Tallinn - Jour 4 - Partie 1 - Le bout du monde

8 heures... c'est l'heure de se réveiller!
Visiblement il a plu cette nuit car c'est encore un peu mouillé dehors. 


Aujourd'hui nous allons faire notre traditionnelle excursion en dehors de la capitale... 
Et quand il a fallu décider ce que nous allions visiter, je n'ai pas hésité longtemps: Lahemaa!
Il faut dire - je le rappelle - que j'ai déjà visité l'Estonie il y a quelques années avec mes parents et que j'avais bien aimé ce grand parc naturel facilement accessible depuis Tallinn...


Sauf que contrairement à mon voyage précédent, nous n'avions ni voiture ni chauffeur personnel... 
Mais je n'ai pourtant pas eu de mal à trouver une excursion guidée à la journée en direction de Lahemaa.
Nous avons donc rendez-vous devant l'office de tourisme, place Niguliste, avec le Traveller Tours.
Il y a déjà du monde qui attend, mais une grosse partie est venue pour le 'free tour' de la ville.



Pour le 'Lahemaa tour', il y aura quand même deux mini bus de 5-6 personnes.
Notre guide est une jeune fille blonde qui se prénomme Marjo (à prononcer 'mario', comme le plombier).
Elle commence par nous demander si tout le monde est d'accord pour déjeuner à l'endroit prévu (où le prix du repas est en sus). A priori cela se déroulera dans une maison de village, avec au menu du saumon fumé maison. Ça a l'air pas mal, même pour ceux qui n'aiment pas le poisson (Frédéric par exemple).



En route! 
Nous quittons bien vite la ville et prenons l'autoroute qui traverse prairies et forêts...


Notre premier arrêt sera exactement le premier arrêt que nous avions fait avec mes parents lors de notre départ de Tallinn: les chutes de Jägala. 



Il y a seulement 2 chutes d'eau dans tout le pays et celle-ci est la plus haute: 6 mètres tout de même.  Parfois les gens du coin viennent plonger d'en haut même si c'est un peu dangereux.
Bon elles ne peuvent pas vraiment être comparées aux cascades de Plitvice, où nous étions il y a même pas un mois...
Et oui! L'Estonie est un pays bien plat: sa plus haute montagne n'excède pas 300 mètres de haut.


L'eau est de couleur marron: c'est à cause des algues et de genres de trous d'eau dans la vase qui purifient l'eau. Néanmoins il n'y a aucun poisson...
A cette période de l'année le rideau que dessinent les chutes est très mince mais au printemps il couvre toute la largeur, et en hiver il est gelé.


Après quelque photos, tout le monde réintègre le minibus et nous voilà partis pour notre arrêt suivant. Cette fois-ci nous voici vraiment à l'intérieur du parc national de Lahemaa. Avec ses plus de 75000 hectares, c'est le plus grand du pays et il s'y trouve plusieurs villages mais aussi des manoirs qui servaient de résidence d'été aux riches bourgeois de Tallinn.
C'est d'ailleurs l'un d'entre eux que nous allons voir maintenant: le manoir de Sagadi.


Marjo en profite pour nous raconter toute l'histoire de son pays.
Les croisés, ne pouvant plus christianiser le sud de l'Europe car ils étaient bloqués par les armées de l'Islam, se sont tournés vers les pays du grand nord où subsistaient encore des païens. Ils occupèrent donc l'Estonie avant de laisser la place aux danois. Ceux-ci firent finalement don du pays aux chevaliers teutons, ce qui attira tout un tas de marchands allemands venus y faire fortune. 



Ils s'installèrent durablement dans le pays, y compris quand celui-ci passa aux mains des suédois et des russes.
Il faut noter aussi qu'en Estonie (tout comme en Russie) le système féodal et le servage ont perduré jusqu'à la fin du 19ème siècle: les riches bourgeois germanophones possédaient le manoir que nous voyons ici mais aussi les paysans qui y vivaient.


La première révolution estonienne naissante sonna le glas de l'influence de ces étrangers sur le sol estonien. Ils tentèrent bien de se défendre en levant une armée ou en fomentant quelques complots mais finirent par abandonner le pays. Les manoirs abandonnés furent parfois transformés en école ou en musée mais beaucoup tombèrent en ruine.
Après l'ère communiste, on tenta de retrouver les descendants des propriétaires originels afin de leur rendre leur patrimoine mais bon nombre d'entre eux n'avaient pas les moyens de l'entretenir.
La réhabilitation de ces manoirs est donc encore en cours... Certains ont survécu en étant transformés en hôtel de luxe, comme celui de Sagadi .


Après ces explications, notre guide nous laisse quelques minutes pour faire le tour du domaine et aller admirer son jardin et son étang. C'est vrai qu'il est très photogénique...



Un petit coup de minibus et nous voilà déjà arrivés à notre arrêt suivant: le petit village de pêcheurs d'Altja.
Je connais aussi cet endroit car lors de mon précédent voyage nous y avions passé la nuit.
D'ailleurs, voici le BnB où nous étions. Nous dormions dans la maison de bois à côté, et c'est dans cette maison au toit de chaume qu'ils servaient le petit déjeuner...


Le hameau n'a pas changé: de jolies maisons installées pas loin de l'eau, en pleine nature... Les maisons au toit de chaume sont d'époque, et typiques de cette région. Ils ont quand même modifié la taille des fenêtres qui jadis étaient toutes petites (et certainement non vitrées, ceci expliquant cela). Il n'y avait pas non plus de cheminée: la fumée de l'âtre s'accumulait sous la plafond, permettant de garder un peu plus de chaleur... mais rendant l'air irrespirable!



Regardez cette étrange balançoire. Lors des fêtes de la Saint Jean, les gens d'ici fêtent le soleil: ils font de grands feux de joie afin de tenter d'imiter la chaleur de l'astre du jour et chacun fait également un tour de balançoire. On pense que se balancer est un symbole de changement de saison...
Ça vous dirait de faire un essai? Il faut se tenir debout sur la planche et pousser avec ses jambes en s'accroupissant. Hey, pas si facile que ça! On a encore du boulot avant d'égaler les champions du coin qui arrivent même à faire un tour complet: 360°!


Continuons notre balade en nous dirigeant vers le front de mer. 
Certaines maisons font vraiment envie, vous ne trouvez pas?


Voici donc la mer baltique...
Ce n'est pas une mer très salée. Par exemple en hiver toute l'étendue d'eau que nous voyons là est gelée. On peut même se rendre sur les îles environnantes en voiture, à condition de respecter les consignes de sécurité: ne surtout pas s'arrêter et rouler vitres baissées, sans ceinture de sécurité. Au cas où le véhicule s'enfoncerait, il faut pouvoir l'évacuer le plus vite possible...


Las cabanes de pêcheur que nous voyons là ont été abandonnées sous l'ère soviétique. En effet les communistes ont interdit la pêche dans les environs de peur que les pêcheurs soient tentés de 'passer de l'autre côté'. La Finlande est juste en face...


Un autre moyen pour franchir la mer était également le ski de fond pendant l'hiver, la glace recouvrant presque toute la distance... mais c'était quand même dangereux.



Ce gros rocher au milieu de la plage a été posé là il y a très longtemps, lors de la fonte des glaces à l'époque glaciaire. Il y en a un peu partout dans le pays, parfois même en pleine campagne au milieu des champs. Quand un agriculteur tombe sur un gros caillou, il fait parfois appel à des spécialistes prêts à dynamiter et évacuer l'engin...


Il y a plein de photos à faire à cet endroit très romantique. Dommage que le soleil ne soit pas de la partie...



Nous finissons par repartir sur les routes en direction du village de Käsmu où nous allons déjeuner.


La maison où nous serons accueillis sera peu commune: il s'agit d'une ancienne école de marins qui a été transformée en musée par un gars passionné, un peu artiste sur les bords.
Toute la vie du village tournait jadis autour de cette école: la plupart des maisons étaient habitées par des marins et ils avaient pour tradition de peindre leur demeure en blanc, symbole de propreté et de rigueur...


Pendant que nos hôtes préparent le déjeuner, nous pouvons visiter les 2-3 salles du musée. Il y a tout un tas de choses en rapport (ou pas) avec la marine.



Les tableaux colorés au mur ont été peints par le propriétaire: chaque jour au coucher du soleil il a planté son chevalet pour tenter de reproduire l'horizon, ce qui donne un genre de calendrier de coucher de soleils, avec pour chaque jour un tableau différent...


Il est maintenant temps de passer à table, en compagnie du deuxième groupe qui vient d'arriver.
La grande salle où nous nous installons est elle aussi pleine de souvenirs du passé...


C'est un vrai repas de fête de famille qui nous attend: un délicieux saumon fumé avec des pommes de terre, crème aigre, concombres, salade, tout ça accompagné de jus d'airelle. Et en dessert un clafouti maison... tout ça pour 13€, café compris.
Ça ne parle pas beaucoup autour de la table: tout le monde avait bien faim et s'est jeté sur son plat!
Le guide de l'autre groupe nous montre sur son téléphone le tour à 360° qu'il a fait en balançoire, puis une photo qu'il a prise en plein hiver: le bleu du ciel, le noir de la forêt et la blancheur de la glace: pile poil le drapeau de l'Estonie!


Notre repas terminé, Marjo continue avec nous la visite du musée en nous donnant quelques explications...


Voici les photos des différentes promotions de marins de l'ancienne école.
Sous l'ère soviétique le village a été transformé en base d'observation pour surveiller ce côté de la mer baltique, ce qui explique la plateforme qui se trouve dehors (et sur laquelle je monterais plus tard).


Elle nous montre également les gros harpons qui étaient utilisés pour pêcher sous la glace, puis une horloge récupérée sur un navire et qui a un cadran de 24 heure (très utile quand on ne peut plus faire la différence entre jour et nuit).
Ces petites boites de conserve aussi sont étonnantes: elles contiennent de l'eau douce (et donc potable) que les marins pouvaient emporter à bord.


Dans la dernière salle, une vieille barque traditionnelle de pêcheur. Il n'en resterait plus que 2 de ce type dans toute l'Estonie. Tous les autres auraient été brulées comme bois de chauffe pour l'hiver.


Nous avons maintenant quelques instants de libre pour nous balader aux alentours...
Sur la plage derrière la maison il y a des petites cabanes et le filet sur lequel notre hôte a fait fumer ses saumons. Et il y a aussi l'un de ces gros rochers déposés ici à l'ère glaciaire.
Il est encore plus gros que celui de tout à l'heure...


Dans le petit port devant l'école, je remarque cette reproduction de drakkar, qui a également été construite par le propriétaire du musée. Un touche à tout cet homme là!
Ça me rappelle mon excursion en drakkar viking dans le musée du Danemark... un sacré souvenir.


Voilà la fameuse plateforme d'observation utilisée par les soviétiques pour surveiller l'horizon.
Ça vous dirait de grimper là haut? 
Pierre-André et Frédéric, pas très courageux, vont se contenter de me regarder d'en bas...


Mine de rien, il faut avoir vraiment confiance car la structure est rouillée par endroit, et elle bouge un peu...
Attention Eric ne regarde pas en bas!


Mais j'arrive enfin au sommet... c'est quand même haut, hein?
Bon je prends juste une photo et je redescends... doucement...


Il est l'heure de partir. 
J'ai juste le temps de prendre en photos les hirondelles qui ont fait leurs nids sous les tuiles de la maison... je les entendais piailler depuis tout à l'heure.
Nous allons maintenant prendre la route pour visiter une autre partie du parc qui a encore bien des choses à nous faire découvrir...
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