Zagreb - Jour 2 - Partie 4 - Des fantômes dans la nuit

En cette fin d'après-midi nous n'avons plus grand choses à faire alors nous allons nous détendre un peu, pas exemple en allant boire un rafraîchissant café frappé au Caffe de Paris (j'aurais plutôt écrit ça 'café de Paris', mais bon). 
Et à la télé, bien sûr... un match de foot!


Le temps passe, et l'heure du diner approche peu à peu...
Quel restaurant allons nous choisir? Il y en a un pas mal dans mon guide qui a l'avantage d'être juste à côté de notre visite guidée de ce soir (car oui on en a encore une de prévue).
Il a un nom sympa: le Stari Fijaker 900.


Finalement le restaurant est assez classe: salles voutées, nappes blanches et vaisselle ancienne... 
Et la nourriture aussi sera bonne: je prends un délicieux goulash et en dessert une crêpe aux noix avec une crème au gout de champagne...
A la table à côté de nous il y a un couple de japonais avec un gamin tout mignon qui boit du lait. Ses parents lui ont acheté la tenue complète du petit footballeur croate!


C'est vrai que c'est ce soir le premier match de l'équipe nationale, et d'ailleurs nous ne serons pas nombreux pour la visite guidée nocturne: nous 3 plus 3 jeunes filles.
Le rendez-vous est devant la statue à 21h. C'est 150 kuna par personne, à payer à la jeune fille qui vient nous accueillir.


Mais ce ne sera pas elle notre guide: un bonhomme étrange, caché sous une cape, vient à notre rencontre. Il est muni d'un parchemin et nous fait signe de le suivre...


Nous nous arrêtons devant le petit escalier qui grimpe vers Gradec. Distribution de lanternes: une pour chacun. Notre mystérieux ami commence par nous lire son parchemin: nous sommes invités pour un voyage dans le temps dans les rues de la vieille ville.
En haut des marches, la célèbre écrivain croate Marija Juric Zagorka , revenue du passé, nous attend pour nous faire découvrir les héros de ses livres et les grands personnages de l'histoire du pays...


La montée des escaliers ne sera pourtant pas de tout repos: des sorcières tentent de nous effrayer par leurs rires machiavéliques et un poivrot cherche à nous extorquer quelques pièces. D'ailleurs il s'agrippe à moi et j'ai du mal à m'en débarrasser...
Mais voici notre hôte en haut des escaliers. Marija nous souhaite la bienvenue et nous guide d'abord jusque dans le petit parc tout contre la tour Lotrscak où le (vrai) clochard résident des lieux semble tout étonné de nous voir arrivés.


Une histoire raconte qu'il y avait ici une source magique où une jeune fille était venue puiser de l'eau. Un jeune roi qui passait par là lui demanda alors à boire. "Zagreb", ça veut dire "donner l'eau" en vieux croate.
L'eau magique rendit alors le roi amoureux de la jeune fille et celui-ci décida de l'épouser et de bâtir une ville à cet endroit. Mais le frère du roi, jaloux, finit par tuer celui-ci et depuis le fantôme de sa veuve apparait chaque nuit en haut de la tour en train d'appeler l'âme de son époux défunt.
D'ailleurs ne serait-ce pas elle cette lueur que l'on aperçoit là haut?


Nous continuons notre chemin dans les rues de la ville haute. Mais... ne serait-ce pas encore ce poivrot de malheur qui a tenté de nous soutirer de l'argent tout à l'heure?
Il est lui aussi l'un des personnages des romans de notre hôte et il frappe désespérément à la porte d'une maison. 


C'est là qu'habite l'élue de son cœur, Marisca, qui refuse ses faveurs depuis si longtemps...
L'un de nous ne pourrait-il pas l'aider en appelant la demoiselle? Frédéric par exemple? 
"Marisca! Marisca!"
Elle n'ouvre toujours pas...



Laissons là ce pauvre poivrot et continuons notre chemin...
Au coin d'une rue, nous tombons sur l'un des allumeurs de réverbère qui -encore de nos jours- parcourent Gradec la nuit venue pour en allumer les lumières. On dit que quand il approche l'oreille de la lampe il entend la flamme vacillante lui réciter un poème qu'il va d'ailleurs partager avec nous.
Débarque alors le veilleur de nuit, chargé de repérer les intrus qui se baladent dans Gradec après le couvre-feu. d'ailleurs ne serions-nous pas des voleurs? Ou pire: des sorciers? Des incendiaires?


Rue Cyrille et Méthode un étrange bonhomme couronné nous attend juché sur une caisse: ce serait le roi hongrois Bella, qui proclama Zagreb ville royale libre. A moins que... ne serait-ce pas plutôt notre ami le poivrot qui nous fait une farce?


Dans la ruelle d'à côté on entend de la musique: un violoniste joue une valse pour un couple d'amoureux. Ce sont des personnages d'un des romans de notre guide: le jeune homme voue un amour secret pour une jeune fille qui le déteste. Il lui écrit alors des lettres d'amour anonymes, et elle finit bien vite par tomber amoureuse de cet inconnu. Mais par un concours de circonstances voilà qu'elle se trouve accusée d'être une sorcière et doit s'enfuir de la ville...


C'est qu'à cette époque on ne badinait pas avec la sorcellerie, et nous sommes d'ailleurs abordés par de drôles de vieilles dames à l'angle de la rue suivante. Voilà que de véritables sorcières nous proposent leurs services. Monsieur Frédéric voulez-vous devenir riche? Et vous monsieur Pierre-André voulez-vous rencontrer l'âme sœur? Voici quelques haricots magiques... Quoi? Vous n'avez pas d'argent pour payer? Allez-vous en! 
Sacrés sorcières... mais surtout sacrés femmes d'affaire.


Revoilà la jeune fille tantôt accusée de sorcellerie trainée de force par ses accusateurs. Où l'emmènent-ils? Visiblement vers la place Saint Marc où un bûcher les attend...


Malgré ses supplications, ses bourreaux la ligotent au bucher et allument le feu. Tout est perdu...


Mais tout à coup un cheval surgit de nulle part avec sur son dos le diable en personne. Le voilà qui bondit dans les flammes et emporte la prisonnière!
Bien entendu il s'agissait du jeune homme amoureux qui a trouvé ce subterfuge pour libérer l'élue de son cœur.


Passons à autre chose: nous sommes juste à côté de la porte de Pierre et notre hôte veut bien entendu évoquer avec nous le tableau miraculeux de la vierge qui s'y trouve, sauvé du grand incendie que nous voyons ici reconstitué. 
Nous nous approchons. Quelques fidèles sont en pleine prière et notre guide nous propose à nous aussi de déposer un cierge.



En revenant sur nos pas nous croisons un jeune homme avec une guitare. C'est le célèbre troubadour du coin, connu pour ses nombreuses apparitions dans les œuvres de notre hôte. Il ne se fait pas prier pour nous déclamer un poème: "Nous allons où nous allons, nous sommes qui nous sommes..."


Il se propose de nous accompagner place Saint Marc où une troupe de théâtre (en fait tous les acteurs que nous avons rencontrés au cours de notre balade) va nous jouer une petite pièce.


On y parle de la fameuse révolte paysanne matée dans le sang. Le chef de la révolte fut supplicié sur cette place, une couronne chauffée au fer rouge sur la tête...


C'est le moment de nous quitter et de mettre fin à notre visite, et tout cela en chansons. Toute la petite troupe chante à l'unisson un air bohème, qui semble également être connu par l'une des spectatrices qui est croate.


Mais en fait ce n'est pas tout à fait fini: avant de se quitter toute la troupe nous accompagne en chanson vers un petit bar du quartier qui se trouve pas loin d'ici, afin de partager un dernier verre d'eau de vie (qui arrache bien sa race) et un bon petit beignet.
Et puis un dernier cadeau: un petit cœur rouge pendu au bout d'un fil, l'un des emblèmes de la ville de Zagreb...
C'était vraiment sympa comme visite, vous ne trouvez pas?
On a passé un excellent moment...


Nous pourrions nous asseoir dans le café pour regarder la fin du match mais on préfère abandonner nos hôtes et redescendre sur la grand place pour voir si l'ambiance bat son plein.
Et sur le chemin, les rues sont totalement vides... tout le monde est devant sa télé!


En effet sur la place du Ban, nous ne sommes pas déçus... Le foot c'est une religion ici!


Alors que le match est diffusé sur grand écran, la place est pleine à craquer...


Drapeaux, maillot, écharpe, maquillage, chapeaux... les accessoires et vêtements aux couleurs de la Croatie fleurissent autour de nous. Tout est bon pour soutenir son équipe.


Nous arrivons en fin de match et étant donné l'ambiance générale, c'est la Croatie qui gagne!
Tout le monde chante à tue tête la chanson qui supporte l'équipe pour le mondial, ça danse et ça crie de joie... On dirait presque qu'ils ont gagné la finale... sauf que c'est quand même leur premier match du championnat!


Le match terminé, chacun part de son côté et nous aussi nous allons nous rentrer...


Dans la rue de notre appartement aussi il y a une certaine ambiance, et certains supporters sont bien partis pour passer la nuit ici. Ça va même chanter dehors jusqu'à 2 à 3 heure du matin! Comment voulez-vous dormir dans ces conditions? Il suffit d'être crevés comme nous le sommes tous trois.
Mais la nuit sera quand même difficile, en partie parce qu'on a arrêté la clim'.

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