La Valette - Jour 2 - Partie 1 - Aux armes!

 Cette journée commence plutôt bien: une bonne nuit de sommeil et le rhume de Frédéric s'est amoindri. Pour le passage en salle de bain, pas de perte de temps tout le monde est prêt à l'heure. Quand au petit déjeuner j'entame ces genres de biscuits traditionnels à la figue et au réglisse achetés la veille, et aussi ceux avec des graines d'anis...


Nous voici partis à 8h45 et les rues de la ville sont encore vides de touristes.
Tant mieux pour nous: nous serons bien tranquilles pour visiter le palais des grand maîtres vers lequel nous nous dirigeons maintenant.


Mais au passage, on en profite pour regarder la ville...
Le Toy museum se trouve dans mon guide: 3 étages regroupant tout un tas de jouets du 20ème siècle: poupées, jouets mécaniques en métal, avions, bateaux, peluches...

 

La place saint Georges a l'air toute vide. D'un côté il y a le palais des grands maîtres et de l'autre la garde principale que voici, où résidait la garde personnelle du grand maître, puis la garde du gouverneur quand l'île passa sous protectorat britannique. C'est ce qui explique que le blason figurant au dessus du portique soit celui du roi George VIII...


A chaque coin de la maison des gardes il y a deux vieilles fontaines avec un jet particulier: l'eau jaillit de la bouche d'un aigle...


Tout a l'air bien calme ici... On entend juste l'eau couler...


L'entrée du Palais des grands maîtres se fait par la droite, par la cour du prince Albert (le fils de la reine Victoria) et, comme prévu, nous sommes les premiers à prendre un ticket à l'entrée...




"Dieu et mon droit": Le palais des grands maître a lui aussi gardé le sceau de la couronne britannique dont cette phrase est la devise.
Construit en 1572 dans un style Renaissance, il fut remanié à la manière baroque au 18ème siècle et continua, après les britanniques, à demeurer le siège du pouvoir à Malte: jusqu'en 2014 il sera le siège du parlement et aujourd'hui encore il reste la résidence officielle du président de la république.


Le lion de pierre, emblème de Malte, nous regarde d'un œil bizarre... pressons le pas si nous ne voulons pas lui servir de déjeuner.



Il y a plusieurs choses à visiter dans le palais. Nous allons commencer par la grande armurerie.
On nous propose de louer un audioguide qui sera bienvenu pour nous expliquer toutes les particularités des armes et armures accumulées au cours des siècle par les chevaliers.


La collection est impressionnante. Au fil des vitrines, on découvre les différentes modes et des nouveautés technologiques venant des différents pays et époques...


Les casques par exemple ont peu à peu évolué pour devenir de plus en plus léger et s'adapter à chaque type de combat: cavalier, fantassin, etc...



Le trou au centre de ce bouclier servait à faire passer le canon d'un pistolet... malin.


A la mort d'un chevalier, ses armures et ses armes devenaient la propriété de l'ordre. C'est ce qui explique que cette collection possède aujourd'hui plus de 5800 pièces...



Si certains casques étaient très lourds (10 kg pour certains), ils permettaient d'arrêter les balles, ce que ne faisaient pas forcément les casques plus légers, de 2.5kg par exemple.
 


Regardez cette énorme armure de plus de 2 mètres. On ignore si elle a été faite pour habiller un chevalier existant ou si c'est juste pour que les artisans puissent montrer leur savoir-faire.


Le musée doit beaucoup plaire aux enfants. D'ailleurs ils ont installé des mannequins au centre de la salle...


Il parait qu'il y aurait des fantômes dans le palais... 
A moins que la nuit venue, les mannequins ne prennent vie? Comme dans la nuit au musée? Qui sait...


La forme des casques permet de déterminer de quel pays venaient les soldats qui le portaient. Par exemple ces casques avec des crêtes étaient la spécificité des guerriers italiens, car c'était la mode dans leur pays...



Certains ont vraiment une drôle de tête... C3PO c'est toi? Non c'est le casque traditionnel des savoyards...


Il y a bien entendu un panneau explicatif qui décrit le grand siège de Malte de 1565, haut fait d'arme des chevaliers et élément fondateur de La Valette et de leur installation sur l'île durant plus de 200 ans.
Le siège dura 5 mois: 40000 envahisseurs turcs tentèrent de s'emparer de la Valette sans succès... les chevaliers étaient seulement 18000.


Jean Parisot de La Valette

L'ordre de Saint Jean fut fondé pour accueillir et aider les pèlerins arrivant en terre sainte. Peu à peu ils se militarisèrent afin de défendre les lieux saints jusqu'à ce qu'ils soient définitivement chassés de Jérusalem.
Après diverses tentatives de s'implanter en d'autres lieux en Méditerranée, le roi Charles Quint leur offrit l'île de Malte en 1530. 
Leur habilité à résister au fameux siège quelques années plus tard leur conféra le prestige d'être les derniers remparts de la chrétienté contre la puissance ottomane. 


Certaines armures - destinées au personnes importantes - sont délicatement décorées d'un motif personnalisé, à la demande du chevalier.


C'était la spécialité des artisans italiens qui avaient certainement de bons clients parmi les chevaliers de l'ordre de Malte.


Celui-ci a fait représenter une croix de Malte en pendentif, placée juste au dessus du cœur...


Les impacts de balle que l'on voit sur ce plastron armure n'ont pas été faits durant la bataille mais lors de la vente, afin de démontrer la solidité de celle-ci.


Au fil du temps les armures sont devenues de plus en plus légères, les larges morceaux de métal étant remplacés par un assemblage de plaques, plus pratique pour se mouvoir...


Cette armure-ci, c'est celle du grand Maître Alof de Wignacourt. Fabriquée à Milan, c'est sans compter la plus belle de toute: entièrement gravée d'or...
Bien entendu, pas question d'amener cette armure au combat: c'est une armure d'apparat. 



Il y a également une vitrine dédiée aux armes et armures de l'armée turque, éléments récupérés sur les soldats fait prisonniers.


C'est maintenant le moment de passer à la deuxième grande salle de l'armurerie, partie dédiée aux armes.


A commencer par la collection d'arquebuses, très utilisées jusqu'à ce que les armes à feu deviennent plus maniables et plus précises (ce qui n'était pas vraiment le cas au début).


Il y a toute une longue rangée d'armes d'hast, avec multiples variétés d'embouts, dont certains vraiment inconnus au bataillon...
Entre armes d'estoque et de taille, on peut distinguer celles qui s'inspirent des outils agricoles (herse, fourche...), mais aussi le scorpion italien, la pique (utilisée sur les bateaux), l'anicroche, la pertuisane, etc...
Au fil du temps ces types d'arme ont été peu à peu abandonnés sur les champs de bataille mais sont restés comme emblèmes ou armes d'apparat.


S'ensuit une énorme collection d'épées de toutes sortes dont seuls les spécialistes pourraient dire la différence entre tel ou tel style de lame. 
Les artisans allemands étaient réputés pour leurs forges et produisaient des lames solides qui étaient par la suite montées sur une poignée plus ou moins ouvragée...


Les armes à feu sont également nombreuses dans la collection. Par exemple il y a plusieurs mousquetons, que l'on peut charger par le bout du fusil ou par le fut.



Le système de silex était très important dans le mécanisme d'une arme car c'est lui qui allumait le feu. De simple silex compressé comme ici il a fallu le faire évoluer pour le rendre plus pratique et plus fiable...


Il y a aussi toute une collection de blagues à poudre décorées en ivoire. De vrais œuvres d'art...


Voici des pièces très rares: ce sont des réceptacles permettant d'entreposer et de porter sur soi les balles des pistolets.



C'est vraiment une sacrée collection d'armes, avec quelques curiosités comme ce fusil dont la crosse est pliable pour pouvoir le mettre dans le coffre d'un chariot.



Ou bien (encore plus étonnant), ce fusil à air comprimé.



Il me reste encore à détailler la collection de canons mais je me fais rappeler à l'ordre par Frédéric: il nous reste peu de temps et nous devons encore visiter le reste du palais (il est déjà 11h).


Je passe donc en vitesse les gros canons en revue, notamment le plus gros repêché dans le port de Marsaxlok dans les années 80. Je note aussi le lance roquette au passage...


Nous sommes donc prêts à passer à la suite de la visite du palais en montant vers les salons du grand maître, accompagnés d'un nouvel audioguide...


Cela commence par un très beau couloir dont les fresques (qui narrent la vie de Saint Jean) sont en réfection. Néanmoins les trompe-l'œil du plafond attirent tout de suite le regard de mon objectif.



Les portraits des grands maîtres de l'ordre sont accrochés aux murs et au sol ces marqueteries de marbre représentent les armoiries des chevaliers. La dernière d'entre elles représente l'emblème de la république de Malte: un  canot, une plante et le soleil couchant...



A gauche se trouve la précieuse salle du conseil dans laquelle malheureusement les photos ne sont pas autorisées. C'est là que jadis siégeait le conseil des chevaliers, avec au milieu le trône du grand maître. 




De nos jours la salle est encore utilisée pour de grandes réceptions, surtout à cause de ses 10 superbes tapisseries représentant tout un tas d'animaux exotiques (provenant pour la plupart du Brésil): iguane, homard, lamas, éléphant, tapir... C'est bien sûr un cadeau offert par la France et tissé à la manufacture des Gobelins. 
La salle n'est pratiquement pas éclairée, certainement pour protéger les tapisseries de la lumière et c'est bien dommage car elles ont l'air superbes.



Avant, ce couloir bordé d'armures en faction menait à l'armurerie qui a depuis été déplacée au rez de chaussée, dans les anciennes écuries (et que nous avons visités).


Les deux salles suivantes sont des salles de réception pour les invités de marque. La première avec une frise détaillant l'histoire de Malte et de jolis vases chinois...



Cette partie du palais est encore utilisée car le palais est devenu le siège du président de la république. D'ailleurs la dernière salle visitée sert d'habitude à recevoir les ambassadeurs. Sur l'un des murs, un tableau représente Louis XVI. Bin qu'est ce qu'il fait là lui?



Normalement 2 autres salles sont accessibles d'après mon guide mais il semblerait qu'elles aient été transformées en salles d'exposition, avec des dessins de Picasso et des peintures de Joan Miro...
Sympa Miro... je connais peu d'œuvres de cet artiste...


C'est la fin de notre visite et on se paye même le luxe d'être en avance sur notre planning.
A notre sortie, on remarque l'attroupement de touristes retraités qui s'agglutinent à l'entrée... Ouf on a échappé à la foule!


Un dernier coup d'œil sur la cour du Prince Albert: en haut il y a les cloches de l'horloge qui sont sonnées tous les midis par des automates représentant des soldats turcs, condamnés aux travaux à perpétuité jusqu'à la fin des temps...


La rue de la république a changé de visage: ils sont arrivés les touristes!
Quand à nous, nous allons nous diriger vers la gare des bus: c'est décidé on quitte la ville... trop de monde!

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