Varsovie - Jour 4 - Partie 2 - Le cœur de Chopin

Bon allez! Il faut repartir... et sous le pluie! Heureusement l'entrée du métro est juste là. J'achète un billet et me demande finalement ce que je vais pouvoir faire maintenant, puisque me voilà en avance sur mon programme. Je vais au musée où je vais déjeuner?


En tout cas ça passe par la case métro, et en direction le quartier de Nowy Sviat. Bien entendu dans cette rue d'habitude très commerçante tous les magasins et restaurants sont fermés en ce jour férié...
Pourtant, je croise une dame qui distribue des flyers: il s'agit du restaurant Zapiecek où je suis déjà allé l'autre soir. C'est une chaîne de restos et il y en a un juste là.
Pas d'hésitation!


La spécialité c'est toujours les pierogis, ces raviolis farcis à plein de choses. Alors ce sera pierogis à la viande accompagnés d'une salade de carottes rappées! Toujours aussi bon.
Les serveuses ont vraiment des jupes au ras du genou... heureusement qu'il fait bien chaud à l'intérieur! Il y a même un coin jeux pour les enfants.
Je ne prends pas de dessert et je commande l'addition.


Dehors il pleut toujours autant. Je continue à arpenter la rue jusqu'à l'église Sainte-Croix. Construite au XVIIIème siècle dans un style baroque, elle fut le lieu d'affrontement entre la jeunesse et les autorités socialistes.


C'est par là! Ne pers pas courage!
Cette statue de Jésus avait une autre signification durant l’ère communiste: le siège du partie se trouvant en face dans la rue, le fils de Dieu semblait alors dire 'méfiez vous de ces gens'!


Il parait que c'est dans cette église que serait conservé le cœur de Chopin. Mais il n'y a pas que ça, l'intérieur étant typiquement baroque...


... les ornements regorgent de dorures et de statues qui brillent de mille éclats.


Autour de l'une des chapelles, une multitude d'ex-votos ont été cloués un peu partout: sur les murs, sur les barreaux, et même sur les bancs. On remercie ainsi la vierge d'avoir exaucé ses prières.
Cela nous permet d'appendre un nouveau mot: "djekujé", ça veut dire merci en polonais.


J'ai mis un moment avant de le trouver, mais le voici: le pilier dans lequel on a caché l'urne qui contient le cœur de Frédéric Chopin. Le reste de son corps se trouve à Paris, au Père Lachaise.


Juste à côté de la sortie, une toute nouvelle chapelle a été aménagée pour Jean Paul II - béatifié il y a peu. La statue rayonne de lumière et de sagesse...
Je reste un petit moment avant de me décider à repartir, le parapluie à la main.


Pour la suite, je vais tenter de visiter le quartier juif, qui sur la carte ne parait pas très éloigné.
"Sur la carte", car en fait il va falloir pas mal marcher... et sous la pluie en plus!
Et bien sûr avec ça je vais un peu me perdre, car me voici devant le palais présidentiel, qui normalement n'est pas sur le chemin.


Dans cette rue qui mène tout droit vers la vieille ville et le palais du parlement, il y a plein de ministères et bâtiments officiels. Par-ci par-là, des monuments et des plaques nous rappellent les durs moments de la seconde guerre mondiale.



Changeons donc de quartier...
Je cherche la rue du ghetto juif qui d'après mon guide aurait été gardée 'intacte', mais une fois sur place je constate que l'un des immeubles est en rénovation et l'autre abrite un hôtel de luxe.


Avant la seconde guerre mondiale, Varsovie comptait 350000 juifs, soit 1/3 de sa population. Bien sûr après les nazis et les communistes il en reste beaucoup moins aujourd'hui...
Mon guide du routard propose plusieurs lieux de mémoire évoquant le ghetto.


Nous allons donc visiter l'un d'entre eux: la synagogue Nozyk, qui est bien cachée derrière le bâtiment moderne ci-dessus. Mais c'est écrit en Yeddish, alors pas de doute.
Il y a même une épicerie casher au rez de chaussée.


En guise d'entrée, une porte en fer et un bouton comme dans un immeuble de prison. Je m'imagine que c'est fermé mais un vigile qui traîne me pose la question "Are you from the delegation?"
Apparemment ils attendent un groupe de touristes officiels...
Sur le conseil du vigile, je sonne à la porte et le gardien, derrière sa vitre blindée, me laisse entrer et me vend un ticket (20 zloty - plutôt cher).
Bien sûr on vous fouille le sac, et il ne faut pas oublier de mettre sa kipa, qui est fournie heureusement...


La synagogue n'est pas bien grande (j'en ai une dans mon quartier à Paris qui est deux fois plus grande), mais elle est plus ancienne que le bâtiment de béton qui lui sert d'entrée (ou qui la cache?). Elle fut construite en 1902 grâce à des fonds privés...


On peut d'ailleurs ressortir par l'autre côté de la synagogue qui a gardé sa façade d'origine. Bien sûr elle fut ravagée par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, mais elle resta quand même debout contrairement à pas mal d'autres bâtiments...



Sur les bancs, un fidèle est en pleine prière. Je fais donc attention à ne pas faire trop de bruit...
Mais cela ne va pas durer car arrive la 'délégation': toute une bande de jeunes lycéennes israéliennes qui envahissent les lieux avec ce brouhaha dont seuls les jeunes gens ont le secret...


Je ne me laisse pas distraire et je lis attentivement les explications des panneaux indicatifs.
Voilà le tableau qui indique sur le mur la direction de Jérusalem.
Et à côté la petite lumière qui est constamment allumée.


Me revoilà dehors, à peine un peu plus sec qu'avant, prêt à recevoir une nouvelle saucée de pluie. J'ai repéré sur mon GPS que le métro n'était pas trop loin. Je crois qu'on va en profiter, même si nous n'avons qu'un seul arrêt pour nous retrouver à Nowy Sviat.
Ensuite je décide de prendre une pause dans une pâtisserie pour un cappuccino double expresso et un petit morceau de gâteau aux noix et chocolat... voilà un instant de répis bien mérité!


Le temps passe avant que je ne me décide à affronter la pluie pour me rendre... en fait pas très loin: le musée Chopin, installé dans un ancien palais bourgeois. J'étais déjà passé devant l'autre soir sans savoir que c'était le musée Chopin.
Pour acheter un billet d'entrée, c'est à côté: le caissier fait la gueule, certainement parce qu'il doit travailler un jour férié.


J'ai 4 heures devant moi avant la fermeture du musée, c'est largement le temps. Là aussi le musée est un peu interactif, et on a une carte magnétique qui permet d'activer les bornes.
Ça commence avec le rez de chaussée, où de petites cabines permettent de s'isoler et écouter la musique du maître en la choisissant sur les écrans tactiles.


Le musée est en grande partie dédié à la vie personnelle de l'artiste: né à Varsovie, son père était d'origine française, prof de littérature et avait monté une école pour les jeunes gens de la haute société, école qui avait un certain succès.
Avec ses 2 sœurs aînées, Frédéric fut très tôt introduit à la musique et développa des dons pour le piano. Ses 2 professeurs successifs avaient des méthodes d'enseignement très permissives ce qui lui permit de développer son propre style si particulier.



Il composa ses 3 premières polonaises à l'age de 10 ans, et à 8 ans il jouait déjà (tel Mozart) dans les salons mondains, comme en témoigne cette montre offerte en récompense par une duchesse.
Frédéric était très proche de sa sœur aînée, qui elle aussi était artiste: elle composa un concerto et écrivit plusieurs romans.



Il commença sa carrière à Varsovie mais comprit très vite que s'il voulait se faire connaitre il fallait aller à Paris. Pendant plusieurs années il y vécut dans l'ombre, survivant en donnant des leçons de piano. Ses compositions n'étaient alors connues que par un petit groupe d'amateurs, dont son ami Franz Litzt. Petit à petit, cela mit presque 10 ans avant que le vrai succès et la reconnaissance ne vienne.


Pendant ce temps là, en Pologne, la révolte contre la Russie était réprimée dans le sang, et Chopin enrageait de se trouver si loin de sa patrie. "Je souhaiterais devenir tambour major", écrit-il.
Un escalier mène aux caves du château, avec ses plafonds voûtés, où l'exposition continue.


Tout d'abord il y a une salle avec des tables et des livres interactifs (qui ne marchent pas tous très bien): chaque table correspond à un style de composition: polonaise, valse, nocturne, impromptu...
En tournant les pages en papier, le contenu de la nouvelle page est projeté (sur la page) et on peut écouter dans le casque le morceau choisi.



Je resterais bien des heures à écouter de la musique, mais il faut reprendre le chemin...
dans la salle d'après, un piano également interactif: en posant l'un des 3 livres sur le clavier, une vidéo d'un concert du morceau choisi est projetée à l'écran... La vitesse des doigts sur le clavier est toujours aussi impressionnante...



Derrière de petites vitrines, des extraits de journaux français avec notamment un article écrit par Litzt sur un concerto de Chopin, pour lequel il y aurait eu plusieurs rappels... A l'époque, le mécène de Chopin était monsieur Pleyel, et donc l'artiste se produisait Salle Pleyel.

Le défaut de ce musée: beaucoup de pièces sont des copies et il y a souvent trop peu d'explications sur celles-ci. Et puis les musiques sont présentées sans être mises en perspectives ni expliquées...
Par contre c'est assez ludique et interactif, et j'ai vraiment appris des choses sur Chopin.




Passons au premier étage. A côté de l'escalier il y a un genre de Twister (je parle du jeu de société), sympa mais un peu cassé. Puis on entre dans la salle dédiée aux muses de l'artiste, à commencer par sa sœur aînée qui à la mort de son frère tenta de réunir ses effets personnels pour créer un musée à son nom... qui mit beaucoup de temps à ouvrir.


Il y a aussi son premier amour rencontré à Varsovie, à qui il avait dédié l'un de ses morceaux les plus célèbres. Leurs fiançailles furent rompues avant que Frédéric ne rejoigne Paris.
Et puis bien entendu la plus célèbre de ses muses, Georges Sand, avec qui l'histoire d'amour dura 9 années.
Chopin ayant la santé fragile et nécessitant de composer au calme, la romancière abandonna pour lui ses folies parisiennes pour aller s'installer au calme dans son château de Nohant, avec les enfants de son premier mariage. D'après ce que j'ai entendu dire sur Sand, c'était une sacré femme... au tempérament de feu!



Leur amour résista jusqu'à un voyage en Méditerranée, pendant lequel Frédéric lui reprocha de s'être trop assagi. C'est néanmoins à elle que Chopin pensa sur son lit de mort, quand dans son délire il prononça ces mots: "elle m'avait dit que je mourrais dans ses bras".
La fille de George Sand - à qui il donnait des leçons de piano - fait elle aussi partie de ses muses, même si entre eux il n'y avait qu'une amitié fidèle.




Après Sand, Chopin rentra à Paris où il donna des cours à une riche et jeune écossaise dont il tomba amoureux. Elle l'aida financièrement et l'amena à faire une tournée triomphale en Angleterre.
Elle s'occupa de lui jusqu'à sa mort prématurée à 39 ans. On ne sait pas vraiment de quoi il est mort: de constitution fragile il souffrait de diverses maladies depuis l'adolescence, mais c'est une tuberculose qui l'emporta.


Voici son dernier piano. Le vrai. et qui est bien entendu de marque Pleyel.
Il y a aussi dans cette salle la liste de ses appartements parisiens: cité Bergère, rue de la Chaussée d'Antin... (il changeait souvent d'adresse).



Voilà. Il est 19h20 et je semble bien être le dernier visiteur. Il me reste néanmoins une salle dédiée aux voyages de Chopin (Espagne, Londres, ...) et une autre où l'on peut encore écouter quelques derniers morceaux à travers des écouteurs. Je passe dans ces deux salles à vitesse grand V... je suis un peu fatigué de 'muséïer'!



Dehors? De la pluie encore et toujours... Je prend mon courage à deux mains et je décide d'aller jusqu'au centre ville à pieds, parapluie en main.
Bon bien sûr j'arrive complètement trempé mais... peut être que je vais m'habituer?


En chemin cela ne m’empêche pas de continuer à découvrir la ville. Voici une statue de Copernic: vous le saviez, vous, qu'il était polonais?


La cloche de la vieille place sonne 20h. Je vais chercher un restaurant... C'est vrai qu'il y a à peu près toujours la même chose au menu de ces restaurants touristiques: pierogis, zureck, burgos...
Il n'y a qu'une choses que je n'ai pas encore essayé, c'est le canard confit. Je trouve donc un restaurant pas trop cher sur la place du vieux marché.


Les serveurs sont aux petits soins et pour cause: le service n'est pas compris (j'aime pas ce genre de truc: tu ne sais jamais combien laisser).
Alors... limonade, soupe borscht agrémentés de pierogis, et en plat principal la cuisse de canard confite. J'avoue que c'est pas ce que je préfère le canard confit, je suis plus emballé par le borscht. J'aurais quand même de la place pour un dessert: une coupe glacée aux noix.
Dehors la pluie a diminué d'intensité mais y'en a un peu marre, alors je rentre direct à l'appartement.
Un petite tisane, et ma valise à boucler... Demain je rentre à Paris.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Commentaires

Articles les plus consultés