du vin qui sort de la fontaine.


Revoilà la fameuse sculpture de l'homme qui sort des égouts. D'après notre guide, plusieurs interprétations sont possibles: est ce qu'il regarde sous les jupes des filles? Est ce qu'il vient de s'échapper du château de Bratislava? Ou bien est-ce qu'il attend juste la fin de son travail d’égoutier?


Nous voilà maintenant sur la vieille place, où notre guide tient à nous montrer l'hôtel de ville: il est constitué de l'assemblage de plusieurs maisons de style différent: la tour est visiblement jaune baroque mais la cour intérieure et certains éléments comme les fenêtres ont gardé leur style Renaissance.


On peut voir sur le mur une marque qui note la crue record ayant eu lieu au siècle dernier. Et... vous avez remarqué, à côté de la fenêtre? Il y a un boulet de canon planté dans le mur. C'est un souvenir du passage de notre Napoléon national...



Nous nous arrêtons un peu plus loin devant une fontaine pour faire une photo de groupe. Malek veut aussi évoquer avec nous quelques particularités des traditions de fêtes slovaques.
Tout d'abord à Pâques la tradition veut que l'on jette de l'eau sur les femmes de son entourage (sœur, petite amie, etc...). Un mois plus tard les femmes que vous aviez honorées de la sorte devaient accrocher un ruban à votre porte et le mois suivant... vous offrir du chocolat!


A Noël, c'est la carpe qui est dans tous les menus de réveillon et la tradition veut que le poisson soit conservé vivant dans la baignoire de la famille durant quelques jours avant d'être tué et mangé.
Enfin, les slovaques accordent plus d'importance à fêter leur saint patron que leur anniversaire. Chacun organise une grande fête chez soi, en invitant surtout toutes les personnes qui ont le même prénom...
D'un autre côté c'est plus facile de s'en rappeler que d'un anniversaire!


Nous repartons en direction de la porte Saint Michel qui est la seule porte conservée intacte des anciennes fortifications de la ville, détruites sur ordre de la reine Marie-Thérèse.



Après avoir franchi la porte, la rue fait un angle droit sur le barbakan, puis une deuxième porte vient sceller le passage avant les douves. Cela permettait ainsi une double protection contre les intrusions en force...



Nous sortons donc de la vieille ville pour continuer notre visite. Nous tournons d'abord à gauche pour avoir une vue lointaine sur le château sur sa colline. Celui-ci a gardé son aspect médiéval défensif.
Juste devant il y a une grosse tour massive et ronde: c'est dans celle-ci que la reine Marie-Thérèse avait déposé la couronne de Hongrie (avant qu'elle ne reparte à Budapest).
Le château n'a été détruit qu'une seule fois par un incendie déclenché par les soldats de Napoléon (encore lui).


Une arrêt devant l'église Saint Jean de Matha et Saint Félix de Valois dont la façade est d'un rose baroque à souhait. A cet endroit se dressait une précédente église qui fut volontairement détruite lors de la guerre contre les ottomans: se situant hors des murs de la vieille ville, les habitants eurent peur que les ennemis se servent de celle-ci comme avant garde pour une future attaque.



Continuons notre chemin dans la ville moderne, avec un peu plus loin un coup d’œil sur le grand palais présidentiel qui est aujourd'hui inhabité.



Nous croisons un tramway qui a été privatisé pour un mariage. A l'intérieur, la fête bat son plein!
On passe aussi devant un restaurant que notre guide nous conseille: le Flag Ship. Il parait qu'ils font leur propre bière... Rendez-vous est pris pour un prochain déjeuner.


Voici la place du soulèvement national où un monument rappelle les martyrs du régime communiste. A l'aube de la chute du mur de Berlin les slovaques se sont réunis ici en masse afin de se réjouir de la fin d'une époque.
C'est aussi là que les slovaques sont venus manifester dans les années 2000 quand la mafia et la corruption commençaient à gangrener le jeune état.
D'ailleurs le nom de la librairie en face de la place, Gorila, fait référence à un document secret compromettant le gouvernement de l'époque.


Une dame visiblement éméchée tente de donner un bouquet de fleurs à l'une des touristes de notre groupe. Il y a pas mal de SDF dans la ville, ça me rappelle un peu Paris.
Nous allons devoir marcher un peu pour atteindre notre prochain arrêt, mais le jeu en vaudra la chandelle je pense...


Malek veut évoquer avec nous les slovaques mondialement connus... il n'y en a pas beaucoup.
L'inventeur du parachute pas exemple, ainsi que... non c'est tout ce qu'on a trouvé.
Le pays possède pourtant plein de ressources: grâce à sa main d'oeuvre qualifiée, c'est le premier fabricant d'automobiles en Europe (toutes les marques ont une usine ici). Il y a aussi quelques tentatives dans les nouvelles technologies avec le développement d'un concurrent à Google maps.



Voici enfin Sainte Elisabeth, la fameuse église bleue. C'est l'une des rares au monde à avoir été construite dans le style Art Nouveau (ou Sécession, ou Jugendstil) .


Construite en 1908 par le grand architecte Odon Lechner, elle est ornée de faïences et même ses tuiles son bleues. On a également utilisé du béton armé, nouveauté pour l'époque.


En face, il y a également un autre bâtiment construit à la même époque et dans le même style, mais cette fois-ci dans des tons jaune canari. Il s'agit en fait d'un collège.


Le quartier alentour est en pleine transformation. Les vieux bâtiments massifs communistes tombant en ruine, ils sont sur le point d'être remplacés par des immeubles de standing...


Nous arrivons presque à la fin de notre visite, avec un arrêt dans un petit parc au milieu duquel se trouve une jolie fontaine où des gamins jouent avec des oies.
Notre guide va évoquer ici l'histoire de son pays pendant la seconde guerre mondiale. Libérés de l'empire Austro-hongrois après la première guerre, les slovaques profitèrent des accords de Munich de 1938 pour sortir de la Tchécoslovaquie. Ils furent par la suite un peu contraints et forcés de s'allier aux nazis qui menaçaient de raser le pays (qui n'avait alors pas d'armée) s'il ne les acceptait pas comme 'protecteurs'.


Un vieux monsieur s'approche de notre groupe. Il parle quelques mots d'anglais et raconte que dans sa jeunesse il était aviateur dans la british air force et y aurait fait plus de 600 heures de vol.
Il nous salue et repart de son côté.
Malek reprend alors ses explications: en 1944 bien sûr les slovaques ont fini par se révolter et le pays fut libéré par les communistes, tout comme la Tchéquie avec qui les libérateurs refondèrent un seul et même pays.
Ce furent bien sûr les communistes qui remportèrent les premières élections, et s'installèrent durablement en Tchécoslovaquie avec la poigne de fer qu'on leur connait.


Dans les années 70 un dirigeant réformiste, Alexander Dubcek (né en Slovaquie), arriva néanmoins à la tête du pays et tenta d'ouvrir celui-ci notamment en autorisant l'importation de produits étrangers et en assouplissant les règles de sortie du pays de ses ressortissants. Mais Moscou finit par reprendre les rennes du pouvoir et à écarter Dubcek.
Ici même, sur la place où nous nous trouvons, eurent lieu des manifestations qui ont précédé la révolte de velours (qui libéra le pays en 1989). Réprimées dans le sang, elles furent connues du monde libre grâce à un photographe de presse (sportive) qui fit la photo que nous montre Malek: Un jeune homme - plombier de son métier - y fait face aux chars de l'armée.


C'est ici que se termine notre visite guidée. Après quelques applaudissements et un billet de 10€ glissé dans la main de notre guide, nous repartons en direction du centre.


On suit le trajet du tramway, puis on bifurque vers la place de l'hôtel de ville, où le spectacle continue sur la grande scène.


On dirait de la danse traditionnelle russe, sauf que les musiciens soufflent dans de grandes flûtes dont le son ressemble vraiment à celui d'un didgeridoo. Étrange...



Nous partons à la recherche d'un endroit pour dîner mais la décision est difficile dans cette rue où se succèdent les restaurants pour touristes. Mais notre choix est fait.


La serveuse m'amène donc des 'gnocchi' qui ressemblent un peu à des spätzle. Il n'y en a pas beaucoup dans l'assiette mais c'est plutôt bon. Par contre ils ne font pas de dessert.
Tant mieux! On a un autre plan...


Dehors, nous avions remarqué ce rayon laser qui longe la rue d'un côté à l'autre. Une drôle d'oeuvre d'art...


Le rayon finit par s'échouer sur le mur du bâtiment qui fait l'angle...


Place de l'hôtel de ville, nous avions repéré le café Mayer, authentique café viennois qui sert de délicieuses pâtisseries. Cet endroit est une institution, et d'après ce que dit Frédéric son chocolat est crémeux à souhait. Pour moi ce sera un grand thé à la menthe et une part de Mayer torte (au chocolat et à la pistache).


En fond sonore, on entend toujours la musique du concert sur la scène à côté. Il y a pas mal de public...
Mais voilà la fin du spectacle, tout le monde remballe ses affaires et le café est lui aussi sur le point de fermer.


On entame alors une petite balade nocturne, histoire de digérer un peu.
La place Hviezdoslavovo (je m'y ferais jamais à ce nom) est maintenant bien vide...


On décide de traverser le pont SNP... peut être qu'on pourra monter tout en haut de l'observatoire de la tour?


Il faut d'abord longer la rampe piéton qui surplombe le fleuve, avec une superbe vue sur le château qui se reflète dans les eaux noires du Danube...


Mais... pas de chance. L'accès à l'observatoire est impossible ce soir. Apparemment la tour et son restaurant ont été privatisés... peut être pour le mariage qu'on a vu passer en tramway cet après midi?


Bon bin on n'a plus qu'à retourner d'où l'on vient... On aura bien l'occasion de revenir un autre jour.
Cette première journée fut bien chargée, et il serait temps qu'elle se termine: au dodo!

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