Nicosie - Jour 3 - Partie 1 - Chez les turcs...

Une fois de plus je me réveille avant que mon alarme ne sonne. Une fois de plus je suis le seul debout et le premier à la douche... Je finis par brancher la musique de mon walkman sur les enceintes de la barre de son de la télé afin de réveiller tout le monde.


On n'est quand même pas si pressés que ça, et après le petit déjeuner, chacun se prépare pour un départ prévu aux alentours de 10 heures.
Cette fois-ci nous longeons directement la rue Ledra en direction du poste frontière qui nous mène à la Turquie.


Maintenant on sait comment ça fonctionne: pas besoin de montrer nos passeports du côté chypriote, ils ont autre chose à faire....


On prend un plan de la ville turque au bureau d'info touristique puis on s’assoit sur le banc afin de tracer sur le plan notre parcours de la journée (issu de mon guide de voyage).
On a plein de trucs à découvrir dans le coin...


Les magasins du bazar viennent à peine d'ouvrir...
Bien avant l'invasion de 1974, ce quartier de la ville était la 'partie turque de la capitale', et le bazar était déjà là. Depuis que la frontière a été réouverte dans les années 2000 au bout de la rue Ledra, les touristes du sud sont maintenant autorisés à venir mais il reste interdit d'y acheter et de ramener des articles dans la partie chypriote.


Alors... notre périple commence sur notre droite où on se dirige vers les murs de brique d'un ancien caravansérail réhabilité, le Büyük Khan.



Une large cour carrée s'ouvre devant nous, avec en son centre un Masjid, un genre de mini mosquée dédiée aux hôtes de l'auberge, et construit au dessus d'une sépulture renfermant le corps de celui qui fit construire l'édifice.



Tout autour des arches les résidences des voyageurs ont été reconverties en boutiques, studios d'artistes ou d'artisans, ce qui rend l'endroit bien agréable. Mon guide parle d'une boutique de marionnettes traditionnelles, mais celle-ci a l'air d'avoir disparu.


Durant notre visite, il y a toute une classe de petits écoliers en sortie scolaire avec leur maîtresse, et ils font une photo souvenir en criant à tue-tête "cheeeese" (ou plutôt c'était un autre mot, mais je ne connais pas le turc). Avec leur dossard fluo, ils sont mignons tout plein!



Le Büyük khan fut construit en 1572 par le premier gouverneur ottoman de Chypre, et était considéré comme un joyau de la ville ( Büyük veut dire 'grand').
Sous les britanniques, il perdit peu à peu de son prestige: transformé en prison pendant 10 ans, ses cellules furent ensuite louées en chambres d'hôtel à bas prix pour les familles les plus pauvres...


Nous sortons du Büyük Khan pour repartir dans le sens opposé, en direction de la mosquée Selimiye dont on aperçoit les minarets d'un peu partout ici... Il suffit de lever la tête.


Pas évident de prendre le fronton de la mosquée en photo, avec les arbres de la cour et le peu de recul possible sur la rue! Tout comme celle de Famagouste, la mosquée est une ancienne cathédrale reconvertie.



Les gardiens de la mosquée, les voici: une flopée de chats errants se prélassent devant les grilles, pour le plus grand bonheur des touristes.



Le style du bâtiment ne laisse aucun doute: il s'agit de l'oeuvre des architectes français des Lusignan: la cathédrale gothique Sainte Sophie terminée en 1326. Elle fait 68 mètre de long et plus de 21 mètre de haut.



On commence à connaitre l'organisation d'une mosquée, car on a tout de suite repéré l'endroit où le fidèle doit effectuer ses ablutions rituelles avant de pénétrer dans le lieu sacré.
Ils ont même mis un mode d'utilisation illustré en photo pour les enfants...



C'est bien ici que pendant trois siècles les membres de la famille Lusignan se faisaient couronner roi de Chypre. En 1570, le 9 septembre, alors que la ville subissait le siège des ottomans, les habitants tentèrent de se réfugier dans la cathédrale. Mais rien n'y fit: quelques jours plus tard, l'église était déjà transformée en mosquée et les musulmans s'y prosternaient en direction de la Mecque.



A nouveau nous pénétrons dans l'édifice en compagnie d'un groupe de touristes allemands - pas les mêmes que l'autre jour.
N'oubliez pas d'enlever vos chaussures...


Cela n'est pas une surprise, à l'intérieur les murs sont peints en blanc et donnent une impression de luminosité et d'espace à l'édifice.
Il y fait aussi bien frais...


Pendant l'office religieux, les femmes sont bien entendu mises à part des hommes, mais là on dirait qu'elles sont carrément parquées et emprisonnées derrière un épais grillage, dans un coin de la mosquée où elles ne gênent pas trop...


Bien entendu on s'amuse à chercher par ci par là quelques détails de l'ancienne décoration chrétienne de l'édifice: un petit bout de fresque dans un coin, les formes des vitraux...


... ou encore sur le portique de l'entrée, ces anges et rois dont on a pris soin de buriner le visage pour leur faire perdre leur visage humain. Dans la religion musulmane, la représentation des hommes est interdite.



Juste à côté de la mosquée, et presque mur contre mur se trouve un autre bâtiment de la même époque, et dans un style toujours gothique: le Bedestan.




Utilisé comme église sous les catholiques puis par les vénitiens, il fut transformé en marché couvert par les ottomans (en ottoman, un bedestan est un bazar) et est maintenant utilisé comme centre culturel.


L'intérieur du Bedestan n'est pas vraiment bien grand, mais on se promet de revenir dans l'après midi pour assister aux représentations des derviches tourneurs.



Pour trouver un véritable marché couvert, il faut aller un peu plus loin dans la même rue: il s'agit du marché Bandabuliya, qui date de 1932 (c'est marqué dessus) et a été rénové récemment grâce à des fonds européens.


A l'intérieur on trouve des marchands de fruits et légumes, des douceurs et du thé, des épices et bien sûr des magasins de souvenirs...
En tout cas il y fait frais, grâce à un système de ventilation via une baie vitrée au plafond que l'on peut ouvrir pour aérer un peu...


La grande halle fait plus de 4500 m². Avant l'invasion turque c'était le plus grand marché de la ville, où chrétiens et musulmans se retrouvaient. Il fut alors abandonné car trop proche de la ligne de démarcation, avant d'être réhabilité en 2012.


Dans les étals de la boutique de souvenirs, de petits chatons jouent sous la surveillance de leur maman...


Il y a un café au fond du marché et on en profite pour s'asseoir un instant et boire un café frappé avant de repartir: chocolat ou caramel? Ou alors un thé glacé?
Le serveur, qui discute avec les clients d'à côté, met un moment avant de nous servir et de nous encaisser, et apparemment on a raté la séance de midi des derviches tourneurs.
Tant pis il y en a d'autres après!


On termine notre tour du marché sans vraiment avoir envie d'acheter quoi que ce soit, même si les loukoums ont l'air bien alléchants...
Il est temps pour nous de trouver un restaurant pour déjeuner: il y en a un conseillé par mon guide, et il a l'air pas mal du tout.

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